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lundi 8 avril 2024

une-histoire-de-mesure.html 2

 https://restaurationlivreatroo.blogspot.com/2022/03/une-histoire-de-mesure.html

Une reprise de cet article ...quelques éléments nouveaux ...

De quoi parle ce livre?

Un livre de jurisprudence italienne à la cour de Milan.

Précisément de ça:

 22 mai 1461 Francesco Accolti
https://books.openedition.org/pufr/7818?lang
 

Conseils et conseillers à Milan sous les Sforza (1450-1499)

Pierre Savy


Si, malgré les carences de la documentation1, une bibliographie abondante et ancienne existe sur les conseillers des ducs de Milan et surtout sur leurs Conseils, c’est pour plusieurs raisons : l’une d’elles est le grand prestige dont jouissait, y compris dans les sphères les plus élevées de l’aristocratie, le principal de ces Conseils, le Conseil secret (Consiglio Segreto), magistrature suprême du duché de Milan, censée même remplacer le duc en son absence2. On peut trouver une autre raison à cette fortune historiographique dans l’apparence d’une continuité, saisissante et en bonne part trompeuse, entre tous ces corps désignés comme des « Conseils » – Conseils de l’âge communal, Conseils municipaux à toute époque, Conseils ducaux, Conseils du temps des « dominations étrangères ». Enfin et surtout, il faut dire le rôle politique majeur que joua cette institution dans l’histoire politique du duché des Sforza. D’ailleurs, ne fallait-il pas que le Conseil secret eût quelque importance pour que son rétablissement, après le tumulte de la République ambrosienne (1447-1450), fût pratiquement la première chose dont se soucia le nouveau duc, Francesco Sforza (fig. 1)3 ?

  • 4 Ce point est bien précisé par G.P. Lubkin, A Renaissance Court. Milan Under Galeazzo Maria Sforza, (...)

2C’est à partir de cette date de 1450 et jusqu’à la fin, provisoire, de la domination des Sforza (1499) que l’on étudiera ici les deux principaux Conseils – Conseil secret et Conseil de justice (Consiglio di Giustizia) – et les conseillers dans le duché de Milan. Ils appartiennent au groupe restreint de ceux qui, tout en haut du système politique du duché, aux côtés (et au-dessous) du duc, participent à la prise de décision : un groupe où l’on trouve aussi les maîtres des entrées (ordinaires et extraordinaires), les officiers de la Cour, les commissaires et les podestats des grandes villes du dominio4.

  • 5 Les proches du pouvoir et les grands peuvent donner des conseils au prince sans être nécessairement (...)
  • 6 Voir par exemple R. Bellosta, « Le “squadre” in Consiglio : assemblee cittadine ed élite di governo (...)

3Ce qui nous retiendra n’est ni le conseil informel5, ni les Conseils urbains (Conseil milanais ou Conseils « périphériques » qui continuent d’exister dans d’autres villes du duché)6, mais bien, dans une perspective d’histoire politique et sociale, les Conseils ducaux, et les conseillers qui leur appartiennent et sont reconnus comme tels : comment caractériser institutionnellement ces Conseils, quelle était la façon de gouverner et de faire de la politique aux Conseils ou avec les Conseils, et quelle était la composition sociale de cette partie des élites politiques ?

Fig. 1 > Bonifacio Bembo, portrait de Francesco Sforza, vers 1460. [Pinacoteca di Brera, Milan]

LA QUESTION DES ORIGINES

  • 7 Cette attention à l’origine, au reste légitime, n’est pas propre aux historiens de Milan ; voir par (...)
  • 8 Ainsi E. Lazzeroni, « Il Consiglio Segreto o Senato sforzesco », Atti e memorie del III Congresso s (...)

4Quand on considère la période des Sforza, l’institutionnalisation des Conseils est un phénomène qui a déjà eu lieu – ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de conseil (l’activité de conseiller, consigliare) hors du Conseil comme institution et hors du statut (le statut de conseiller, consigliere), mais simplement que l’existence institutionnelle est désormais une question réglée. Ce n’est pas rien, quand on sait quelle place cette question des origines, idole qu’adorent volontiers les historiens, occupe dans la bibliographie7. La réflexion sur les origines des Conseils a pu embrouiller le regard des historiens, surtout quand elle a conduit à un usage diffus d’une métaphore biologique pour parler de la « naissance », des « phases embryonales » ou de la « vie » de ces institutions8.

  • 9 L’origine est liée à la question du vocabulaire : on trouve un usage générique de Senato, senatore,(...)
  • 10 L’état de la question et son tour assez idéologique ont été déjà bien analysés par U. Petronio, Il (...)
  • 11 C’est particulièrement marqué chez C.A. Vianello, op. cit., qui ne voit dans le Sénat de Louis XII (...)
  • 12 P. Del Giudice, op. cit., rappelle p. 319 que Pietro Azario lui-même (fin XIVe siècle), dans sa chr (...)
  • 13 D.M. Bueno de Mesquita, « The Privy Council in the Government of the Dukes of Milan », dans Florenc (...)
  • 14 Ibid. Quant au lieu de réunion, voir P.C. Decembrio, Vita Philippi Mariae III Ligurum ducis, dans P (...)

5Que désigne ce débat sur les origines de nos Conseils que l’on trouve bien constitués et attestés à l’orée de notre période, en 1450 ? La question porte sur deux articulations : entre la fin de l’époque communale et le début de l’époque seigneuriale, premièrement, soit la question de l’apparition des Conseils (avec des réflexions sur l’occurrence des mots et leur usage, en un sens imagé ou non9). Et, deuxièmement, entre la fin de l’époque des Sforza et le début des « dominations étrangères », comme dit une historiographie patriotique souvent mal inspirée10. La réponse apportée par les historiens est du reste bien idéologique : le nationalisme de certains les fait se détourner de toute idée de continuité, entre Conseils ducaux et Sénat français en particulier11. D’autres au contraire défendent l’idée d’une filiation avec les Conseils antérieurs, apparus sous la seigneurie de Gian Galeazzo Visconti (1395-1402), le premier duc (et sans doute y avait-il avant même Gian Galeazzo des Conseils moins formels et mal connus12). C’est très explicite dans une lettre de 139513, dans son testament (1397), dans le décret de Cusago du 17 novembre 1398 où sont mentionnés conjointement les deux Conseils, « notre Conseil secret et notre Conseil de justice » (consilium nostrum secretum et consilium nostrum iustitiae), ou encore dans des documents donnés par le duc en 1401 : l’idée d’une continuité nous paraît difficilement réfutable. Gian Galeazzo innova en dédoublant le Conseil en Conseil secret et Conseil de justice ; offices et attributions furent alors mieux déterminés. Des choses purent certes évoluer par la suite – ainsi, de Pavie, les Conseils se déplacèrent à Milan, sans doute sous le principat de Filippo Maria (1412-1447)14 – mais il paraît acquis que l’essentiel, soit l’apparition des Conseils, avait eu lieu. Ainsi, graduellement, dans la crise de la commune et plus tard, le Conseil privé du seigneur s’est défini, au sein des organes de la cour ducale. Le conseiller n’est pas le Conseil, et l’institutionnalisation n’est pas immédiate, mais il paraît clair qu’il y a une continuité.

  • 15 P. Del Giudice, op. cit.
  • 16 E. Lazzeroni, op. cit. semble pourtant croire à une continuité entre l’ancien Grand Conseil de tous (...)
  • 17 Voir V. Crescenzi, Esse de maiori consilio. Legittimità civile e legittimazione politica nella repu (...)
  • 18 Voir J. Quillet, « Community. I. Community, Counsel and Representation », dans J.H. Burns, The Camb (...)

6Les mots sont trompeurs : ces Conseils ducaux ne sauraient être confondus avec une réalité fondamentale dans les institutions politiques de l’Italie médiévale, le Conseil communal. Car il reste, à Milan et dans les villes du duché, un Consiglio generale. L’usage d’une réunion du peuple sur la place, en assemblée, est très ancien ; à Milan, il a été institutionnalisé à l’époque du gouvernement consulaire, et il est alors désigné comme Consilium generale, mais il cède sa place au Consiglio di credenza qui, sous le régime du podestat, se dédouble en Consiglio minore et Consiglio maggiore15. Encore au XVe siècle, Milan comme commune n’ignore pas cette institution : on appelle « Conseil des Neuf cents » (150 conseillers pour chacune des six portes de la ville) l’héritier de la Credenza du XIIe siècle. Son importance politique a diminué depuis l’instauration de la seigneurie, sans bien sûr qu’on le supprimât – ces sociétés anciennes empilent plutôt qu’elles ne biffent. Mais un Conseil communal n’est pas un Conseil au sens où nous l’entendons ici16. Nos deux Conseils ne constituent pas un « Grand Conseil », ils ne sont pas les deux faces de quelque Maggior Consiglio de type communal ou vénitien17. Ni vraiment féodaux, ni communaux, les Conseils ducaux sont, pour le dire dans les termes du royaume de France, une forme intermédiaire ou plutôt mêlée entre Parlement et Conseil du roi18, comme peut le montrer l’étude de leurs attributions.

LES DEUX CONSEILS ET LEURS ATTRIBUTIONS

  • 19 Voir N. Covini, « La balanza drita ». Pratiche di governo, leggi e ordinamenti nel ducato sforzesco (...)
  • 20 C.A. Vianello, op. cit., a bien noté l’imprécision des attributions, déterminées di volta in volta (...)
  • 21 Voir ainsi la longue énumération des fonctions dans A.L. Crespi, op. cit., p. 25-28.

7Dès le dédoublement du Conseil par Gian Galeazzo, le Conseil secret est explicitement plus puissant que le Conseil de justice – ce dont ce dernier se plaindra19. Les attributions des Conseils, du Conseil secret en particulier, sont multiples ; dire qu’il incombe à ce Conseil de traiter des affaires que lui soumet le prince, c’est donner de ses attributions une définition qui peut paraître circulaire, mais c’est sans doute l’une des meilleures qui soient20. Car, rien n’exposant clairement ces attributions, il n’est pas facile de les définir ; on les déduit des actes illustrant leur fonctionnement, on est renseigné de manière empirique par les documents divers exposant le fonctionnement des Conseils, mais on n’a guère d’acte ducal exposant leurs compétences. Une approche trop formaliste des questions de l’origine et des attributions des Conseils a pu causer des erreurs21 : on sait aujourd’hui combien l’État de la Renaissance s’accommodait d’une souplesse dans les institutions et d’une dimension encore fort personnelle du système politique entendu au sens large.

  • 22 ASMi, RM, 10, f° 165v°, de Gambara, le 6 décembre 1452 : Francesco Sforza écrit au Conseil de justi (...)

8Doté de sa propre chancellerie, formé de grands juristes, en nombre plus réduit (il compte de trois à cinq conseillers) et plus stable que les conseillers secrets (ce qui n’empêche pas une rotation des conseillers : on en compte une grosse soixantaine pour la période 1450-1500), le Conseil de justice connaît toutes les causes civiles. Entendre des « suppliques » (soit : prendre connaissance de plaintes portées devant le duc par les sujets les plus divers, et, quand tel est le bon plaisir du prince, y répondre, accéder à la supplique), mettre fin à des différends entre tel et tel (les innombrables cause vertenti et vertentie dont regorge la documentation produite par cette société « violente »), voilà l’essentiel de ce dont il s’occupe. Ces mille et un conflits et procès, grands ou petits, opposent des nobles, des débiteurs, des gens modestes, des communautés, des personnes morales (ecclésiastiques), etc., parfois au sommet de la société22, parfois bien plus bas. Toutes ces missions confiées par le duc peuvent aussi, notons-le, échoir au Conseil secret. Du reste, le Conseil de justice fonctionne souvent comme une antichambre du Conseil secret : il n’est pas rare que, après quelques années au Conseil de justice, on entre au Conseil secret.

Fig. 2 > Maître des Heures Birago, Galeazzo Maria Sforza, entouré de sa cour, recevant le livre des mains de l’auteur, Girolamo Mangiaria. Le personnage qui tient une lettre dans ses mains, à droite du duc, est sans doute Cicco Simonetta (voir pour s’en convaincre la figure 6). [Bibliothèque nationale de France, Latin 4586, f. 1 (Girolamo Mangiaria, Opusculum de impedimentis matrimonii, ratione consanguinitatis et affinitatis habita)]

  • 23 On voit ainsi dans ASMi, RM, 8, f° 90r-90v°, de Lodi, le 19 janvier 1452, Francesco Sforza demander (...)
  • 24 Voir Stilus Cancellariae…, op. cit., p. XLIV : L’incombenza principale del Consiglio Segreto sta ne (...)
  • 25 Carteggio degli oratori mantovani alla Corte sforzesca (1450-1500), F. Leverotti (dir.), 10, 1475-1 (...)
  • 26 Il est question dans ASMi, RM, 12, f° 40v°, de Milan, le 18 février 1452, d’un long débat au Consei (...)
  • 27 Voir ASMi, RM, 2, en décembre 1450-janvier 1451 : on redoute alors la peste. De Lodi, le 21 décembr (...)
  • 28 Dans ASMi, RM, 5, f° 39r-40v, de Crémone, le 17 juillet 1451, on voit le duc faire part au Conseil (...)

9Ce dernier a, lui, deux fonctions : une fonction de tribunal et une fonction politique. Il est d’abord une cour d’appel en matières civile et pénale, dotée d’une ample juridiction, surtout pour les faits qui entraînent un trouble à l’ordre public ou une menace à la sécurité de l’État ; ses sentences sont sans appel, mais le duc dispose du droit de grâce et de celui de casser une décision du Conseil secret ou du moins de demander sans ambages qu’elle soit révisée23. Mais le Conseil secret est aussi un organe politique à compétence variable, en fonction du désir du duc24, en matière de sécurité de l’État. Il se réunit en cas de crise majeure (un ambassadeur de Mantoue écrit ainsi que, aussitôt après l’assassinat du duc Galeazzo Maria Sforza dans l’église Saint-Étienne de Milan, le 26 décembre 1476, « le Conseil s’est retiré pour siéger ensemble25 »). Le Conseil a la charge du contrôle de l’administration et des offices ; il contrôle aussi la diplomatie – c’est lui qui, en plus du duc, reçoit les ambassadeurs (ceux qu’envoient les villes du duché, jalouses de leur autonomie et donc d’une pratique diplomatique propre, et ceux qu’envoient les puissances italiennes et européennes). Sont donc de sa compétence des choses fort diverses, dont la liste n’est pas raisonnée : on trouve des domaines attendus, comme ce qui a trait à la monnaie26, mais aussi des questions de santé publique27, ou bien le contrôle des violences qui secouent la société du temps28, sans oublier des domaines plus restreints qui relèvent de la compétence du Conseil, comme ce qui concerne l’université de Pavie. (fig. 2)

Fig. 3 > Le Castello Sforzesco (château des Sforza) à Milan vu du ciel. La Rocchetta, noyau originel du château, est l’ensemble situé autour de la petite cour carrée (sur la photographie, dans le coin supérieur gauche du château).

  • 29 Publié dans P. Del Giudice, op. cit., p. 395-397.

10On dispose pour mieux comprendre la signification politique du Conseil secret d’un précieux règlement interne établi par le duc Galeazzo Maria le 23 mars 147029. Ce règlement impose à tous les conseillers de participer aux séances, sauf motif d’absence légitime ; il stipule que les choses regardant le duc et la chambre ducale ont la préséance dans l’ordre des affaires ; que les problèmes fiscaux doivent être portés devant les maîtres des entrées, et les simples questions de justice (les supplicationes de mera iustitia) devant le Conseil de justice ou les magistrats ordinaires, mais que, quand de telles questions seraient tout de même portées devant le Conseil secret, la sentence serait rendue par ceux des membres présents qui ont la qualité de juristes (fig. 3, 4 et 5).

  • 30 Voir D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 140, et le passage « 2. La sede del Consiglio Segreto » d (...)
  • 31 ASMi, RM, 5.
  • 32 Voir la lettre ducale au régulateur et aux maîtres des entrées ducales (ASMi, RM, 15, f° 71v°, de M (...)
  • 33 Comme le souligne N. Covini, op. cit., p. 40.
  • 34 Dûment relatés, pour la période qu’elle étudie, par F.M. Vaglienti, op. cit.
  • 35 Sur ce « vestige », voir ibid., p. 668-669.
  • 36 F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit., p. 17.
  • 37 G.P. Lubkin, op. cit., p. 140.
  • 38 D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 140.

11Le Conseil secret siège ordinairement, depuis au moins les années 1430, à la Curia Arengi (Corte dell’Arengo) de Milan, là où est aujourd’hui le Palazzo Reale, qui jouxte la façade méridionale du Duomo30 ; mais il peut déménager en cas de peste (les Registri delle missive parlent abondamment du transfert vers Chiaravalle ou ailleurs en 145131). Sous Francesco Sforza, il continue de se réunir là ; sous son fils Galeazzo Maria, c’est plutôt au château (le Castello di Porta Giovia, aujourd’hui connu des visiteurs de Milan comme le Castello Sforzesco). Il est doté d’un sceau32 et il dispose pour fonctionner d’une chancellerie propre ; les chancelleries sont en fait dotées d’un énorme pouvoir sur les Conseils33. Celle du Conseil secret comporte des secrétaires (trois ou quatre), des chanceliers (trois ou quatre), des coadjuteurs (coadiutori, six ou sept) et des huissiers (uscieri, six ou sept). Les conseillers sont nommés, à vie le plus souvent (on connaît quelques cas rares de renonciations ou de disgrâces34), par le duc – même si subsiste, à l’état de vestige, l’acceptation formelle de la nomination du nouveau conseiller par les autres conseillers, une feinte cooptation qui n’est que l’acceptation de la nomination ducale35 (de même, du reste, que la nomination des officiers par le duc est en théorie conditionnée à l’approbation d’une majorité des conseillers secrets et de justice36). Les effectifs du Conseil secret évoluent beaucoup. Longtemps, il compta de 7 à 15 conseillers. Sous Francesco Sforza, on y trouve 15 conseillers au plus ; de 1469 à 1476, le Conseil monte à 26 membres37 ; pour la période 1477-1479, soit la régence de Bonne de Savoie (Bona di Savoia), consécutive à l’assassinat de Galeazzo Maria, il y a environ 23 conseillers, ce qui est beaucoup ; en 1480, il est question de 36 conseillers (dont neuf qui ne seraient pas payés). Les conseillers restent au nombre de 30 environ jusqu’à la fin de la période que nous étudions ici38. La tendance est donc à l’augmentation du nombre de conseillers : c’est que, le prince héritant souvent d’un Conseil formé par son prédécesseur (on sait ainsi que le Conseil secret hérité par Galeazzo Maria était du côté de Bianca Maria, sans compter les dangers qui menaçaient le nouveau duc), il est tenté, lors de son accession à la dignité ducale, d’intervenir massivement sur le nombre de ses conseillers, pour s’assurer que le Conseil lui est favorable : ce que fait Galeazzo Maria qui, entre 1466 et 1469, double le nombre de membres du Conseil par rapport à l’époque de son père.

Fig. 4 > La grande cour ( à l’intérieur du

Fig. 5 >La salle du Conseil secret, au rez-de-chaussée de la Rocchetta du Castello Sforzesco, selon l’identification de L. Beltrami, « La Sala del Consiglio ducale nel Castello Sforzesco », La Perseveranza. Giornale del Mattino [Milan], 30 mai 1903, p. 1-2. Largement reconstituée et réinventée à l’époque de Beltrami, cette « salle du Conseil » n’était sans doute qu’une salle de réunions parmi d’autres ; en outre, elle a depuis été partiellement détruite durant la Seconde Guerre mondiale et réaménagée.

  • 39 Il n’est d’ailleurs pas exceptionnel que le duc s’adresse ensemble aux Dominis de Consilio secreto (...)

12En outre, pour les grandes affaires, le duc peut convoquer les deux Conseils ensemble, comme un souvenir de leur commune origine avant le principat de Gian Galeazzo Visconti39. Ainsi agit-il, à Milan, le 26 avril 1474 :

  • 40 C. Simonetta, op. cit., p. 111 : Questo drieto disnare, el Signore fece domandare ne la salla bianc (...)

Après dîner, le Seigneur a fait demander dans la salle blanche et brune le Conseil secret et de justice, pour consulter sur le fait du privilège du duché etc. et de l’érection du duché en royaume etc.40

  • 41 Cassano d’Adda, à une trentaine de km à l’est de Milan.
  • 42 Ibid., p. 127.
  • 43 C. Simonetta, op. cit., p. 209.
  • 44 Comme le montre bien D. M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 146-147.
  • 45 C’est la principale thèse défendue ibid. (voir notamment p. 148-151), dans un propos qui tend à maj (...)

13C’est que l’affaire impériale (royaume ou duché) le préoccupe fort : il faut bien dire que l’on voit mal quelle affaire aurait une importance supérieure. À l’inverse, le duc convoque, quand il en éprouve le besoin, des conseillers choisis : le 12 juillet 1474, pour une raison que le secrétaire ducal, Cicco Simonetta, ne précise pas (« pour consulter sur certaines choses », per consulere alcune cose), il fait venir de Milan à Cassano41 sept de ses plus fameux ducali consilierii, « appelés par notre très illustre Seigneur » (chiamati dal nostro illustrissimo Signore), qui « le soir furent congédiés pour retourner à Milan » (la sira furono licentiati per andare ad Milano42). Le 11 mars 1476, à Pavie, le duc donne congé à cinq de ses ducali consiglieri secreti qui peuvent s’en retourner à Milan43 ; il les avait eus auprès de lui quelques jours pour de hautes affaires concernant toute la chrétienté (« pour consulter sur les affaires de Bourgogne, de France, de Rome et du Turc », per consultare le cose de Borgogna, Franza, Roma et del Turco). Dans les vingt dernières années du siècle, quand Ludovico il Moro (Ludovic le More), frère de Galeazzo Maria, est au pouvoir, cette pratique consistant à retenir certains conseillers issus du Conseil est très fréquente44. L’attitude de Ludovico envers le Conseil est complexe : il nomme volontiers de nouveaux conseillers, mais il réduit (dans des proportions que l’on a sans doute exagérées45) le pouvoir du Conseil, qui a priori ne lui est guère favorable. Il semble, en somme, galvauder le titre de conseiller (fig. 6, 7 et 8).

PERSONNELS ET CARRIÈRES

  • 46 Sur ce point, voir N. Covini, op. cit., p. 32-33 ; plus généralement, sur la place et le rôle des j (...)
  • 47 Sur ces carrières, voir le travail de reconstitution de F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit.

14L’appartenance au Conseil de justice est souvent préalable à un passage au Conseil secret, plus prestigieux – ce qui augmente d’autant la proportion de juristes au Conseil secret46. Il existe une sorte de cursus dans l’administration ducale : les meilleurs juristes servant le duc deviennent Maestri delle entrate straordinarie, et parmi eux certains peuvent devenir conseillers de justice, et de là passer au Conseil secret47. Le Conseil de justice perd de son importance quand, dans la deuxième moitié du XVe siècle, le pouvoir ducal, en quête d’argent, confie de plus en plus souvent les causes aux magistrats financiers, qui travaillent plus vite et permettent de meilleures rentrées d’argent que ne le font les conseillers de justice.

Fig. 6 > Amuzio da Lurago (?), portrait de Cicco Simonetta. Façade de la cathédrale de Côme, moulage visible à l’Archivio di Stato di Milano.

Fig. 7 > Ambrogio de Predis (?), Ludovico il Moro. [Biblioteca Trivulziana, Milan, 2167 (Aelius Donatus, Grammatica)]

  • 48 Voir les reconstitutions prosopographiques de C. Santoro, op. cit. Branda Castiglioni fut « premier (...)

15Le chef du Conseil secret est le Primus Consiliarius48. Parfois, est adjoint au chef un consigliere coadiutore, deuxième conseiller le plus important derrière lui. Les autres conseillers doivent résider à la Curia sauf, bien sûr, s’ils sont en service ailleurs. La mission des conseillers est exprimée avec ce vague qui caractérise les écrits des institutions du temps – et qui donne du fil à retordre aux historiens – dans le serment du 28 janvier 1478 :

  • 49 Le document est publié en exergue d’Acta in Consilio…, op. cit. : Havemo de comuni consensu judicat (...)

D’un commun accord, nous avons jugé qu’il est de notre office de dresser l’esprit, l’intelligence, les efforts et l’attention à toutes les choses qui peuvent être utiles à la continuation et à la perpétuation de ce saint principe de la conservation de nos très illustres Seigneurs et de leur État.49

  • 50 ASMi, RM, 88, cité par F.M. Vaglienti, op. cit., p. 649.
  • 51 Voir par exemple les suppositions que fait l’ambassadeur Marsilio Andreasi dans la lettre qu’il adr (...)

16Le secret occupe dans leur fonction une place importante, d’où le nom de Conseil secret – Galeazzo Maria rappelle aux conseillers, le 21 août 1469, « le serment de ne pas révéler ce qu’on fait en ce lieu » (el iuramento havuti de non palesare cosa se faza in quello loco50), et il arrive souvent que les discussions, tenues secrètes, nous demeurent inconnues51… Les conseillers prêtent, lors de leur nomination, un assez long serment, conforme à un formulaire exposant l’engagement moral des nouveaux membres :

  • 52 Stilus Cancellariae…, op. cit., doc. 57, p. 86-87, « Forma sacramenti prestandi per Consiliarios »  (...)

Premièrement, qu’il ne fasse, conseille ni commette rien qui soit ou puisse se tourner contre la personne, l’honneur, l’État, le degré, la dignité et la prééminence de notre très illustre Seigneur, de ses fils et héritiers et de lui ou d’eux, qu’il aura légitimés et habilités à sa succession, ni qu’il fasse quoi que ce soit contre les mandats et ordres du susdit Seigneur et des siens.52

17Puis, le conseiller s’engage à tout faire s’il entend que se trame quelque chose contre le duc, pour le protéger de toutes ses forces et empêcher l’ennemi d’agir. Il s’oblige à la fidélité envers son seigneur, il s’oblige aux choses « que tout conseiller fidèle et feudataire légal et sujet et subordonné, par quelque genre de fidélité et d’obéissance que ce soit, doit à son seigneur véritable et naturel » (que quicunque consiliarius fidelis et legalis feudatarius et subditus ac obstrictus quocunque genere fidelitatis et obedientie suo vero et naturali domino tenetur) ; même si cela doit nuire à d’autres seigneurs ou à d’autres communautés (c’est une forme de ligesse). Apparaît enfin la notion de secret.

  • 53 F. Carta, « Pagina di diplomatica in una lettera del secolo XV », Archivio storico lombardo, 9, 188 (...)
  • 54 Voir G.P. Lubkin, op. cit., p. 74.
  • 55 ASMi, RM, 5, f° 228v°, de Belgioioso, le 14 octobre 1451 : Sforza écrit aux conseillers pour leur r (...)
  • 56 Un exemple pour l’année 1472 dans G.P. Lubkin, op. cit., p. 132.
  • 57 ASMi, RM, 4, f° 343r°, de Lodi, le 28 septembre 1451 : Sforza écrit à ses officiers des finances ((...)

18La vie du Conseil est connue par mille documents. On voit ainsi les conseillers, par une étrange missive du 17 septembre 1468, répondre à une lettre de Galeazzo Maria Sforza les interrogeant sur l’usage du parchemin au lieu du papier : les conseillers réfléchissent et comparent les usages des divers princes et souverains d’Europe afin de répondre de façon sensée au duc53. Peu après, en janvier 1469, Galeazzo Maria demande au Conseil de justice si la reconnaissance de son autorité par l’empereur est vraiment nécessaire – mais les conseillers ne trouvent pas d’accord sur cette épineuse question54. Le travail s’organise en séances régulières, quotidiennes ; il est intensif ; gare aux absentéistes, le duc exige de ses conseillers qu’ils assistent aux séances, et l’obligation qui leur est faite de résider à Milan, pour être implicite, n’en est pas moins sérieuse. Absentéisme et non-résidence peuvent susciter la colère du prince55. Les conseillers sont stipendiés : ils percevaient 60 à 80 florins par mois sous Filippo Maria Visconti. Après 1450, ils touchent 50 florins par mois, une somme qui est augmentée dans les années qui suivent (60 florins en 1454). Les sommes sont prélevées sur diverses entrées fiscales du duc. La question des revenus des conseillers secrets est parfois source de tension avec le duc56. Il apparaît que les rétributions sont variables d’un conseiller à l’autre ; les ecclésiastiques sont moins rétribués ; d’aucuns se plaignent de difficultés dans leur paiement57.

Fig. 8 > Anonyme (« maître de la Pala Sforzesca »), la « Pala Sforzesca », 1494-1495 [Pinacoteca di Brera, Milan]. Ludovico il Moro est agenouillé, vêtu de bleu, face à son épouse, Béatrice d’Este.

  • 58 Sur ce point, voir surtout Stilus Cancellariae…, op. cit., doc. 51-57, p. 79-87.
  • 59 Ibid., p. 83.
  • 60 Ibid., doc. 51, p. 79 : « Pro Primo Consiliario Episcopo placentino Cardinali portuensi ». C’est à (...)

19Comment procédait-on à la désignation d’un conseiller et quelles vertus justifiaient cet honneur ? Les questions sont liées, tant les nominations montrent quelle conception de l’office se fait le pouvoir ducal58. Fidélité et compétence sont les deux vertus exigées du conseiller, à en croire les sources59, sur un ton qui n’est pas sans rappeler les exposés des mérites des bénéficiaires d’investitures féodales (d’ailleurs, on vient de citer ce texte énumérant ensemble le consiliarius fidelis, le legalis feudatarius et le subditus ac obstrictus). Évoquons ainsi l’acte de nomination comme premier conseiller secret, consiliique nostri caput, de l’évêque Branda Castiglioni60. Après la suscription ducale, un préambule expose que le duc aime à se rappeler la bonne mémoire et les services rendus par les hommes fidèles et vertueux ; s’agissant de Branda,

  • 61 […] de summa et admirabili eius prudentia, integerrimaque ad nos et Statum nostrum fide et sacra vi (...)

en sa haute et admirable prudence, en sa très entière fidélité envers nous et notre État et en sa sainte vertu, ayant confiance pas autrement qu’en nous-même, par la teneur de cette lettre nous faisons, constituons et créons le très vénérable et très digne seigneur cardinal Castiglioni, à partir d’aujourd’hui jusqu’à notre bon plaisir, premier et plus haut de nos conseillers, tête de notre Conseil61 ;

20il a le droit de se présenter au duc, il a autorité pour conseiller et veiller aux affaires de l’État. La nomination de Lancellotto Crotti, dès 1450, est intéressante elle aussi. Cet homme issu du vieux monde des officiers des Visconti, pour lesquels il accomplit diverses missions diplomatiques, et lui-même âgé (il meurt d’ailleurs en 1454), doit assister le vieux Gaspare Visconti, « magnifique chevalier notre parent et notre conseiller très aimé, Gaspare Visconti, tête de notre Conseil » (magnificus miles consanguineus et consiliarius noster dilectissimus dominus Gaspar Vicecomes, consilii nostri caput), dans le but suivant (ce passage nous révèle ce que sont les finalités du « bon gouvernement ») :

  • 62 Ibid., doc. 53, p. 81-82, « Pro Consiliario cum aliqua commissione » ; quod subditis nostris non fi (...)

que l’on ne commette pas de violences contre nos sujets, que le droit soit administré pour tous et que tout excès et toute erreur soient justement punis, que l’on donne aux sujets des audiences rapides, que les expéditions soient faites très promptement dans toutes leurs causes, et qu’ils ne soient aucunement tenus en suspens ou dans des délais, comme nous avons entendu que cela se produit souvent.62

  • 63 ASMi, RM, 12, f° 254r-254v°, de Leno, le 17 octobre 1452 : le duc écrit à Pietro Visconti que : le (...)

21Empêcher les violences, imposer le droit, punir les excès et les erreurs, accorder des audiences rapides : voilà un programme fort. C’est un thème très présent que la rapidité demandée par le duc à sa justice : il faut agir « rapidement », « le plus vite possible », « avec célérité » (celermente, al più presto si pò, con cellerità) ; ou, à l’inverse, le duc déplore la lenteur de ses Conseils, qu’il impute à l’absentéisme de certains conseillers63.

  • 64 ASMi, Registri ducali, 179, f° 269r-270r° (cité par C. Santoro, op. cit., p. 15) ; voir par exemple(...)

22Le 23 mai 1477, le condottière et seigneur Pietro Dal Verme est nommé conseiller secret64. La nomination, fort prestigieuse, a été mûrement réfléchie par le pouvoir ducal. On lit en effet dans un bien curieux document, sorte de brouillon qu’auraient écrit Bonne de Savoie et Giovanni Galeazzo Maria Sforza vers 1477 :

  • 65 ASMi, Autografi, 206, s.d. : Ad commodum, quietem, decus et ornamentum status et subditorum nostror (...)

Pour le calme, la tranquillité, la convenance et l’ornement de notre État et de nos sujets, nous avons pensé qu’il ne serait rien de plus utile que d’avoir auprès de nous des hommes de grandes vertu, prudence, fidélité et intégrité, par le conseil desquels nous gouvernerions nos affaires. Donc, comme il nous est bien clair que le magnifique comte Pietro Dal Verme, notre très aimé militaire, né d’un très célèbre père très dévoué à nos très illustres prédécesseurs, en raison de ses qualités physiques élevées et de ses nombreuses qualités, par son conseil, sa vertu, sa prudence et son expérience dans la prise en charge des affaires et par le reste de ses qualités d’esprit, a une grande valeur en matière militaire et pour notre maison, et que, en outre, nous n’ignorons pas qu’il est dévoué à nos affaires, nous avons jugé qu’il devait être désigné comme notre conseiller.65

23À cet exposé des raisons pour lesquelles cet homme de valeur, fils d’un homme de valeur, doit être retenu, fait suite la lettre de nomination elle-même : la « Lettre accordant la charge de conseiller au comte Pietro Dal Verme » (« Littere consiliariatus in comitem Petrum de Verme » ; typologiquement, des litterae officiorum), qui couvre Pietro d’éloges et commence par cette belle phrase, intéressante par ce qu’elle révèle de l’importance du passé familial glorieux dans la bonne estime dont jouissent ce nouveau conseiller et sa « maison » :

  • 66 ASMi, Registri ducali, 179, f° 269r-270r° : Si enarrare uoluerimus quot quantisque beneficiis illus (...)

Si nous avions voulu raconter combien grands et nombreux sont les bienfaits dont la magnifique maison Dal Verme a toujours fait bénéficier nos très illustres prédécesseurs, et combien d’hommes célèbres et insignes, en temps de paix comme en temps de guerre, cette maison a produits, il serait plus difficile de trouver une fin qu’un début.66

24Branda Castiglioni, Lancellotto Crotti et Pietro Dal Verme, trois figures diverses, que l’on a retenues de manière arbitraire sans doute, mais qui appartiennent à des mondes différents : c’est là poser la question de la composition géographique et surtout sociale des Conseils ducaux.

COMPOSITION ET SOCIOLOGIE

  • 67 E. Lazzeroni, op. cit., p. 104, écrit que ce fut : forse per offrir loro un qualsiasi compenso al d (...)

25Au sein du Conseil, les affiliations politiques et factionnaires existent, et ne sont pas inconnues, mais elles n’excluent pas des accommodements. On voit ainsi certains conseillers nommés à l’époque des Visconti demeurer en poste, y compris s’ils ont été actifs pendant les trois années de république (Milan vaut bien une messe ; évoquons la carrière d’un homme comme Giovanni Melzi, juriste, l’un des « Défenseurs de la liberté » sous la République, diplomate, qui poursuit sa carrière sous Francesco Sforza et que Gian Galeazzo Sforza fait même entrer au Conseil secret en 1477). Francesco Sforza nomme conseillers bien des hommes qui appartiennent à la dynastie Visconti, pour compenser le déclin de ce lignage peut-être, mais en fait sans doute aussi pour légitimer sa prise de pouvoir ; il ajoute à ce groupe des hommes nouveaux, compétents et fidèles67. Certains conseillers, courtisans ou officiers ont passé plusieurs décennies à la Cour de Milan, parfois à cheval sur le passage des Visconti aux Sforza – citons le cas extraordinaire de Tommaso Tebaldi, à la Cour de 1432 jusqu’à l’époque de Galeazzo Maria. Originaires d’Italie, les conseillers ne sont alors pas seulement des Milanais : on trouve des hommes originaires de diverses régions (Toscane ou même Calabre, dans le cas, il est vrai singulier, des Simonetta), même si priment les Lombards et plus généralement les Italiens du Nord (Tortone, Mantoue, Ferrare, etc.).

  • 68 Comparer les positions opposées de F.M. Vaglienti, op. cit., p. 680 et de G.P. Lubkin, op. cit., p. (...)
  • 69 F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit., p. 23.

26Sur la sociologie du Conseil, les historiens ont formulé des réponses très diverses, certains répugnant à envisager qu’un critère tel que l’appartenance sociale des conseillers pût, fût-ce implicitement ou marginalement, entrer en ligne de compte, d’autres considérant les appartenances sociales des conseillers, voire souscrivant à l’idée d’un « équilibre » entre les composantes des Conseils68. Certes, la représentativité sociale et géographique est encore tout à fait imparfaite, sous les Sforza ; c’est plus tard, sous Francesco II, que toutes les villes du duché y seront représentées, et c’est à la fin du XVIe siècle que le Sénat deviendra la chasse gardée de l’aristocratie milanaise69. Pour l’heure, les Conseils semblent presque des Conseils de famille, car, directement ou par une union, la majorité des conseillers est apparentée aux Visconti ou aux Sforza ; et rien ne formalise (et donc ne rend explicite) l’idée d’un équilibre social. Il existe pourtant une sociologie des Conseils que nous ne croyons pas hasardeuse.

  • 70 Voir sur ces aspects C. Casagrande, « Virtù della prudenza e dono del consiglio », dans C. Casagran (...)
  • 71 La distinction dominium, consilium et officium est dans G. Castelnuovo, Ufficiali e gentiluomini. L (...)
  • 72 S’agissant des obligations vassaliques, la lettre adressée par Fulbert de Chartres à Guillaume V d’ (...)
  • 73 Voir L. Arcangeli, « Premessa », dans L. Arcangeli (dir.), Milano e Luigi XII. Ricerche sul primo d (...)
  • 74 F.M. Vaglienti, op. cit., p. 680.

27On doit pour commencer signaler que nul ne dédaigne le Conseil : au Moyen Âge, il est conseillé de demander conseil, selon un jeu de mots que fait déjà Bonaventure dans un sermon prononcé à Paris en 1268. Au fait qu’il soit conseillé de se faire conseiller, il y a de solides fondements : l’idée que l’homme seul ne se suffit pas, et que c’est faire preuve de superbe que de ne pas demander conseil70. Être conseiller n’a rien d’humiliant, c’est tout différent des autres offices et même ce n’est pas à proprement parler un service d’officier, relevant de la domesticité, mais une action de conseil, qui, comme telle, selon la coutume féodale, est jugée fort respectable. Ainsi donc, le seul poste au service des ducs de Milan que tous semblent accepter, c’est celui de membre du Conseil secret. Si l’on distingue dans la politique dominium, consilium et officium, alors disons que les domini consentent au consilium et dédaignent l’officium71. Les devoirs positifs du fidèle ne consistent-ils pas, d’après le texte classique entre tous de Fulbert72, dans le conseil et l’aide ? Si l’on transpose à la Lombardie renaissante, on y voit le conseil paré des atours d’un devoir : c’est évidemment un devoir valorisant pour les parvenus, et il est politiquement rentable, car être conseiller fait rentrer dans l’affinità, et constitue en somme un gage de succès politique73 ; signalons aussi que, en 1471, la moitié des conseillers secrets détient des fiefs74. On doit donc se garder de toute conception fixiste de l’identité sociale : être conseiller change l’appartenance sociale d’un individu en lui offrant, par exemple, la possibilité de bénéficier d’une investiture féodale.

  • 75 Nous avons discuté ce thème dans P. Savy, « Remarques sur le pouvoir et la société politique dans l (...)
  • 76 Giovanni Pallavicino podestat de Dongo (province de Côme) en 1456 ; Marco Pallavicino « capitano de (...)
  • 77 Le marquis Pietro Pallavicino de Scipione, protonotaire apostolique, entre au Conseil de justice en (...)
  • 78 Ibid., p. 341, n. 111: In 1475, Galeazzo [Maria Sforza] asked Giovanni Borromeo to send his eldest (...)
  • 79 Où, « dans l’assemblée comme dans le conseil, la noblesse dispose d’une nette prééminence », selon (...)

28Mais conseiller le prince est un devoir acceptable même pour les plus anciens lignages. En effet, chose connue des historiens de la Lombardie mais étonnante pour un lecteur français, les lignages les plus prestigieux sont en mesure de traiter les Sforza avec quelque hauteur75. Pour les Pallavicino, très haute et ancienne famille (apparentée aux Obertenghi et dont l’origine remonte donc à l’époque carolingienne), on ne trouve ainsi que trois cas d’office76 ; ils ne sont couramment que conseillers secrets ou, à une reprise, conseiller de justice77. En général, les Borromeo (pourtant une famille de marchands qui furent bannis de Toscane, leur région d’origine, en 1370, et ne devinrent citoyens milanais qu’en 1395) n’acceptent que la fonction de conseiller secret ; on sait que Giovanni Borromeo n’accepta que cette charge, et qu’il refusa d’envoyer son fils comme page à la Cour de Galeazzo Maria78. Ces grandes familles refusent de s’abaisser à servir le duc ; mais les Conseils ont un caractère aristocratique relativement marqué, même si c’est peut-être un peu moins net qu’ailleurs, par exemple dans le duché de Lorraine79, et la fonction de conseiller est donc admise à tous les niveaux sociaux. Les élites dans leur diversité sont donc aux Conseils : villes et contadi, monde laïque et monde ecclésiastique, féodalité et bureaucratie.

  • 80 U. Petronio, op. cit., évoque, p. 36, in base alla qualifica o all’attività professionale, tre dive (...)
  • 81 Voir G. Chittolini, La formazione dello stato regionale e le istituzioni del contado. Secoli XIV e (...)

29On peut présenter les catégories sociales composant le Conseil secret de manière schématique. Il y aurait trois groupes : les prélats (absents du Conseil de justice), les nobles (féodaux et / ou militaires : catégorie diverse, car réunissant des lignages immémoriaux et des homines novi) et les juristes (qui par ailleurs occupent toutes les places du Conseil de justice)80. Ces groupes ne sont certes pas parfaitement étanches (les prélats sont souvent d’origine aristocratique ; il est des nobles juristes, tel Alberico Maletta, qui servit les Este puis entra au Conseil de justice et, assez vite, au Conseil secret). Ils sont présents dans des proportions variables : une bonne part d’ecclésiastiques (un cinquième environ), parmi lesquels figure toujours l’archevêque de Milan ; une moitié de nobles, dont certaines familles incontournables (on remplace souvent un conseiller défunt par quelqu’un de sa famille, surtout si elle est grande : les familles Borromeo, Pallavicino, Trivulzio ou, bien sûr, Visconti ont, pendant parfois plus de trente ans sans interruption, un de leurs membres au Conseil81) ; et le reste (un petit tiers) de juristes. Si, dans les faits, ce schéma nous semble exact, il faut souligner que, dans leur déroulement, les choses ne fonctionnent pas ainsi : le duc nomme des gens compétents sans évoquer de représentativité sociale.

30Le recrutement social est aussi lié à l’orientation politique : les régimes autoritaires s’appuient volontiers sur des hommes qui leur doivent tout. Le tournant autoritaire pris par Ludovico il Moro est bien décrit par un chroniqueur du début du XVIe siècle, Ambrogio Da Paullo :

  • 82 Ambrogio Da Paullo, Cronaca milanese dall’anno 1476 al 1515, dans A. Ceruti (dir.), Miscellanea di (...)

Quand donc le seigneur Ludovico fut désigné comme gouverneur de Milan, il prit possession du duché, et il commença doucement à changer les châtelains, pour être en mesure d’obtenir, avec le temps, ce qu’il avait à l’esprit de faire, c’est-à-dire devenir duc de Milan ; et ainsi il changea les conseillers du Sénat de Milan et d’autres capitaines de gens d’armes, congédiant les hommes vieux et anciens de Milan, et favorisant les étrangers.82

31Le dessein du More est clair : remplacer les « conseillers du Sénat de Milan » anciens par des hommes nouveaux, étrangers, pour que les conseillers « soient proches de ses besoins ». Le même chroniqueur poursuit en disant que sont aux commandes, en 1494, les favoris du More, un ramassis d’hommes

  • 83 Ibid., p. 104 : […] de una sorte così fatti vili et abietta, ma per favore del Moro erano fatti gra (...)

d’une sorte fort vile et abjecte, mais [qui] par la faveur du More avaient été faits grands. Et il avait abaissé les hommes de bien de sang noble de Milan pour élever cette sorte de gens, si bien qu’à la fin tous ou la majeure partie d’entre eux furent pour lui des traîtres et des opposants qui lui firent perdre l’État.83

  • 84 Documenti di storia italiana copiati su gli originali autentici e per lo più autografiesistenti in (...)

32Une sorte de testament politique que Ludovico rédigea en 1497 présente sa vision programmatique et la façon dont il entend préparer le futur de son fils84. Le More parle du lieu où doit se réunir le Conseil, de la manière dont se dérouleront ses délibérations et dont se construira le consensus (gouverneurs et conseillers ont une voix, et ainsi « l’accord de la majeure partie se fera », el consenso de la maiore parte se stabilirà), de la nécessité de rendre compte des sessions (« nous voulons que l’on fasse mettre par écrit et sur un livre, pour que l’on puisse toujours rendre bon compte de toutes les actions du gouvernement », volemo se faci mettere in scripto et a libro, perché se possi sempre rendere bono concto de le actione tutte del governo), et du nombre de conseillers, qui doit redescendre à vingt et ne plus augmenter :

  • 85 Ibid., p. 313 : Havendo portato la necessità di tempi, ch’el consiglio secreto sii multiplicato nel (...)

La nécessité du temps ayant voulu que le Conseil secret se soit multiplié de la manière dont il est à présent, nous voulons qu’il soit laissé en ces termes : c’est-à-dire que l’on ne puisse plus ajouter à son nombre, mais que l’on attende que le Conseil se réduise au nombre de vingt [conseillers].85

  • 86 Ibid. : nè si risguardi tanto le case, quanto le virtù et industria de la persona, aciò che ne l’or (...)

33Il précise, bien sûr, le rôle de son fils dans la conduite du Conseil, quand il sera en âge d’y veiller. Les hommes que l’on désigne comme conseillers doivent être de valeur ; prêt à rompre avec les usages, le More souhaite que les appartenances lignagères (« les maisons », le case) cèdent le pas à la qualité (« la vertu et l’industrie », le virtù et industria) : « que l’on ne regarde pas tant les maisons que la vertu et l’industrie de la personne, pour que, dans l’ordre qui est fait au gouvernement des autres, l’on ne mette personne qui ait besoin d’être gouverné86 ». Qu’il propose cette rupture révolutionnaire ne prouve-t-il pas que, auparavant, l’appartenance sociale était prise en considération ?

DÉDOUBLEMENTS ET « RÉFORMES » DES CONSEILS

  • 87 L. Arcangeli, « Un lignaggio… », op. cit., p. 94-95 : Dal 1468 in poi ci fu sempre almeno un Pallav (...)

34Il est des évolutions de fond, que l’on devine plus qu’on ne les trouve explicitement dans les sources : une forme d’institutionnalisation marquée du Conseil, qui se fige et se fait plus solennel. On a pu aussi noter que, dans les années 1460, cet organisme, jusqu’alors instrument pratique de gouvernement restreint, se transformait en assises plus féodales, par inspiration peut-être du Conseil des barons du roi de France87.

  • 88 Sur l’organisation et la structuration du Conseil secret au début de la période des Sforza, avant l (...)
  • 89 Voir F. Leverotti, Governare…, op. cit., p. 90-95.
  • 90 Ibid., citations p. 95.
  • 91 En somme, si l’on suit les pages très convaincantes de Franca Leverotti (ibid., notamment p. 103), (...)

35Évoquons surtout les modifications voulues par les ducs, qu’on a un peu pompeusement qualifiées de « réformes » des Conseils. On a dit que quand, en 1468, Galeazzo Maria se détache de sa mère, régente88, il augmente le nombre de conseillers de façon à rendre minoritaires ceux qu’avait nommés son père ; mais cela a aussi un effet négatif, celui de rendre le Conseil trop nombreux, mal gouvernable. Galeazzo Maria se crée donc un Conseil étroit, qui reste auprès de lui, le Consilium cum domino residens ; il procède en somme à une double opération d’accroissement numérique du Conseil et de séparation du noyau. On compte alors donc de facto deux Conseils, dont un, le Conseil étroit, dit « du château » (Consilium secretum arcis ou Consilium secretum castelli), est toujours aux côtés du duc, tandis que l’autre demeure au lieu habituel (Consilium secretum in curia, in curia Arengi). En 1470, le duc s’efforce d’éviter les conflits de compétence ; il donne la prééminence, comme on peut s’en douter, au Conseil étroit, et, surtout, il se donne le pouvoir de décider de qui a compétence pour traiter d’un procès. Mais en fait, la pratique d’un Conseil plus étroit qui suit le duc, un Conseil délibérant formé de conseillers peu nombreux qui travaillent avec le prince sans la solennité mais avec l’autorité du vrai Conseil, est un point attesté dès avant l’évolution des années 147089. Le Conseil secret s’offusque de l’existence de ce Conseil (il fustige « ceux de notre Conseil qui exercent auprès de vous », « certains de nos collègues qui sont auprès de vous », quilli del nostro Consiglio exercenti presso vuy, dei coleghi nostri che sono presso de voy90) qui le double et prend parfois des décisions contraires aux siennes. Il est sûr que cela traduit et permet une prise de contrôle plus ferme par le duc91.

  • 92 Ainsi que le montre de façon convaincante R. Fubini, op. cit., p. 50-51 ; voir aussi p. 66.
  • 93 Voir A. Barbero, « Un governo per il Piemonte. L’evoluzione del Consiglio cismontano e del “Consili (...)

36A contrario, l’existence d’un Conseil étroit n’est officialisée qu’après l’assassinat de Galeazzo Maria, qui rend éclatante l’opposition acharnée entre pouvoir de la Cour (régente et Cicco Simonetta, au château), d’une part, et noblesse urbaine, dont le Conseil secret est l’organe représentatif, d’autre part ; ce n’est du reste ni la première, ni la dernière crise que traverse le duché et en particulier les Conseils (des crises politiques ont éclaté depuis la mort de Francesco Sforza, en 1466, ou au cours de l’année 147792). Au tournant des années 1476 et 1477, à un moment dramatique, intervient donc la principale réforme du Conseil. Le 30 décembre, la duchesse, Bonne de Savoie, veuve mais non encore officiellement régente, déclare aux conseillers secrets qu’elle entend leur rendre l’autorité qu’ils avaient du temps de son beaupère, Francesco Sforza. Avec le secrétaire Cicco Simonetta, Bonne met sur pied un « Conseil étroit » qui se tient dans le château, dans les années 1477-1479. Ce cas d’évolution institutionnelle n’est pas isolé en Italie93. On parle désormais du Consiglio del Castello, opposé au Consiglio di Corte ou Consiglio dell’Arengo. L’historien Bernardino Corio (1459-1513) raconte la création de deux corps distincts en 1476-1477, après la mort de Galeazzo Maria, l’un dans l’arengo pour les affaires civiles (et Corio souligne en passant qu’il est composé de « patriciens ») et l’autre, le Conseil étroit, dans le castello auprès du duc, pour les affaires d’État :

  • 94 B. Corio, Storia di Milano di Bernardino Corio, éd. A. Morisi Guerra, 2, Turin, 1978, p. 1411: […] (...)

on créa deux Sénats, l’un fut établi dans la cour de l’Arengo, constitué d’homme patriciens et d’autres qui avaient à administrer les choses civiles selon l’habitude des autres princes. L’autre Conseil fut constitué dans le Château, et là on n’avait à entendre et délibérer que de choses attenant à l’État.94

  • 95 Ainsi que le soutient C.A. Vianello, op. cit., p. 17.
  • 96 Acta in Consilio…, op. cit. n’est pas autre chose que cette source, soit trois registres appartenan (...)
  • 97 La dignità del Consiglio dell’Arengo rimase, dunque, colpita (ibid., p. XX).

37Suit la liste des neuf personnages de haut rang (Sforza, Visconti, Pallavicino, etc.) appartenant à ce Conseil. On en viendrait à penser que, sous Bonne, il y avait trois voire quatre Conseils : le Conseil de justice, le Conseil secret ordinaire et le Conseil étroit issu du Conseil secret, sans oublier le Conseil de Régence95. Le Conseil étroit est d’autant mieux connu qu’il a occasionné la production d’une source exceptionnelle, en ce qu’elle ne reflète pas le fonctionnement normal du Conseil secret, mais illustre sa réforme par Bonne de Savoie96. Ces Acta in Consilio Secreto in Castello Portae Jovis Mediolani, ce sont les procès-verbaux des séances du « Conseil du château », réuni deux fois par jour. Ce Conseil fonctionne au détriment du Consiglio dell’Arengo, sur les décisions duquel ses décisions priment97.

  • 98 Voir P. Del Giudice, op. cit., p. 335.
  • 99 Ibid., p. 339-340.
  • 100 Voir aussi, sur la cour comme lieu de pouvoir et lieu de contrôle, P. Savy, « La cour des ducs de M (...)
  • 101 Voir D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 144-145.

38Mais, contre les chroniqueurs Donato Bossi ou Bernardino Corio, la reconstitution des Conseils par la régente, après la mort de Galeazzo Maria, ne signifie pas qu’il s’agit de la « création » des deux Conseils ; la réforme de Bonne est en fait surtout une réforme du personnel, abondamment présentée comme une réforme institutionnelle98. Ce qui est exact, en revanche, c’est que la régente ressent assez vite le besoin quotidien de « son » Conseil secret, qui s’occupe de tout ; on ne peut le réunir toujours sous sa forme plénière, si bien qu’elle en convoque une partie seulement, quatre à dix noms, presque toujours les mêmes ; ainsi se forme en fait le Conseil étroit99. Il dure peu de temps car, quand le More s’impose, en 1479-1480, le Conseil secret décline, et n’est plus de fait qu’un tribunal civil supérieur, tandis que le Conseil étroit, qui n’a pas disparu, n’est que rarement mentionné – voulu qu’il était par Cicco Simonetta, qui tombe en disgrâce et est exécuté à Pavie (30 octobre 1480), et par Bonne, qui quitte Milan la même année. Le More a recours au même procédé que Galeazzo Maria, soit la nomination de fidèles comme nouveaux conseillers du Conseil étroit de façon à mieux le contrôler100. Sa tendance à un pouvoir tyrannique fait bien reculer le Conseil : désormais, le Conseil siège en présence du duc, il se réunit moins souvent et constitue un groupe d’hommes au sein duquel le duc peut, au gré de ses déplacements, appeler quelques conseillers101.

LE RÔLE DES CONSEILS ET LES AFFAIRES TRAITÉES

  • 102 C’est par elle que s’ouvre D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 135.
  • 103 Sur ce point, voir notamment V. Ilardi, « The Visconti-Sforza Regime of Milan : Recently Published (...)
  • 104 C’est ce que soupçonne R. Fubini, op. cit., p. 49 et p. 54.
  • 105 Nous avons essayé de le montrer, à propos du contrat féodal, dans P. Savy, « Souveraineté, protecti (...)
  • 106 On voit ainsi Francesco Sforza s’agacer que le Conseil secret ait tardé à envoyer comme ambassadeur (...)
  • 107 Ainsi dans ASMi, RM, 5, f° 57r-57v°, de Milan, le 8 juillet 1451 : le Conseil secret informe France (...)
  • 108 Ce que N. Covini, op. cit., que nous suivons ici, désigne p. 40 comme la trattazione commissariale (...)

39La question de l’effectivité du conseil prodigué par les conseillers et, plus généralement, du rôle des Conseils dans le gouvernement n’a guère été étudiée102. Passé le constat de leur activité très intense et, partant, de leur présence massive dans les sources, les Registri delle Missive en particulier103, les choses sont nuancées : il semble que Francesco Sforza n’écoutât guère son Conseil, et l’on a même pu envisager que les faveurs par lui et ses successeurs accordées à la noblesse féodale, telle la nomination comme conseiller secret, compensaient la mise à l’écart de ce groupe social, le pouvoir étant désormais tenu par le seigneur, sa chancellerie et ses proches conseillers104. Son fils Galeazzo Maria l’écoute davantage : pour ne pas être regardé comme un « tyran », il se soucie d’agir conseillé. Les ducs sont liés par le droit, ils sont engagés à respecter la loi105. Pour ce qui est des conseils qu’on leur donne, ils ont une certaine latitude : car le Conseil secret est aussi, comme son nom l’indique, une instance qui conseille, et non qui décide. C’est un groupe d’hommes sages qui donnent au duc, quand il le leur demande, un avis éclairé, dans toutes sortes de domaines – en matière juridique, bien sûr, mais aussi territoriale, fiscale ou diplomatique (le duc peut ainsi demander à ses conseillers de retoucher une lettre). Le duc le domine : son ton traduit de la hauteur, relève parfois de la réprimande, peut exprimer de l’agacement, comme dans mille autres missives du Sforzesco106. Parfois les conseillers rendent un avis savant, argumenté, résultant d’une enquête approfondie dans le corpus juridique ou, pour déterminer les dépendances fiscales de tel ou tel lieu, sur le terrain107. Signalons, par comparaison, l’homogénéité relative des affaires dont s’occupe le Conseil de justice. À côté de la capacité technique des Conseils, c’est surtout la fonction d’agir sur commission, à une fin précise et par délégation du pouvoir, que leur fait remplir le prince108.

  • 109 Voir les nombreux exemples étudiés par F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit.
  • 110 Sur cette affaire qui date de la Noël 1473, voir G.P. Lubkin, op. cit., p. 171-179. C’était le Cons (...)
  • 111 Le document a été étudié et publié par R. Bellosta, « I capitoli di riforma in materia di offici e (...)
  • 112 Voir G.P. Lubkin, op. cit., p. 141.
  • 113 Le duc écrit : li compiacessimo de questo per farli honore, non perché facia residentia in dicto no (...)
  • 114 Documenti di storia italiana…, op. cit., p. 314 : perché è consuetudine in li stati dare el tittolo (...)

40C’est souvent pour la désignation des officiers ducaux qu’on sollicite les Conseils109 : par exemple quand il est question de choisir dans le duché cent gentilshommes honorables110. Il peut arriver que le Conseil propose des réformes amples ; un cas bien connu est un long texte proposant une réforme du duché, en 1455, touchant notamment les nominations des officiers, ou encore des questions administratives ou fiscales111. On doit aussi signaler la dimension honorifique du poste ; les conseillers participent aux moments cérémoniels forts de la vie du duché – mariages, Noël, funérailles, etc. –, sans compter qu’il est parmi les nominations au Conseil secret des nominations honorifiques et non effectives (le temps d’une mission, ou pour des dignitaires étrangers112 ; le duc put même s’agacer qu’un homme, en l’espèce l’évêque Michele Marliani, se crût vraiment conseiller alors que sa nomination n’était qu’honorifique113 !) Dans ses « Ordini » de 1497, le More distingue bien entre des conseillers honorifiques, auxquels doit être remise une lettre ne comportant pas « le passage qui leur donne la possibilité d’entrer au Conseil » (la parte quale li dagi arbitrio de intrare in consiglio), et de véritables conseillers ; « parce que c’est l’habitude dans les États de donner le titre et l’honneur de conseiller [de justice, dirait-on] bien des fois pour honorer, ou pour quelque autre motif hors du besoin du Conseil114 ».

41Le récit détaillé, dans le journal de Simonetta, de la réunion d’un Conseil sur mesure par le duc, à Pavie, du 17 au 19 janvier 1474, présente un grand intérêt. L’auteur distingue bien les conseillers officiels des autres, plus informels :

  • 115 C. Simonetta, op. cit., p. 78-81 : Questa sira, circa le xxiii hore, el nostro illustrissimo Signor (...)

Ce soir vers 23 heures, notre très illustre Seigneur eut en conseil, dans la chambre des tapisseries, le duc de Bari, le seigneur Ludovico, ses frères, messire Tommaso Da Rieti, Tommaso Da Bologna [etc.], conseillers ducaux, et Giovanni Simonetta, secrétaire.115

  • 116 Peut-être Cavriago, dans la province de Reggio d’Émilie.

42Suivent les noms de treize docteurs de Milan et Pavie. À ces personnages, le duc demande si la paix de Lodi, la ligue de 1455 et les autres ligues lui permettent de prendre Corriago116 à Ercole d’Este. Après réflexion, les conseillers répondent que non : une telle annexion n’est pas licite et pourrait susciter contre Milan l’opposition des potentie de Italia, et maxime Venetiani. Il convoque même plus large encore, à Milan, le 10 novembre 1474 ; mais ce n’est pas afin de consulter, mais, pour ainsi dire, afin de publier :

  • 117 Ibid., p. 147 : Furono, questa matina, convocati tuti li Consiglieri et Maestrati et intromessi ne (...)

Ce matin, tous les conseillers et les maîtres furent convoqués, et ils furent introduits dans la chambre du Seigneur, celle qui est lambrissée de noyer [?], et avec eux tout autre courtisan qui voulait y aller ; le Seigneur et madame la Duchesse s’étant rendus en présence de ces conseillers et gentilshommes, le susdit Seigneur, vers 17 heures, ratifia, par un document solennel, la ligue et la confédération contractée avec les Vénitiens et les seigneurs de Florence, le 2 du mois présent, par l’intermédiaire de leurs ambassadeurs.117

43C’est en somme un Conseil fort dilué, qui sert à enregistrer et diffuser la nouvelle, qui est d’ailleurs criée partout le 20 novembre.

  • 118 Sur la diffusion et la signification de cette pratique, voir F. Leverotti, Governare…, op. cit., p. (...)
  • 119 Sur les nombreux signes avant-coureurs de la « réforme », voir R. Fubini, op. cit., p. 54-55. L’amb (...)
  • 120 C. Simonetta, op. cit., p. 188.

44Il est bien des conseillers secrets qui sont aussi, à l’occasion, diplomates. Et une pratique courante consiste à nommer les conseillers secrets commissaires118. En 1475, « dans le seul but de réduire les dépenses » (ha ateso solamente a moderar le spese), le duc divise le Conseil secret en trois groupes, l’un constitué d’hommes qui sont nommés commissaires, l’autre d’hommes qui gardent le titre de conseillers mais sans être payés, et le troisième d’hommes conservant titre et solde119. Cette décision concernant certains conseillers est dûment rapportée par Cicco Simonetta, dans ses Diari, le 1 er janvier 1476 : « le Seigneur a ordonné que certains de ses conseillers soient envoyés comme commissaires des villes et bourgades de son dominio » (el Signore ha ordinato che alcuny suoy Consiglieri siano distribuiti per Commissarii de le cità et terre del Dominio suo120). Ce n’est pas une promotion ; le but est de réduire les dépenses et de marquer que les commissaires doivent être des conseillers secrets.

  • 121 De Milan, le 3 avril 1476 ; Carteggio degli oratori…, op. cit., 10, op. cit., p. 270.

45Ce rapide passage en revue des affaires traitées par les Conseils permet de comprendre que le caprice du duc pèse lourd dans les missions remplies par ses conseillers. Il n’est pas impossible que, à tel ou tel moment, le Conseil, comme institution, soit opposé au duc : mais celui-ci pourra alors toujours choisir, au sein de ce corps composite mais où l’aristocratie pèse lourd, des hommes le conseillant dans un cadre plus étroit, comme le dit bien l’ambassadeur Zaccaria Saggi, qui écrit à Ludovico Gonzaga que « le Seigneur passe toute la journée dans son Conseil avec ceux qu’il a choisis » (el signore sta tuto ’l dì in consiglio con quelli suoi ellecti121). C’est que, comme pour toute institution, il convient de distinguer entre le Conseil et les hommes qui le constituent – conseillers, secrétaires, chanceliers –, surtout quand on observe une certaine tension entre l’institution et les hommes.

ÉPILOGUE

  • 122 Voir M.G. Di Renzo Villata, « Scienza giuridica e legislazione nell’età sforzesca », dans Gli Sforz (...)
  • 123 Sur le nom de Sénat et sa signification, et sur la question, corrélée, des langues en usage aux Con (...)

46Le 11 novembre 1499, par l’édit de Vigevano, Louis XII institue le Sénat, qui remplace les Conseils secret et de justice de Milan sous les Sforza. Toutefois, le processus de transformation en Senatus était déjà commencé ; le duc parlait déjà de « Sénat122 », usant d’une appellation d’inspiration humaniste à l’origine mais devenue ensuite presque officielle, parfait synonyme de « Conseil », courante bien avant 1499123, surtout sous Bonne de Savoie. Par rapport aux Conseils qui existaient, la structure, les attributions et les modalités d’exercice du Sénat sont modifiés. Le texte de l’édit est très clair quant à la volonté de simplifier. Il fustige le flou des deux Conseils :

  • 124 duo fuerunt in civitate nostra Mediolanensi, unum secretum et aliud iustitiae consilium ordinarium, (...)

il y eut dans notre ville de Milan deux Conseils, un Conseil secret et un autre Conseil ordinaire de justice, qui avaient presque la même autorité ; jugeant que la multiplicité des magistrats non nécessaires est peu utile à la chose publique.124

  • 125 Cité par P. Del Giudice, op. cit., p. 388 ; l’édit est publié dans O. Landi, Senatus Mediolanensis,(...)
  • 126 Nous pensons aux travaux de Giorgio Chittolini, dont une partie importante a été recueillie dans La (...)

47Il décide donc de la création d’un Conseil unique : « Nous avons statué et ordonné qu’il y aura dans notre dominio de Milan un seul Conseil suprême, qui sera appelé notre Sénat, selon l’habitude ancienne » (Statuimus et ordinamus quod de caetero erit in dicto dominio nostro Mediolani unicum supremum consilium qui Senatus noster iuxta veterum morem appellabitur125). Si l’on peut dire que cette volonté explicite de simplifier l’administration par souci de la chose publique peut être qualifiée de « moderne », il est notable que la « modernité » trouve à s’enter sur de vieilles formes : à côté du fief, un autre outil « ancien » dont une historiographie très féconde a montré la modernité et la fonction renouvelée126, on trouve les conseillers, qui gravitent dans le vaste ensemble de personnes appartenant à la Cour ; et l’on trouve les Conseils, formule inusable qui permet de saisir l’articulation entre les dimensions personnelles et bureaucratiques de l’État au bas Moyen Âge.

ANNEXES

APPENDICE

CONSEILS ET CONSEILLERS À MILAN SOUS LES SFORZA (1450-1499)

Liste des conseillers des ducs de Milan (1450-1499)127

Conseillers secrets Francesco Sforza (1450-1466)

11 mars 1450

Giovanni Feruffini

11 mars 1450

Nicolò Arcimboldi

11 mars 1450

Oldrado Lampugnani

11 mars 1450

Pietro Visconti

11 mars 1450

Lancellotto Crotti

11 mars 1450

Pietro Cotta

11 mars 1450

Antonio Trivulzio

11 mars 1450

Guarnerio Castiglioni

11 mars 1450

Franchino Castiglioni

11 mars 1450

Bartolomeo Visconti, évêque de Novare

10 avril 1450

Angelo Simonetta

14 mai 1450

Boccaccino Alamanni

Juin 1450

Rodolfo Da Varano

26 juin 1450

Ludovico Petroni

9 juillet 1450

Giovanni Da Tolentino

29 octobre 1450

Carlo d’Arezzo

8 décembre 1451

Sceva De Curte

(1452)

Tommaso Moroni (Tommaso Da Rieti)

15 mars 1452

Antonio Attendoli

18 octobre 1455

Alberico Maletta

1 er janvier 1456

Erasmo Trivulzio

5 mai 1457

Ludovico Beolchi

23 juillet 1457

Giacomo Della Torre, évêque de Modène

12 juillet 1458

Luigi Bolero

16 août 1458

Pietro Da Noceto

1 er août 1459

Luca Vernazza

1 er décembre 1450

Giovanni Bartolomeo Del Carretto

22 mai 1461

Francesco Accolti

14 juillet 1461

Bartolomeo Morone

14 juillet 1461

Giovanni Da Vimercate

14 juillet 1461

Lorenzo Terenzi

26 septembre 1461

Filippo Borromeo

2 février 1462

Giacomo Trivulzio

22 février 1462

Francesco Coppini, évêque de Terni

19 mai 1462

Otto Del Carretto

16 mai 1463

Stefano Nardini, évêque de Milan

26 juillet 1463

Giovanni Del Carretto

20 avril 1464

Spinetta Campofregoso

1 er septembre 1464

Benedetto Reguardati

5 novembre 1464

Giovanni Da Tolentino

26 novembre 1464

Brocardo Persico

24 mai 1464

Giorgio Crotti

22 août 1465

Lancellotto Del Maino

1466

Cicco Simonetta

12 janvier 1466

Tommaso Tebaldi

Galeazzo Maria Sforza (1466-1476)

2 avril 1466

Francesco Visconti

2 avril 1466

Antonio Da Romagnano

2 avril 1466

Pietro Trivulzio

9 mai 1466

Giovanni Pallavicino di Scipione

25 juin 1466

Giorgio Annoni

25 août 1466

Michele Marliani, évêque de Tortone

7 octobre 1466

Sillano Negri

(avant 1467)

Giovanni Angelo Da Vimercate

28 février 1467

Giovanni Giacomo Riccio

19 mars 1467

Ludovico Da Cuvio

12 septembre 1467

Biaggio Cusani

12 septembre 1467

Gherardo Colli

22 décembre 1467

Giovanni Arcimboldi

11 avril 1468

Giovanni Ludovico Pallavicino

13 avril 1468

Sagramoro Visconti

25 juin 1468

Giovanni Campesi, évêque de Plaisance

15 septembre 1468

Agostino Rossi

13 octobre 1468

Giacomo Malaspina Da Fosdinovo

29 octobre 1468

Andreotto Del Maino

1 er janvier 1469

Onofrio Bevilacqua

2 janvier 1469

Melchiorre Marliani

5 janvier 1469

Branda Castiglioni, évêque de Côme

5 janvier 1469

Giovanni Borromeo

5 janvier 1469

Alessandro Spinola

5 janvier 1469

Pietro Maria Rossi

7 mai 1469

Bartolomeo Scala

13 août 1470

Marco Cattaneo, évêque d’Alexandrie

19 août 1470

Stefano Rossi, évêque de Ventimille

13 janvier 1471

Nicodemo Tranchedini

11 mars 1471

Taddeo Manfredi

1 er septembre 1472

Filippo Guasconi

18 novembre 1472

Pietro Francesco Visconti

2 janvier 1473

Girolamo Maletta

30 avril 1473

Antonio Bracelli

1 er juin 1473

Girolamo Spinola

20 décembre 1473

Giacomo Cusani

1 er janvier 1474

Antonio Da Correggio

3 janvier 1474

Orfeo Da Ricavo

12 janvier 1474

Giovanni Della Porta

1 er janvier 1475

Raimondo Lupi

16 janvier 1475

Ascanio Sforza

16 janvier 1475

Luca Grimaldi

19 septembre 1475

Antonio Secco

28 décembre 1475

Pallavicino Pallavicino

1475

Leonardo Botta

(avant 1476)

Antonio Marliani

Gian Galeazzo Sforza (1476-1494)

3 janvier 1477 ?

Giovanni Melzi

3 janvier 1477

Pietro Pusterla

3 janvier 1477

Pietro Da Gallarate

3 janvier 1477

Guido Visconti

3 janvier 1477

Giovanni Giacomo Trivulzio

3 janvier 1477

Pietro Da Birago

6 janvier 1477

Guido Antonio Arcimboldi

8 janvier 1477

Ottaviano Maria Sforza128

8 janvier 1477

Tristano Sforza129

25 janvier 1477

Francesco Maletta

28 janvier 1477

Marsilio Torelli

(janvier-février 1477)

Angelo Malavolta

[3 février 1477

Antonio Cincinello, Tommaso Foderini, Nicolò De Roberti, Zaccaria Saggi (Zaccaria Da Pisa), Martino Nibbia

3 février 1477

Sforza Maria Sforza

3 février 1477

Ludovico Maria Sforza

3 février 1477

Roberto Sanseverino

3 février 1477

Sforza Sforza

3 février 1477

Bartolomeo Calco

3 février 1477

Giovanni Giacomo Simonetta130]

10 février 1477131

Filippo Maria Visconti

6 mars 1477

Giovanni Matteo Bottigella

14 mars 1477

Tommaso Soderini

14 mars 1477

Luigi Guicciardini

20 mars 1477

Nicolò Da Tolentino

21 mars 1477

Bartolomeo Quartari

23 mai 1477

Pietro Dal Verme

10 juin 1477

Girolamo Spinola

16 août 1477

Giacomo Bonarello

12 septembre 1477

Zaccaria Saggi (Zaccaria Da Pisa)132

5 octobre 1477

Azzone Visconti

8 décembre 1477133

Giovanni Angelo Talenti (Giovanni Angelo Da Firenze)

4 avril 1479

Gaudenzio von Matsch [Gaudentius Colonensis Advocatus de Amatia]

14 avril 1479

Antonio Trotti

17 juin 1479

Giovanni Antonio Del Maino

(avant juin 1479134)

Pietro Landriani

(avant septembre 1479)

Scipione Da Barbavaria

15 septembre 1479

Antonio Trivulzio

15 septembre 1479

Giovanni Crivelli

2 octobre 1479

Scarampo Scarampi

8 novembre 1479

Gabriele Tassino

16 novembre 1479

Antonio Cotta

30 novembre 1479

Ambrogio Griffi

1 er janvier 1480

Alberto Visconti

11 janvier 1480

Giovanni Bartolomeo Cusani

janvier 1480

Borino Colli

(avant mars 1480)

Giovanni Stefano Cusani

1 er avril 1480

Antonio Landriani

27 avril 1480

Ortlieb von Brandis, évêque de Coire

23 mai 1480

Pietro Da Vaubren

23 mai 1480

Bartolomeo Huober

23 mai 1480

Enrico Roest

23 mai 1480

Giovanni Valinen

23 mai 1480

Giovanni Ferr

23 mai 1480

Enrico Hasfort

23 mai 1480

Gaspare Da Hertestein

26 mai 1480

Bertrando de Brossa [Bertrand de Brosse]

12 octobre 1480

Pietro Pasino Eustachi

12 octobre 1480

Giovanni Francesco Pallavicino

9 novembre 1480

Galeotto Bevilacqua

23 décembre 1480135

Giovanni Andrea Cagnola

1481

Alpinolo Da Casate

3 janvier 1481

Nicolò Da Correggio

3 janvier 1481

Cesare Valentino

31 janvier 1481

Borso Da Correggio

3 mars 1481

Luigi Arcimboldi

20 mai 1481

Alessandro Da Rho

2 janvier 1482

Manfredo Landi

7 janvier 1482

Martino Paolo Nibbia

9 février 1482

Raffaele Inviciati

16 février 1482

Daniele Da Birago

13 avril 1482

Stefano Stampa

22 avril 1482

Bartolomeo Scotti

15 mai 1482

Giberto Sanvitale

19 juin 1482

Guido Torelli

15 juillet 1482

Andrea Scench

17 août 1482

Fabrizio Marliani, évêque de Plaisance

17 août 1482

Ibleto Fieschi

17 octobre 1482

Giovanni Attendoli

9 avril 1483

Agostino Panigarola

(1484)

Angelo Da Birago

29 novembre 1484

Francesco Bernardino Visconti

11 mars 1486

Erasmo Trivulzio

11 mars 1486

Alessandro Pallavicino

31 août 1486

Giovanni Rusca

21 octobre 1486

Giacomo Trotti

8 novembre 1486

Corrado Stanga

19 janvier 1487

Vitaliano Borromeo

29 août 1487

Giovanni Auria

8 novembre 1487

Branda Castiglioni

18 juillet 1488

Girolamo Pallavicino, évêque de Novare

(1488)

Giovanni Francesco Anguissola

(1489)

Baldassare Pusterla

27 octobre 1489

Battista Visconti

8 août 1490

Francesco Fontana

(1491)

Giovanni Antonio Della Rocchetta

15 mai 1491

Giovanni Giacomo Cotta

1 er juin 1491

Ambrogio di Rosate

5 octobre 1491

Teodoro Rotario

26 octobre 1491

Giacomo Biglia

21 décembre 1491

Ugo Sanseverino

(1491)

Renato Trivulzio

29 août 1492

Giasone Magno

5 décembre 1492

Enrico de Ewen, évêque de Coire

5 mars 1493

Stefano Taverna

4 juillet 1493

Gaspare Visconti

(1493)

Ambrogio Del Maino

(avant octobre 1493)

Raffaele Torniello

8 octobre 1493

Paolo Lonato

13 novembre 1493

Borella Secco

23 novembre 1493

Giovanni Stefano Cotta

22 août 1494

Antonio Stanga

avant septembre 1494

Pietro Alamanni

18 septembre 1494

Galeotto Pio Da Carpi

Ludovico Sforza (1494-1499)

23 octobre 1494

Nicolò Tigrino

25 octobre 1494

Antonio Visconti

4 novembre 1494

Giovanni Maria Visconti

17 novembre 1494

Giovanni Trivulzio

18 novembre 1494

Giacomo Secco

19 novembre 1494

Giacomo Antonio Sanvitale

6 décembre 1494

Ugolotto Crivelli

6 décembre 1494

Manfredo Landi

6 décembre 1494

Pompeo Landi

9 décembre 1494

Cristoforo Lattuada

11 décembre 1494

Battista Sfondrato

9 janvier 1495

Iodoco de Silven

13 janvier 1495

Bernardino Corte

11 février 1495

Alimento Negri

13 février 1495

Stefano Taverna

15 février 1495

Andrea Recuperato

21 février 1495

Alberto Bruscolo

(avant mars 1495)

Annibale Balbiani

(avant avril 1495)

Giovanni Francesco Malatesta

(avant mai 1495)

Giacomo Nibbia

18 mai 1495

Girolamo Landriani

17 juin 1495

Luigi Beccheto

15 juillet 1495

Leonardo Visconti

21 juillet 1495

Ugo Cavacio

29 juillet 1459

Gaspare Visconti

11 septembre 1495

Giovanni Luigi Visconti

14 octobre 1495

Raffaele Torniello

novembre 1495

Girolamo Spinola

(novembre 1495)

Giorgio Pietrapiana

21 décembre 1495

Antonio Coti

29 décembre 1495

Luigi Gallarate

19 janvier 1496

Giacomo Antonio Torriani

24 janvier 1496

Enrico de Ewen, évêque de Coire

(avant février 1496)

Omodei

7 février 1496

Giovanni Conte136

29 février 1496

Pietro Martire Stampa

15 avril 1496

Giovanni Beccaria

4 juin 1496

Antonio Guasco

10 juin 1496

Giacomo Trecco

1 er septembre 1496

Francesco Scotti

15 mars 1497

Giovanni Balistario

16 mars 1497

Giovanni Giacomo Vicemala

4 mai 1497

Alberto Cattaneo

6 juin 1497

Ludovico Bolognino

25 juin 1497

Geremia Contugi, évêque d’Assise

3 juillet 1497

Odo d’Incisa

22 août 1497

Francesco Corte

23 août 1497

Guido Torelli

17 septembre 1497

Ottaviano Sforza

18 octobre 1497

Nicolò Arcimboldi

16 décembre 1497

Bertrando Costabili

28 décembre 1497

Giberto Borromeo

(1498)

Antonio Balbiani

6 avril 1498

Francesco Sofia

2 juin 1498

Giovanni Francesco De Curte

8 juillet 1498

Bernardino Pallavicino

20 juillet 1498

Giovanni Girolamo Visconti

20 juillet 1498

Bono Lucense

24 septembre 1498

Giulio Cesare Cantelmo, évêque de Nicée137

5 octobre 1498

Girolamo Scarpa

8 octobre 1498

Ludovico Landriani

(avant décembre 1498)

Lancellotto Decio

(avant 1499)

Giovanni Francesco Marliani

3 janvier 1499

Antonio Maria Pallavicino

10 janvier 1499

Renato Trivulzio

15 janvier 1499

Giovanni Giacomo Castiglioni

28 avril 1499

Agostino Negri

11 mai 1499

Troilo Scotti

28 juillet 1499

Oldrado Lampugnani

Conseillers de justice Francesco Sforza (1450-1466)

11 mars 1450

Bartolomeo Morone

11 mars 1450

Giacomo Da Dugnano

11 mars 1450

Sillano Negri

11 mars 1450

Giovanni Da Vimercate

13 janvier 1452

Giovanni Da Amelia

20 janvier 1454

Alberico Maletta

1 er avril 1460

Cristoforo di Monte

14 juillet 1461

Antonio Bossi

17 mars 1462

Giorgio Torti

8 février 1465

Raffaele Da Busseto

Galeazzo Maria Sforza (1466-1476)

18 août 1466

Giovanni Agostino Da Vimercate

19 août 1466

Giovanni Arcimboldi

6 octobre 1466

Giacomo Cusani

5 novembre 1467

Alessandro Spinola

5 novembre 1467

Giovanni Serra

16 juillet 1471

Raimondo Lupi

1 er janvier 1472

Girolamo Maletta

1 er janvier 1472

Giovanni Andrea Cagnola

28 décembre 1472

Giovanni Luigi Bossi

(avant 1473)

Antonio Bracelli

11 novembre 1473

Francesco Spinola

27 août 1474

Giovanni Angelo Talenti (Giovanni Angelo Da Firenze)

28 août 1474

Gigliolo Olduini

Gian Galeazzo Sforza (1476-1494)

13 octobre 1477

Baldassare De Curte

8 novembre 1480

Matteo Corti

20 novembre 1480

Giovanni Giacomo Cotta

18 mai 1481

Branda Castiglioni

12 juin 1482

Pietro Pallavicino di Scipione

13 juillet 1482

Giovanni Francesco Marliani

(octobre 1482)

Battista Sfondrato

17 novembre 1482

Giovanni Battista Vincemala

19 décembre 1482

Giovanni Francesco Malatesta

1484

Pietro Crivelli

1484

Signorolo Omodei

1484

Paolo Andrea Marliani

1 er janvier 1484

Giovanni Stefano Castiglioni

février 1484

Giovanni Giacomo Da Dugnano

(avant 1485)

Giovanni Pietro Suardo

(avril 1485)

Ambrogio Aliprandi

6 juillet 1486

Antonio Balbiani

24 février 1487

Giovanni Feruffini

5 mai 1487

(Giovanni) Battista Castiglioni

5 février 1488

Antonio Stanga

11 novembre 1489

Paolo Lonato

1 er septembre 1491

Giovanni Da Puteo

4 août 1492

Andrea Beccaria

23 septembre 1493

Sigismondo Zobolo

4 janvier 1494

Ottaviano Da Vimercate

(février 1494)

(Giovanni) Galeazzo Trotti

12 juin 1494

Filippo Butigella

Ludovico Sforza (1494-1499)

2 janvier 1495

Bartolomeo Pagnano

4 janvier 1495

Girolamo Cusani

7 janvier 1495

Matteo Bossi

13 janvier 1495

Luigi Brippio

14 février 1495

Ambrogio Opizzone

19 mars 1495

Bartolomeo Socino

15 janvier 1496

Giovanni Cusani

25 janvier 1496

Lancellotto Vistarini

20 février 1497

Ambrogio Zanca

19 mai 1497138

Giovanni Domenico Mezzabarba

19 mai 1497139

Giovanni Francesco De Curte

12 août 1497

Cesare Guasco

6 avril 1498

Domenico Spinola

(1498)140

Taddiolo Da Vimercate

6 juillet 1499

Bernardino Tebaldi

mars 1500

Antonio Vicedomini

mars 1500

Michele Marliani

3 avril 1500

Luchino Crivelli

NOTES

1 Ces carences sont bien résumées par R. Fubini, « Osservazioni e documenti sulla crisi del ducato di Milano nel 1477e sulla riforma del Consiglio segreto ducale di Bona Sforza », dans S. Bertelli et G. Ramakus (dir.), Essays presented to Myron P. Gilmore, 1, History, Florence, 1978, p. 47-103, p. 49. Plutôt que maigre, la documentation est inégale : on dispose d’une correspondance abondante ou encore de nominations de conseillers, mais, sauf pour quelques périodes exceptionnelles (voir Acta in Consilio Secreto in Castello Portae Jovis Mediolani, éd. A.R. Natale, Milan, A. 1963-1969, 2 vol. ), on a peu de documents révélant le contenu des délibérations.

2 F.M. Vaglienti, « “Fidelissimi servitori de Consilio suo secreto”. Struttura e organizzazione del Consiglio segreto nei primi anni del ducato di Galeazzo Maria Sforza (1466-1469) », Nuova rivista storica, 76, 1992, p. 645-708, le définit p. 654 comme un alter ego politico. De Pavie, le 7 septembre 1469, le duc écrit aux conseillers : representati la persona nostra propria, et c’est sur eux que les autres magistrats hanno ad prendere norma, spechio et exempio. On voit à diverses reprises le duc ordonner à son destinataire d’informer, indifféremment, lui-même ou le Conseil secret : voir par exemple Archivio di Stato di Milano (dorénavant ASMi), Registri delle Missive (dorénavant RM), 14, f° 364v, de Milan, le 10 mars 1450, lettre du duc à Teseo Da Spoleto et lettre du duc à son commissaire, à son podestat et à son référendaire à Plaisance.

3 G. Simonetta, Historia de rebus gestis Francisci I Sfortiae Vicecomitis Mediolanensium Ducis, éd. L.A. Muratori, Rerum Italicarum Scriptores, 21, Milan, ex typ. Societatis palatinae, 1732, c. 165-782, c. 604, l’affirme de façon implicite : Interea res urbanas componere studet, viros graves, rerumque peritos designat, quorum alii negottis publicis intendant, alii jus populis reddant, alii aerario praesint. La ville de Milan aussi s’en soucie : un acte du 26 février 1450, avant l’investiture solennelle du duché (qui est du 25 mars), montre que la ville demande que les deux Conseils et les maîtres des entrées résident dans la ville (Item, che la persona e la corte del prefato illustrissimo Duca faccia residenza in la città de Milano almanco per otto mesi per anno, et che il suo consiglio secreto et de iustitia et de magistri dell’entrate continuamente et in tutto facciano residenza a Milano […] ; cité par P. Del Giudice, « I consigli ducali e il senato di Milano. Contributo alla storia del diritto pubblico milanese dal XIV al XVI secolo », Reale Istituto lombardo di scienze e lettere. Rendiconti, 2e série, 32, 1899, p. 317-343 et 384-407, p. 324). Toute une série de lettres d’avant le 25 mars procède à la nomination des conseillers et des secrétaires et chanceliers des Conseils. Sous la République ambrosienne, le Conseil de justice était demeuré, mais le Conseil secret avait été aboli et ses attributions transférées à des institutions républicaines. Voir Acta in Consilio…, op. cit., qui dit du Conseil secret, p. XIII, qu’il fut supprimé quasi che fosse un riflesso dell’autorità ducale.

4 Ce point est bien précisé par G.P. Lubkin, A Renaissance Court. Milan Under Galeazzo Maria Sforza, Berkeley, Los Angeles-Londres, 1994, p. 19-20 ; voir aussi C. Santoro, Gli uffici del dominio sforzesco (1450-1500), Milan, Fondazione Treccani degli Alfieri per la storia di Milano, 1948, « Introduzione », p. XIII-XXXIX ; on trouve, p. XIX-XXIII, une présentation claire et synthétique des Conseils (sans compter bien sûr les noms des conseillers et autres personnels travaillant pour les Conseils, p. 3-49). Voir aussi les développements substantiels que l’on trouve dans F. Leverotti, « Gli officiali del ducato sforzesco », dans F. Leverotti (dir.), « Gli officiali negli Stati italiani nel Quattrocento », Annali della Scuola normale superiore di Pisa, IV, Quaderni, 1, 1997, p. 17-77.

5 Les proches du pouvoir et les grands peuvent donner des conseils au prince sans être nécessairement membre de tel ou tel Conseil : voir par exemple Stilus Cancellariae : formulario Visconteo-Sforzesco, éd. A.R. Natale, Milan, 1965, index, s.v. « Milano », « consilium », etc., qui montre bien la diversité du conseil. De tels conseillers sont évoqués par G.P. Lubkin, op. cit., par exemple p. 222 ou p. 231. On les aperçoit parfois dans les sources, en audience avec le duc : à propos de quatre personnages que le duc a appelés à Abbiategrasso, le secrétaire ducal Cicco Simonetta écrit, le 4 avril 1473 : Sono stati in consiglio circa tre hore (C. Simonetta, I diari di Cicco Simonetta, éd. A.R. Natale, Milan, 1962, p. 20) ; ou encore, pour le 13 septembre 1473 : Dapoy il disnare, il Signore fu in conseglio col Cardinale et messer Antonio Cicinello (ibid., p. 48 ; voir aussi p. 49, p. 58, p. 123, p. 136-137, p. 180, etc.). Dans ce contexte, la mention du consilio ne diffère guère de celle d’une audientia.

6 Voir par exemple R. Bellosta, « Le “squadre” in Consiglio : assemblee cittadine ed élite di governo urbana a Piacenza nella seconda metà del Quattrocento tra divisioni di parte e ingerenze ducali », Nuova rivista storica, 87, 2003, p. 1-54.

7 Cette attention à l’origine, au reste légitime, n’est pas propre aux historiens de Milan ; voir par exemple C. Mozzarelli, « Il Senato di Mantova. Origini e funzioni », Mantova e i Gonzaga nella civiltà del Rinascimento (colloque de Mantoue, 6-8 octobre 1974), Segrate, 1978, p. 65-98, ou A. Barbero, « Le origini del Consiglio Cismontano (1419-1432) », Bollettino storico-bibliografico subalpino, 86, 1988, p. 649-657. Sur la question des origines des Conseils milanais et celle, indissociable, de la continuité, P. Del Giudice, op. cit., s’oppose à A.L. Crespi, Del Senato di Milano. Ricerche intorno alla costituzione dello Stato di Milano al tempo della dominazione spagnola, Milan, Tip. Del Riformatorio Patronato, 1898, et la plupart des historiens ayant écrit après eux se range derrière l’un ou l’autre d’entre eux. Voir aussi R. Maiocchi, « I consigli ducali e il senato di Milano », Ticinensia. Noterelle di storia pavese pei secoli XV e XVI, Pavie, 1900, p. 1-6, qui n’a guère d’intérêt qu’historiographique ; l’auteur vise à contredire Pasquale Del Giudice sur la question de l’apparition des Conseils (Rodolfo Maiocchi les date de plus tôt que Pasquale Del Giudice) et sur le fait qu’on ne parlerait de Senato, dans les sources, qu’à partir de 1473-1474.

8 Ainsi E. Lazzeroni, « Il Consiglio Segreto o Senato sforzesco », Atti e memorie del III Congresso storico lombardo (colloque de Crémone, 21-23 mai 1938), Milan, 1939, p. 95-167, par exemple p. 98. On rencontre dans les mêmes années la même perspective biologique dans C.A. Vianello, « Il Senato di Milano organo della dominazione straniera », Archivio storico lombardo, 7e série, 62, 1935, p. 5-78, où l’on trouve p. 20 des considérations abstraites sur les mutations, les organes et leur nécessité.

9 L’origine est liée à la question du vocabulaire : on trouve un usage générique de Senato, senatore, qui plaide pour la thèse continuiste ; avant le Sénat français de 1499, on pouvait parler de Senato, ainsi que le fait l’historien de la fin du XVe siècle Bernardino Corio lui-même, avec une mention pour l’année 1317.

10 L’état de la question et son tour assez idéologique ont été déjà bien analysés par U. Petronio, Il Senato di Milano. Istituzioni giuridiche ed esercizio del potere nel ducato di Milano da Carlo V a Giuseppe II, Milan, A. Giuffrè, 1972, notamment p. 6-13.

11 C’est particulièrement marqué chez C.A. Vianello, op. cit., qui ne voit dans le Sénat de Louis XII qu’un corps foggiato sulla tradizione dei parlamenti francesi (p. 6). « Naturel » en France, ce corps ne serait pas harmonieux ici. À l’« équité », qui viendrait des Sforza, l’auteur oppose l’« entérinement », qui serait d’origine française. A.L. Crespi, op. cit., conscient de la place excessive tenue par la question des origines (on lit p. 8 que l’unica controversia che a lungo tenne occupati i nostri storici e cronisti intorno al Senato, e non ancor oggi menomamente definita, è quella che ne riguarda le origini), juge que le mot « Senato » prima dell’anno 1499 non sia che un vacuo nome (ibid., p. 32). Preuve en est– habile argument a contrario – que, à diverses dates, l’on trouve appelés senatori des gens n’appartenant pas au Conseil : les mots sont donc d’usage lâche, mais, Crespi y tient, l’institution n’existe pas encore, et il s’oppose donc à ceux qui jugent que le « Sénat » est né en 1476.

12 P. Del Giudice, op. cit., rappelle p. 319 que Pietro Azario lui-même (fin XIVe siècle), dans sa chronique, évoque des « conseillers » de Bernabò, et qu’il propose de voir dans les anciens consules de placitis et consules de iustitia des ancêtres des conseillers de justice.

13 D.M. Bueno de Mesquita, « The Privy Council in the Government of the Dukes of Milan », dans Florence and Milan, Comparisons and Relations, Florence, 1989, 1, p. 135-156, p. 136.

14 Ibid. Quant au lieu de réunion, voir P.C. Decembrio, Vita Philippi Mariae III Ligurum ducis, dans Petri Candidi Decembrii Opuscula historica, éd. A. Butti, F. Fossati et G. Petraglione, R erum Italicarum Scriptores, 20, 1, Bologne, 1925, p. 1-438, qui consacre un passage au Conseil, aux conseillers et aux lieux où Filippo Maria les réunit, au début du chapitre XLVIII : Quo ordine magistratus et digniores admittebantur ab eo. On lit p. 283 : Consiliares plerumque postcibum admittebas, nec tamen omnes, sed eos dumtaxat, quos ad epistolas adesse oporteret, audiebatque percursim, deinde ocio vacabat. Ceteris non idem habebatur honos : pauci in priorem aulam recipiebantur, paucissimi in secundam, demum magistratibus egressis una abibant. C’est sur ce passage que se greffe la note 5, p. 283-285, qui envisage la question de manière approfondie. La question du lieu est aussi traitée ponctuellement dans G.P. Lubkin, op. cit. ; part. p. 329, n. 125.

15 P. Del Giudice, op. cit.

16 E. Lazzeroni, op. cit. semble pourtant croire à une continuité entre l’ancien Grand Conseil de tous les citoyens (début XIVe siècle) et le Conseil secret via le Conseil des 900 (1312) (voir p. 98-99).

17 Voir V. Crescenzi, Esse de maiori consilio. Legittimità civile e legittimazione politica nella repubblica di Venezia (secoli XIII-XVI), Rome, 1996.

18 Voir J. Quillet, « Community. I. Community, Counsel and Representation », dans J.H. Burns, The Cambridge History of Medieval Political Thought c. 350-c. 1450, Cambridge, 1988, p. 520-572, en particulier les p. 545-554, sur la notion de conseil médiéval ; l’auteur envisage rapidement le cas italien (p. 552-553). Elle entend par Conseil, dans les villes de l’Italie septentrionale, une assemblée : on appelle consiliarii les membres des divers corps administrant la ville avec le podestà et les consuls (p. 552). Il s’agit là de l’héritage communal, et non du Conseil dont nous traitons ici. Sur Milan, on lit dans D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 137, que No single model could have produced this pattern ; ce n’est pas, ajoute l’auteur, un Conseil « généalogiquement » féodal comme en Savoie, et pas non plus un Conseil qui serait en filiation avec le Conseil communal. Ces institutions ont à voir avec la nature diverse (princière ou républicaine, patrimoniale ou urbaine, régionale ou locale, etc.) des États italiens – question immense, sur laquelle nous nous permettons de renvoyer à P. Savy, « Gli Stati italiani del XV secolo : una proposta sulle tipologie », Archivio storico italiano, 606, 4, 2005, p. 735-759.

19 Voir N. Covini, « La balanza drita ». Pratiche di governo, leggi e ordinamenti nel ducato sforzesco, Milan, 2007, p. 34-35.

20 C.A. Vianello, op. cit., a bien noté l’imprécision des attributions, déterminées di volta in volta dall’arbitrio del principe (p. 18) ; l’idée d’un Conseil secret traitant des affaires que lui soumet le prince est p. 19.

21 Voir ainsi la longue énumération des fonctions dans A.L. Crespi, op. cit., p. 25-28.

22 ASMi, RM, 10, f° 165v°, de Gambara, le 6 décembre 1452 : Francesco Sforza écrit au Conseil de justice pour lui demander de trouver une solution à nonnullas vertentes controversias inter magnificum Rolandum marchionem Palavicinum et spectabilem militem dominum Ottonem de Mandello.

23 On voit ainsi dans ASMi, RM, 8, f° 90r-90v°, de Lodi, le 19 janvier 1452, Francesco Sforza demander aux conseillers de renoncer à la révocation d’un homme, parce qu’il la juge mal fondée.

24 Voir Stilus Cancellariae…, op. cit., p. XLIV : L’incombenza principale del Consiglio Segreto sta nel consigliare il Duca ed operare con vigilanza per il bene dello Stato : si tratta di un impegno politico, che diventa dovere dell’officio per la fiducia che il Principe vi ripone. Oltre che organo politico, il Consiglio era supremo tribunale di giustizia civile e criminale. Per il ramo civile veniva particolarmente impegnato il Consiglio di Giustizia.

25 Carteggio degli oratori mantovani alla Corte sforzesca (1450-1500), F. Leverotti (dir.), 10, 1475-1477, éd. G. Battioni, Rome, 2008, p. 431 : el consiglio s’è ridutto per essere insieme.

26 Il est question dans ASMi, RM, 12, f° 40v°, de Milan, le 18 février 1452, d’un long débat au Conseil circa reformationem omnium monetarum.

27 Voir ASMi, RM, 2, en décembre 1450-janvier 1451 : on redoute alors la peste. De Lodi, le 21 décembre 1450 (f° 320v), Francesco Sforza demande au Conseil secret de vérifier que Castell’Arquato est en bonne santé avant de lever la quarantaine qui frappe le lieu ; une histoire proche exprimant la même crainte de l’épidémie dans le registre 3 (de Lodi, le 12 décembre 1450, f° 104v°), où Sforza demande de vérifier en secret si Plaisance est vraiment in bona convalesentia et que molti dì passati non gli è morto alcuna persona per casone de peste ; le duc reprend la question le 27 janvier 1451 (ASMi, RM, 2, f° 378r°), pour évoquer la peste qui semble avoir cessé à Alessandria.

28 Dans ASMi, RM, 5, f° 39r-40v, de Crémone, le 17 juillet 1451, on voit le duc faire part au Conseil de sa préoccupation concernant le différend entre les hommes d’Annone et ceux de Cerro et de La Rocchetta (les faits se passent en Brianza).

29 Publié dans P. Del Giudice, op. cit., p. 395-397.

30 Voir D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 140, et le passage « 2. La sede del Consiglio Segreto » de F.M. Vaglienti, op. cit.

31 ASMi, RM, 5.

32 Voir la lettre ducale au régulateur et aux maîtres des entrées ducales (ASMi, RM, 15, f° 71v°, de Milan, le 9 février 1452) : […] ordinat, contentatur et vult illustrissimus dominus noster quod sigillum quoddam ducale factum per magistrum Gabrielem de Piroveno, aurificem, pro usu ducalis Consilii secreti exigatis et exigi faciatis.

33 Comme le souligne N. Covini, op. cit., p. 40.

34 Dûment relatés, pour la période qu’elle étudie, par F.M. Vaglienti, op. cit.

35 Sur ce « vestige », voir ibid., p. 668-669.

36 F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit., p. 17.

37 G.P. Lubkin, op. cit., p. 140.

38 D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 140.

39 Il n’est d’ailleurs pas exceptionnel que le duc s’adresse ensemble aux Dominis de Consilio secreto et iustitie (voir par exemple ASMi, RM, 2, f° 101v°, de Lodi, le 21 août 1450).

40 C. Simonetta, op. cit., p. 111 : Questo drieto disnare, el Signore fece domandare ne la salla biancha et morella el Conseglio Secreto et de Justitia, per consultare al facto de lo privilegio del Ducato etc. et de erectione Ducatis in Regnum, etc.

41 Cassano d’Adda, à une trentaine de km à l’est de Milan.

42 Ibid., p. 127.

43 C. Simonetta, op. cit., p. 209.

44 Comme le montre bien D. M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 146-147.

45 C’est la principale thèse défendue ibid. (voir notamment p. 148-151), dans un propos qui tend à majorer la dimension absolutiste du duc.

46 Sur ce point, voir N. Covini, op. cit., p. 32-33 ; plus généralement, sur la place et le rôle des juristes au Conseil, voir les p. 31-40.

47 Sur ces carrières, voir le travail de reconstitution de F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit.

48 Voir les reconstitutions prosopographiques de C. Santoro, op. cit. Branda Castiglioni fut « premier conseiller » ; on voit aussi Ascanio Sforza nommé conseiller secret en janvier 1475 et placé par son frère à la tête du Conseil, ainsi que le raconte G.P. Lubkin, op. cit., p. 207.

49 Le document est publié en exergue d’Acta in Consilio…, op. cit. : Havemo de comuni consensu judicato esser nostro officio drizare la mente, l’inzegno, l’opera e lo studio a tutte quelle cose che possono essere proficue al continuare e perpetuare questo sancto principio de conservare questi illustrissimi Signori nostri et suo Stato.

50 ASMi, RM, 88, cité par F.M. Vaglienti, op. cit., p. 649.

51 Voir par exemple les suppositions que fait l’ambassadeur Marsilio Andreasi dans la lettre qu’il adresse à son maître, Ludovico Gonzaga, de Milan, le 6 novembre 1466 (Carteggio degli oratori…, op. cit., 7, 1466-1467, éd. M.N. Covini, Rome, 1999, p. 131).

52 Stilus Cancellariae…, op. cit., doc. 57, p. 86-87, « Forma sacramenti prestandi per Consiliarios » : Primo, quod non faciet, consulet, neque committet aliquid quod sit aut redundare possit contra personam, honorem, Statum, gradum, dignitatem et preeminentiam illustrissimi Domini nostri, eiusque filiorum et heredum ac illius seu illorum, quem seu quos legitimaverit et habilitaverit ad successionem suam, nec aliquid faciet contra mandata et ordines prefati Domini et suorum, utsupra.

53 F. Carta, « Pagina di diplomatica in una lettera del secolo XV », Archivio storico lombardo, 9, 1882, p. 557-563.

54 Voir G.P. Lubkin, op. cit., p. 74.

55 ASMi, RM, 5, f° 228v°, de Belgioioso, le 14 octobre 1451 : Sforza écrit aux conseillers pour leur reprocher l’absentéisme de certains et souligner le tort qu’il cause (ne poria seguire preiudicio et alchune fiate grandissimo pericolo), et pour les prier de se réunir et de se montrer diligents (ve confortiamo et caricamo, per lo amore et devocione che ne portati, vogliati adunarvi et redurre tutti insieme et attendere alle cose occorente et che accaderano ad dargli celere expedictione, facendo in questo como havimo speranza in vuy).

56 Un exemple pour l’année 1472 dans G.P. Lubkin, op. cit., p. 132.

57 ASMi, RM, 4, f° 343r°, de Lodi, le 28 septembre 1451 : Sforza écrit à ses officiers des finances (Regulatori et Magistris intractarum) pour leur rapporter que : se gravano li spectabili domini del nostro Consilio secreto che sono maltractati ne lor pagamenti e provixione et qu’il faut y remédier pour : che non habiano cagione de lamentarse.

58 Sur ce point, voir surtout Stilus Cancellariae…, op. cit., doc. 51-57, p. 79-87.

59 Ibid., p. 83.

60 Ibid., doc. 51, p. 79 : « Pro Primo Consiliario Episcopo placentino Cardinali portuensi ». C’est à l’époque viscontienne : il meurt en 1443.

61 […] de summa et admirabili eius prudentia, integerrimaque ad nos et Statum nostrum fide et sacra virtute, non aliter quam de nobis ipsis confidentes, tenore presentium eundem reverendissimum dominum Cardinalem de Castiliono dignissimum facimus, constituimus et creamus, ab hodierna die in ante usque ad beneplacitum nostrum, primum et summum consiliarium nostrum, Consiliique nostri caput […]

62 Ibid., doc. 53, p. 81-82, « Pro Consiliario cum aliqua commissione » ; quod subditis nostris non fiant alique violentie, jus omnibus ministretur et quicunque excessus ac errores debite puniantur, subditis dentur celeres audientie, promptissime fiant expeditiones in quibuslibet causis eorum, nec aliqualiter in suspenso vel in moro teneantur, ut audivimus sepe fieri.

63 ASMi, RM, 12, f° 254r-254v°, de Leno, le 17 octobre 1452 : le duc écrit à Pietro Visconti que : le cose del consilio là a Milano pasano molto fredamente et lentamente, et questo è perché quelli del Consilio gli vano poco et mancho gli persenciano.

64 ASMi, Registri ducali, 179, f° 269r-270r° (cité par C. Santoro, op. cit., p. 15) ; voir par exemple Cronica gestorum in partibus Lombardie et reliquis Italiae 1476-1482, éd. G. Bonazzi, Rerum Italicarum Scriptores, 22, 3, Città di Castello, S. Lapi, 1904-1910, p. 96.

65 ASMi, Autografi, 206, s.d. : Ad commodum, quietem, decus et ornamentum status et subditorum nostrorum, nihil conducibilius fore putamus quod uiros apud nos habere magne uirtutis prudentie fidei et integritatis, quorum consilio res nostras gubernemus. Igitur cum nobis satis perspicuum sit, magnificum comitem Petrum de Verme armorum ductorem nostrum dilectissimum [rajouté en marge : clarissimo patre natum illustrissimis precessoribus nostris deuotissimo] praeter eximias corporis dotes innumeraque fortune bona, consilio, uirtute, prudentia, rerumque gerendarum experientia nec relliquis animi dotibus, militie domique plurimum ualere. Ad hec non ignari quod mirifex nobis rebusque nostris deditus sit. Eum in consiliarium nostrum duximus eligendum.

66 ASMi, Registri ducali, 179, f° 269r-270r° : Si enarrare uoluerimus quot quantisque beneficiis illustrissimos predecessores nostros prosecuta semper fuerit magnifica domus de Verme et quot preclaros insignesque uiros tam pace quam bello domus ista ediderit, dificilius profecto esset finem quam principium reperire. Comme de juste, suite à cette nomination, on voit Pietro siéger régulièrement au Conseil secret : voir Acta in Consilio…, op. cit., vol. 1, Milan, 1963, p. 50, 52, 54, 55, 89, etc.

67 E. Lazzeroni, op. cit., p. 104, écrit que ce fut : forse per offrir loro un qualsiasi compenso al diminuito ascendente del nome et évoque l’ajout de : nomi nuovi di dotti, di giuristi, di umanisti, di oratori e diplomatici, di uomini d’arme, di prelati e di nobili e potenti Signori a lui cari o per servigi già resi o per quelli che da loro si rimprometteva. On doit dire encore la valeur irremplaçable des tableaux dressés par C. Santoro, op. cit. : p. 3-30 pour les conseillers secrets (et, plus généralement, p. 3-49 sur tous les personnels des deux Conseils).

68 Comparer les positions opposées de F.M. Vaglienti, op. cit., p. 680 et de G.P. Lubkin, op. cit., p. 140.

69 F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit., p. 23.

70 Voir sur ces aspects C. Casagrande, « Virtù della prudenza e dono del consiglio », dans C. Casagrande, C. Crisciani et S. Vecchio (dir.), Consilium. Teorie e pratiche del consigliare nella cultura medievale, Florence, 2004, p. 1-14.

71 La distinction dominium, consilium et officium est dans G. Castelnuovo, Ufficiali e gentiluomini. La società politica sabauda nel tardo medioevo, Milan, 1994, p. 11.

72 S’agissant des obligations vassaliques, la lettre adressée par Fulbert de Chartres à Guillaume V d’Aquitaine vers 1020 est la référence la plus classique (déjà considérée comme telle par exemple dans A. Luchaire, Manuel des institutions françaises. Période des capétiens directs, Paris, 1892 ; voir en particulier p. 186 et, sur les conseillers du roi, p. 534-539).

73 Voir L. Arcangeli, « Premessa », dans L. Arcangeli (dir.), Milano e Luigi XII. Ricerche sul primo dominio francese in Lombardia (1499-1512), Milan, 2002, p. 12-13 : à l’époque des Sforza, cette affinità univa coloro che si trovavano con [il principe] in qualche specie di prossimità, avendo ottenuto (o accettato, secondo una diversa ottica) uffici di corte, posti nei consigli o nelle magistrature o nell’esercito, benefici ecclesiastici o altre forme di patronato (in cui arriveremo a includere i rapporti di affari), o essendo entrati a far parte della parentela principesca […]

74 F.M. Vaglienti, op. cit., p. 680.

75 Nous avons discuté ce thème dans P. Savy, « Remarques sur le pouvoir et la société politique dans le duché de Milan au XVe siècle », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 115, 2, 2003, p. 987-1019.

76 Giovanni Pallavicino podestat de Dongo (province de Côme) en 1456 ; Marco Pallavicino « capitano del divieto » à Novare en 1480 et 1489 ; et Giovanni Pallavicino de Scipione commissaire à Crémone en 1468.

77 Le marquis Pietro Pallavicino de Scipione, protonotaire apostolique, entre au Conseil de justice en 1482. Dal 1468 in poi ci fu sempre almeno un Pallavicino nel consiglio segreto […], note L. Arcangeli, « Un lignaggio padano tra autonomia signorile e corte principesca : i Pallavicini », dans M. Gentile et P. Savy (dir.), Noblesse et États princiers en Italie et en France au XVe siècle (colloque de Rome, 26-27 novembre 2004), Rome, 2009, p. 29-100, p. 94. Elle ajoute, p. 97 : Negli anni ’80 nel consiglio segreto si trovarono contemporanemente quattro delle linee discendenti da Rolando il Magnifico, senza contare il vescovo di Lodi. Sur les Pallavicino et les autres grandes familles aristocratiques aux Conseils, voir aussi G.P. Lubkin, op. cit., p. 6-7.

78 Ibid., p. 341, n. 111: In 1475, Galeazzo [Maria Sforza] asked Giovanni Borromeo to send his eldest son to court. Giovanni had served faithfully on the Privy Council [le Conseil secret] but refused his request. A furious Galeazzo confiscated the count’s lands, but Giovanni did not give in, and the duke relented (DBI, XIX : 55 ; Calvi, Familie Notabili, II, Borromeo, t. 6; Morbio, Codice Visconteo-Sforzesco, 475-477).

79 Où, « dans l’assemblée comme dans le conseil, la noblesse dispose d’une nette prééminence », selon C. Rivière, « La noblesse, pilier de l’État princier : l’exemple du duché de Lorraine, entre Royaume et Empire », dans M. Gentile et P. Savy (dir.), op. cit., p. 157-172, p. 167 ; on lit p. 167-168 que les nobles possèdent « un droit de regard sur le gouvernement du duché et occupent une place de choix dans les institutions étatiques nouvellement créées. »

80 U. Petronio, op. cit., évoque, p. 36, in base alla qualifica o all’attività professionale, tre diversi gruppi, sur les 259 conseillers secrets de la période 1450-1500 : juristes, ecclésiastiques, militaires ; mais il ajoute que de nombreux personnages de haut rang n’entrent pas dans ces catégories.

81 Voir G. Chittolini, La formazione dello stato regionale e le istituzioni del contado. Secoli XIV e XV, Turin, 1979, p. 270.

82 Ambrogio Da Paullo, Cronaca milanese dall’anno 1476 al 1515, dans A. Ceruti (dir.), Miscellanea di storia italiana, 13, Turin, 1871, p. 91-378, p. 101-102 : Eletto adonca il signore Lodovico governator di Milano, prese il dominio in sua possanza, incominziò pian piano a mutar castellani, acciò fusse al preposito suo in conseguire con tempo quello che aveva in mente de fare, zoè duca di Milano, et così mutò li consiglieri dil Senato di Milano et altri capitanii de gente d’arme, removendo li homini vecchi et antichi di Milano, et favorezando forestieri.

83 Ibid., p. 104 : […] de una sorte così fatti vili et abietta, ma per favore del Moro erano fatti grandi. Et aveva depresso li omini da bene de nobil sangue di Milano per esaltar tal sorte, che a la fine tutti o la maggior parte li furono traditori et contrarii in farli perdere il Stato.

84 Documenti di storia italiana copiati su gli originali autentici e per lo più autografiesistenti in Parigi, éd. G. Molini, 1, Florence, 1836, « Ordini di Lodovico il Moro », p. 291-330.

85 Ibid., p. 313 : Havendo portato la necessità di tempi, ch’el consiglio secreto sii multiplicato nel modo ch’el è, volemo sii lassato in questi termini : cioè che non se li possa azonzere più numero, ma si expecti ch’el consilio sii reducto al numero de vinti […]

86 Ibid. : nè si risguardi tanto le case, quanto le virtù et industria de la persona, aciò che ne l’ordine quale è facto al governo de li altri non si metti persona quale habia lei bisogno de essere governata […]

87 L. Arcangeli, « Un lignaggio… », op. cit., p. 94-95 : Dal 1468 in poi ci fu sempre almeno un Pallavicino nel consiglio segreto, un organismo che appunto allora si era decisamente trasformato da strumento pratico di governo ristretto a pochi segretari, famigli e cancellieri ad assise più ampia e prevalentemente connotata in senso feudale, ispirata forse, in coerenza con le ambizioni regie di Galeazzo Maria, al consiglio dei baroni che veniva comunemente associato nell’immaginario collettivo al re di Francia. L’auteur développe cette idée en note, en renvoyant à F. Leverotti, « Governare a modo e stillo de’ Signori… ». Osservazioni in margine all’amministrazione della giustizia al tempo di Galeazzo Maria Sforza duca di Milano (1466-1476), Florence, 1994 : […] dal gennaio 1468, cioè sei mesi prima del parere di cui qui si parla, erano entrati in consiglio quattro grandi feudatari, tre « grandi » milanesi titolari di feudi o di signorie, un condottiere (p. 85-86e n) ; altri grandi e condottieri erano già presenti (p. 84 nota 261 : Giovanni da Tolentino e Lancillotto del Maino ; p. 85 note 263-265 : Francesco Visconti e Giovanni Pallavicino da Scipione, Ludovico di Lugo), insomma tredici su « una ventina » di membri del consiglio segreto.

88 Sur l’organisation et la structuration du Conseil secret au début de la période des Sforza, avant la réforme du Conseil par Bonne de Savoie, et plus précisément sur la période 1466-1469, celle du passage de Francesco Sforza à son fils Galeazzo Maria, voir F.M. Vaglienti, op. cit., étude très riche tirée d’une tesi di laurea sur la question (F.M. Vaglienti, « Ut precedat omnes ». Struttura e dinamica del Consiglio Segreto nei primi anni del ducato di Galeazzo Maria Sforza, tesi di laurea, Università degli Studi di Milano, relatore G. Chittolini, 1990-1991 [non consulté] ; voir aussi A. Scorta, Il Consiglio Segreto all’epoca di Francesco Sforza (1450-1465), tesi di laurea, Università degli Studi di Milano, relatore G. Chittolini, 1988-1989 [non consulté]).

89 Voir F. Leverotti, Governare…, op. cit., p. 90-95.

90 Ibid., citations p. 95.

91 En somme, si l’on suit les pages très convaincantes de Franca Leverotti (ibid., notamment p. 103), on voit que Galeazzo Maria a préparé la partition formalisée par sa veuve, Bonne, partition qui, elle, a bien été identifiée par les historiens.

92 Ainsi que le montre de façon convaincante R. Fubini, op. cit., p. 50-51 ; voir aussi p. 66.

93 Voir A. Barbero, « Un governo per il Piemonte. L’evoluzione del Consiglio cismontano e del “Consilium cum domino residens” (1419-1536) », dans A. Barbero, Il ducato di Savoia. Amministrazione e corte di uno stato franco-italiano (1416-1536), Rome et Bari, 2002, p. 121-144 et 294-299.

94 B. Corio, Storia di Milano di Bernardino Corio, éd. A. Morisi Guerra, 2, Turin, 1978, p. 1411: […] si ordinarono due senati, l’uno stabilirono ne la corte de l’arenga de homini patricii e de altri quali havessino a ministrare le cose civile secondo il solito de li altri principi. L’altro concilio fu constituto entro il castello e quivi solo se havesse ad intendere e deliberare le cose pertinente al stato.

95 Ainsi que le soutient C.A. Vianello, op. cit., p. 17.

96 Acta in Consilio…, op. cit. n’est pas autre chose que cette source, soit trois registres appartenant aux Registri delle Missive des archives milanaises.

97 La dignità del Consiglio dell’Arengo rimase, dunque, colpita (ibid., p. XX).

98 Voir P. Del Giudice, op. cit., p. 335.

99 Ibid., p. 339-340.

100 Voir aussi, sur la cour comme lieu de pouvoir et lieu de contrôle, P. Savy, « La cour des ducs de Milan dans la société politique et le système des cours de l’Italie du Quattrocento », dans M. Gaude-Ferragu, B. Laurioux et J. Paviot (dir.), La cour du prince. Cour de France, cours d’Europe (XIIIe - XVe siècle) (colloque de Paris et Versailles, 18-20 septembre 2008), Paris, 2011, p. 109-123.

101 Voir D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 144-145.

102 C’est par elle que s’ouvre D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 135.

103 Sur ce point, voir notamment V. Ilardi, « The Visconti-Sforza Regime of Milan : Recently Published Sources », Renaissance Quarterly, 31, 3, 1978, p. 331-342, p. 335-337.

104 C’est ce que soupçonne R. Fubini, op. cit., p. 49 et p. 54.

105 Nous avons essayé de le montrer, à propos du contrat féodal, dans P. Savy, « Souveraineté, protection, négociation. Sur les valeurs politiques du contrat féodal dans la Lombardie du XVe siècle », dans F. Foronda (dir.), Avant le contrat social. Le contrat politique dans l’Occident médiéval XIIIe-XVe siècle (colloque de Madrid, 14-16 avril 2008), Paris, 2011, p. 97-115. Voir aussi D.M. Bueno de Mesquita, op. cit., p. 141.

106 On voit ainsi Francesco Sforza s’agacer que le Conseil secret ait tardé à envoyer comme ambassadeur Giacomello Trivulzio (ASMi, RM, 6, f° 52v°, de Crémone, le 2 juillet 1451) ; le duc le réclame sans tarder : ne pare fastidio a scriverve più. […] commettiamo et volimo che debiati servare ogni modo et via che vi piace, siché ad ogni modo faciati partire domane dicto messer Iacomello de lì et inviarlo per venir da nuy, in el che faciti non intervenga manchamento alcuno. Sforza doit encore écrire à ce sujet le 6 juillet : Et questo vogliati fare in ogni modo et, quanto più presto sia possibile, farlo expedire del tucto. Mais, même au duc, il ne suffit pas de manifester de l’agacement pour être entendu et obéi : le 12, le duc doit se répéter, ajoutant : se siamo maravigliati che anchora non l’habiati facto spazare. L’affaire se termine quand, le 19 juillet, de Crémone encore, le duc dit comprendre les raisons du délai (mais nous, nous les ignorons) et donc accepter les excuses du Conseil secret.

107 Ainsi dans ASMi, RM, 5, f° 57r-57v°, de Milan, le 8 juillet 1451 : le Conseil secret informe Francesco Sforza que, en raison de privilèges impériaux et ducaux, telles terres ne sont pas soumises à telles taxes, que Ripalta (province de Crémone) est séparée de Plaisance, etc. Voir aussi, dans le Crémonais encore, la lettre de Pietro Spagnoli à Ludovico Gonzaga, de Milan, le 1er octobre 1476 (Carteggio degli oratori…, op. cit., 10, op. cit., p. 380) et celle du 9 octobre où il raconte son audience devant le Conseil (ibid., p. 391).

108 Ce que N. Covini, op. cit., que nous suivons ici, désigne p. 40 comme la trattazione commissariale delle cause.

109 Voir les nombreux exemples étudiés par F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit.

110 Sur cette affaire qui date de la Noël 1473, voir G.P. Lubkin, op. cit., p. 171-179. C’était le Conseil secret qui déjà en juin 1470 avait, à la demande du duc, dressé la liste des candidats aptes à exercer des offices dans l’admnistration. Voir F.M. Vaglienti, « “Non siando may puniti de li excessi fati, ogni dì presumono fare pegio” : violenze consortili nella Legnano di fine ’400 », dans C. Tallone (dir.), L’Alto Milanese nell’età del ducato (colloque de Cairate, 14-15 mai 1994), Varese, 1995, p. 143-170, p. 143-144.

111 Le document a été étudié et publié par R. Bellosta, « I capitoli di riforma in materia di offici e di amministrazione emanati dal Consiglio Segreto sforzesco nel 1455 », Nuova rivista storica, 86, 2002, p. 155-184.

112 Voir G.P. Lubkin, op. cit., p. 141.

113 Le duc écrit : li compiacessimo de questo per farli honore, non perché facia residentia in dicto nostro Consiglio. Cité par F. Leverotti, Governare…, op. cit., p. 87.

114 Documenti di storia italiana…, op. cit., p. 314 : perché è consuetudine in li stati dare el tittolo et honore de consigliero molte volte per honorare, o per qualche altro rispecto fora del bisogno del Consiglio […]

115 C. Simonetta, op. cit., p. 78-81 : Questa sira, circa le xxiii hore, el nostro illustrissimo Signore hebbe in consilio, ne la camera di razi, el Duca di Barri, el signor Ludovico, suoy fratelli, messer Tomaso da Riete, d. Tomaso da Bologna, d. Antonio da Romagnano, d. Antonio de Bracelli, messer Lorenzo da Pesaro, messer Zohanne da Scipiono, d. Petro Francesco Vesconte, messere Jacomo da Cusano et Orpheo, ducali consilieri, et Zohanne Symonecta, secretario.

116 Peut-être Cavriago, dans la province de Reggio d’Émilie.

117 Ibid., p. 147 : Furono, questa matina, convocati tuti li Consiglieri et Maestrati et intromessi ne la camera del Signore, fodrata de nosse, et ogni altro de li cortesani, che andare gli volsi, constituito el Signore et madonna Duchessa alla presentia d’essi Consiglieri et zentilhomini, el prefato Signore, circa le 17 hore, ratificò, per solenne instrumento, la Liga et confederatione contracta con Venetiani et Signori Fiorentini, ad dì II del presente, per mezo de loro ambaxatori.

118 Sur la diffusion et la signification de cette pratique, voir F. Leverotti, Governare…, op. cit., p. 100-101.

119 Sur les nombreux signes avant-coureurs de la « réforme », voir R. Fubini, op. cit., p. 54-55. L’ambassadeur Zaccaria Saggi expose fort clairement la décision du duc, dans une lettre à Ludovico Gonzaga, de Milan, le 22 décembre 1475 (Carteggio degli oratori…, op. cit., 10, op. cit., p. 223).

120 C. Simonetta, op. cit., p. 188.

121 De Milan, le 3 avril 1476 ; Carteggio degli oratori…, op. cit., 10, op. cit., p. 270.

122 Voir M.G. Di Renzo Villata, « Scienza giuridica e legislazione nell’età sforzesca », dans Gli Sforza a Milano e in Lombardia e i loro rapporti con gli Stati italiani ed europei (1450-1535), colloque de Milan, 18-21 mai 1981, Milan, 1982, p. 65-145, p. 128-129.

123 Sur le nom de Sénat et sa signification, et sur la question, corrélée, des langues en usage aux Conseils (latin et italien), voir U. Petronio, op. cit., p. 13-17.

124 duo fuerunt in civitate nostra Mediolanensi, unum secretum et aliud iustitiae consilium ordinarium, quae fere eandem habebant authoritatem ; existimantes multiplicitatem magistratuum non necessariorum reipublicae minus utilem fore.

125 Cité par P. Del Giudice, op. cit., p. 388 ; l’édit est publié dans O. Landi, Senatus Mediolanensis, Milan, apud heredem P. Pontii e Picaleae, 1637, et aussi dans L.-G. Pélissier (dir.), Documents pour l’histoire de la domination française dans le Milanais (1499-1513), Toulouse, 1891, p. 19. L’édit précise le nombre de sénateurs et leur statut. Ils diffèrent des conseillers secrets et de justice, qui étaient nommés indépendamment des catégories sociales et géographiques, selon l’arbitraire du prince.

126 Nous pensons aux travaux de Giorgio Chittolini, dont une partie importante a été recueillie dans La formazione…, op. cit., et Città, comunità e feudi negli stati dell’Italia centro-settentrionale (secoli XIV-XVI), Milan, 1996.

127 Cette liste est rédigée essentiellement avec C. Santoro, op. cit., p. 3-49 : ce répertoire remarquable n’est pas parfaitement exhaustif, et nous avons essayé de le compléter avec A.L. Crespi, op. cit., E. Lazzeroni, op. cit., F. Leverotti, « Gli officiali… », op. cit. et F.M. Vaglienti, op. cit. Nous n’indiquons que la date du début de la charge, et nous italianisons les prénoms et noms des conseillers (Pietro Visconti plutôt que Petrus Vicecomes).

128 Voir A.L. Crespi, op. cit., p. 73.

129 Ibid.

130 La présence exceptionnelle de ces hommes (les cinq diplomates de Naples, Florence, Ferrare, Mantoue et Montferrat et divers grands personnages du dominio) à un consilium secretum ad deliberandas res magni ponderis et ad statum suum pertinentes réuni par la duchesse est signalée dans un document du 3 février 1477 (ibid., p. 70).

131 Mais il est déjà évoqué dans le conseil exceptionnel du 3 février 1477 (ibid., p. 70).

132 Cf. supra note 5.

133 Mais il est déjà évoqué comme conseiller dans le document du 8 janvier 1477 (ibid., p. 73).

134 Un document du 27 avril 1478 (ibid., p. 51), évoque un senatus auquel appartiendrait déjà Pietro Landriani.

135 Un document du 28 avril 1478 (ibid., p. 52) le range déjà parmi les membres d’un senatus.

136 Le document déjà évoqué du 27 avril 1478 (ibid., p. 51) évoque déjà un Johanne de Comte appartenant au senatus.

137 Archevêque in partibus donc, à Nicée plutôt qu’à Nice, ne serait-ce que parce qu’un autre que lui était alors évêque de Nice ; voir C. Santoro, op. cit., p. 29, où l’on lit Nicenus (graphie commune pour Nicaenus) ; voir aussi C. Eubel, Hierarchia catholica medii aevi, 2 (1431-1503), 2e éd., Regensberg, 1914, p. VIII « Montispilosi », 195 et 202.

138 Voir A.L. Crespi, op. cit., p. 69.

139 Ibid.

140 Ou déjà le 19 mai 1497 (ibid.).

TABLE DES ILLUSTRATIONS

LégendeFig. 1 > Bonifacio Bembo, portrait de Francesco Sforza, vers 1460. [Pinacoteca di Brera, Milan]
URLhttp://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/7818/img-1.jpg
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LégendeFig. 2 > Maître des Heures Birago, Galeazzo Maria Sforza, entouré de sa cour, recevant le livre des mains de l’auteur, Girolamo Mangiaria. Le personnage qui tient une lettre dans ses mains, à droite du duc, est sans doute Cicco Simonetta (voir pour s’en convaincre la figure 6). [Bibliothèque nationale de France, Latin 4586, f. 1 (Girolamo Mangiaria, Opusculum de impedimentis matrimonii, ratione consanguinitatis et affinitatis habita)]
URLhttp://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/7818/img-2.jpg
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LégendeFig. 3 > Le Castello Sforzesco (château des Sforza) à Milan vu du ciel. La Rocchetta, noyau originel du château, est l’ensemble situé autour de la petite cour carrée (sur la photographie, dans le coin supérieur gauche du château).
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LégendeFig. 5 >La salle du Conseil secret, au rez-de-chaussée de la Rocchetta du Castello Sforzesco, selon l’identification de L. Beltrami, « La Sala del Consiglio ducale nel Castello Sforzesco », La Perseveranza. Giornale del Mattino [Milan], 30 mai 1903, p. 1-2. Largement reconstituée et réinventée à l’époque de Beltrami, cette « salle du Conseil » n’était sans doute qu’une salle de réunions parmi d’autres ; en outre, elle a depuis été partiellement détruite durant la Seconde Guerre mondiale et réaménagée.
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LégendeFig. 6 > Amuzio da Lurago (?), portrait de Cicco Simonetta. Façade de la cathédrale de Côme, moulage visible à l’Archivio di Stato di Milano.
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LégendeFig. 7 > Ambrogio de Predis (?), Ludovico il Moro. [Biblioteca Trivulziana, Milan, 2167 (Aelius Donatus, Grammatica)]
URLhttp://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/7818/img-7.jpg
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LégendeFig. 8 > Anonyme (« maître de la Pala Sforzesca »), la « Pala Sforzesca », 1494-1495 [Pinacoteca di Brera, Milan]. Ludovico il Moro est agenouillé, vêtu de bleu, face à son épouse, Béatrice d’Este.
URLhttp://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/7818/img-8.jpg
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