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jeudi 14 janvier 2016

Les reliures d'attente. Bradel.

Il manque à ce bradel, sa couvrure.
Le marbré est très facilement datable 18ème,
 par les couleurs employées typiques du 18ème et le motif grand peigne ondulé.
En partant de l'histoire des relieurs Bradel, une longue famille dans la tradition des ateliers parisiens aux 17ème, 18ème, 19ème,  on pourra comprendre pourquoi d'une structure légère qu'on utilise tous les jours sans le savoir est l'héritière directe d'une pratique commerciale allemande.

Plus légère, la structure à la Bradel, le Bradel, l’emboîtage à la Bradel est économiquement plus intéressante.


Thoinan cité en lien hypertexte Bradel semble controversé. Paul Culot aurait établit une descendance plus claire.


Je me sers pour cet article du dictionnaire encyclopédique du livre 1 er tome édité par Le Cercle de La Librairie.
http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2011-05-0118-004

L'entrée Bradel apparait deux fois pour le nom et pour la famille.

Les articles sont de Alain Naves et de Sabrina Le bris

On attribue l'invention du bradel à Pierre Alexis Bradel à la fin du 18ème siècle, en pleine révolution française.
Ce relieur cousait sur ficelles ... les rubans sont une invention du 19ème.

Les tranches des bradels du 18ème sont laissées brutes, la couvrure est en papier fantaisie ou avec un dos de toile le plus souvent. On peut imaginer la pénurie de matériaux en pleine révolution.
Le procédé allemand aurait été importé vers 1770 par un membre de cette famille.

Les étiquettes Bradel l'Aîné sont pour François Paul Bradel,  dit aussi le neveu de Derôme le jeune, neveu par alliance avec la nièce de Derôme.
Le Bradel qui relia pour le marquis de Paulmy, Pierre Jean Bradel, dit le jeune.
entre 1775 et 1787.

(Je dispose dans l'atelier d'une facture de Bradel le jeune qui date de 1823 ....
On s'y perd d'autant que entre ce que je lis sur différentes sources du net, les rédacteurs ne sont pas d'accord sur les prénoms.)
Ce qui est sûr c'est qu'ils travaillaient de père en fils et avec les cousins dans le monde de la reliure, que leur inventions à une époque où les matériaux de qualité faisaient défaut, le bradel, petite structure avec le corps d'ouvrage cousu d'un côté et la couverture fabriquée de l'autre, le tout assemblé par collage des gardes est rapide, joli et économique.
Voilà pour ces informations succinctes.


Il ne me parait pas inintéressant de mettre en
relation le fait que le marquis de Paulmy
voyageait en Allemagne à cette période et


Voyages de bibliothèques: actes du colloque des 25-26 avril 1998 à RoannePar Marie Viallon

qu'il aurait pu montrer un
exemplaire acquis en Allemagne à Bradel, qui travaillait alors pour lui. On sait toute la curiosité des relieurs et aussi qu'ils peuvent être doués dans les affaires, voir toutes les possibilités qu'une telle
structure simplifiée pouvait apporter à leur commerce. Commerce du livre qui sera révolutionné, lui aussi dans ces
décennies comprises entre 1750 et 1850/70.

On voit comment le livre, noble objet sacré, est aussi le porteur d'une entreprise commerciale et d'argent à toutes époques, adaptant technicité et praticité aux besoins économiques et de développement de la société civile, économique, scientifique, des loisirs.
D'un côté les lecteurs et le progrès de la science, de l'autre les marchands et fabricants.
C'est vieux comme le monde et on aurait tort de penser que ce n'est qu' aventure commerciale du 19/20ème.


Les qualités qu'on demande à un bradel sont les mêmes que pour la reliure: solidité, protection et esthétique.

(Quelques exemples de structures légères, avec cartons biseautés, structure hollandaise, percaline simple emboitage 19ème).




On voit bien les limites de cette technique aujourd'hui largement vulgarisée pendant le 20ème siècle, où tous les beaux livres d'Art sont fragiles. Les bibliothèques pour les consultations publiques font séparer en deux les éditions Mazenod et Citadelles par exemple, et reconstituer en deux volumes plastifiés en raison de la manipulation peu aisée d'un gros patapouf peu solide.
Tout ça est logique.



La reliure se distingue par les nombreuses opérations qui rendent solide le bloc livre et solidaires les cartons: Les ficelles qui servent à la couture passent dans les cartons. Les cartons viennent se loger dans le fond du mors, mors constitué par la montée du dos avec le fil de couture qui passe au milieu de chaque cahier.
Tout ceci très techniquement maitrisé par des connaissances d'expérience sur le terrain.
De fait un Bradel, livre d'attente est en attente à la fin du 18ème d'une reliure plus luxueuse, en cuir.
Il deviendra, à part entière, un choix pour les petits livres, avec comme signe distinctif, une gorge formée par l'écartement des cartons du mors, qui permet une ouverture et une aisance facilement compréhensible.
Plus le carton est proche du mors, plus la tension appliquée sur les matériaux est grande et plus pour réduire cette tension, on affinera le carton en pratiquant un biseau.
Certains cartonnages du 19ème sont faits ainsi.

Les ficelles ne doivent alors pas être coupées à ras comme nous le faisons aujourd'hui, si on veut retrouver cette pratique d'attente économique adaptée à notre époque et parfaite pour vendre un livre de façon présentable (clin d'œil, aux libraires, appuyé).

Les livres du 20ème siècle qui craquent dans les mors n'ont pas d'autres choix que de craquer .... :)
Dès la base, ils sont conçus avec un défaut qui fait que les matériaux, papiers simili/cuir ou toile sont fragiles et ne résistent pas ni à la manipulation, ni au temps.
A moins que la manipulation soit peu fréquente et le livre, fabriqué en tenant compte de cette contrainte technique: espace égal à l'épaisseur du carton utilisé plus l'épaisseur du matériau entre le mors et l'emplacement du carton, peu de chance pour que cela tienne....
Les solutions pour y remédier dépendent de l'ampleur des dégâts: charnièrage intérieur, remplacement du matériaux de couvrure, remplacement du dos uniquement ....


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