UTILISATION DES COLLES.

 Un petit cours, une session?

C'est ce que je propose avec des applications concrètes.

C'est à dire que sans la pratique, ce cours est obscur ...

La sensibilité aux métiers d'Art s'apprend et se cultive ... .

"Cours de la séance de mardi 27 février

1/Nous avons vu :

-les colles

-les tranchefiles avec la réalisation de tranchefiles pékinées sur des batônnets de papiers, dites âme du tranche-fil ou de la tranchefile, tranchefiles à chapiteaux et fabrication des bâtonnets.

-le détail de l'ais à bradel avec une cornière à béton.

-le choix des matériaux pour un livre de concours, avec des catalogues édités par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP), le papier, les cuirs, et la conception d'un projet défini.

2/-RH8 colle d'amidon naturel de riz, de maïs (plus jaune, elle risque de colorer le papier et encore ...) vendue chez Apg Reliure en petit conditionnement 8,50 euros

-RH8 chimique, qui possède les mêmes propriétés que la colle RH8 mais a une texture différente et est fait à partir d'amidon non naturel reconstitué en laboratoire.

-Colle plastique ou vinylique sur base de pétrole, qui est à temps très cours de séchage, chère et peu recommandée pour les cuirs, les livres plus rares ou précieux. et d'un façon générale, non réversible, or dans nos métiers, il existe deux principes essentiels: la réversibilité, ce que cette colle n'est pas ou tout autre colle forte industrielle, et le lisibilité, on doit toujours voir le livre tel qu'il a été vu avant la reliure ou la restauration.

Nous approfondirons ces deux notions et la notion de patrimoine, selon Chastel et Babelon, et Les principes de la restauration selon Cesaré Brandi, livre édité chez Éditions Allia.

-colle Tylose (cellulose pure) sur base d'eau.

-colle Klucel G (colle utilisée par les restaurateurs de tableaux qui présente l'inconvénient de laisser des résidus acides mais qui permet, sur base alcoolique, de coller, détacher, des tissus rouges dont la teinture n'est pas fixe au 19ème, sans faire d'auréole. (Cours Maupin, restauration de cartonnages et percalines)

C'est la reliure industrielle qui fait changer nos fournitures en raison de la recherche de couts toujours plus bas dans la fabrication des livres.

Nous travaillons sur des livres uniques et reliés à la main, il n'y a aucune raison d'utiliser des matériaux imposés par l'industrie et les institutions qui ont des partenariats avec des laboratoires et, deux ou trois revendeurs ayant quasiment le monopole, Atlantis.CDX par exemple.

Ils revendent très chers à nous, petits relieurs, des colles dont nous n'avons pas besoin, l'apprentissage étant dans le giron de l'industriel, les règles changent selon les innovations souvent délétères.

Certaines institutions ont, faute de budget, établi d'autres règles: on ne fait plus rien, c'est trop cher et la pérennité dans le temps est réduite,

d'autres institutions ont imposé les choses aux écoles, qui, de toute façon, ont tellement réduit le nombre d'heures d'atelier de leurs élèves, des process, alors que nous travaillons sur des savoir-faire ancestraux.

3/Il faut bien définir la qualité des livres que vous travaillez pour savoir quelle colle utiliser:

Ancien régime: RH8 neutre chimiquement et naturelle, qui contient un fongicide et insecticide en petite quantité.

Entre 1789 et 1830, date du règne de Louis Philippe qui marque l'avènement d'une société commerciale et industrielle en devenir, du libéralisme économique, le roi du peuple, très aimé par lui, on peut utiliser des mélanges: 2/3 colle RH8 chimique labo + 1/3 colle plastique ou l'inverse si le papier est solide et l'opération concerne une étape qui n'a pas besoin de réversibilité (nous verrons lesquelles plus tard).

Après 1830 jusque 1900, même chose, selon la qualité des livres, ces quatre propositions sont bonnes.

Pour le 20ème avec des livres et des papiers complexes, les mélanges sont indiqués et la colle plastique si c'est un livre de poche par exemple.

la colle de parchemin est adapté pour coller le parchemin, en Vente chez APG RELIURE.

On peut aussi la fabriquer avec du parchemin.

4/Il est évident que notre métier va disparaître et que les industriels s'en désintéressent devant la manne d'argent du numérique. Il y aura peu de progrès et d'innovations dans ces métiers vus comme inutiles.

Mais tant que nous trouvons le temps le l'énergie de le faire, les matériaux utiles, il faut l'entretenir.

C'est un métier système D, avec des règles incontournables: réversibilité, innocuité, pérennité, lisibilité, honnêteté du travail.

Les artisans adaptent leurs gestes et leurs savoir-faire en fonction des matériels et matériaux dans un atelier, sur un marché capté par les industriels aujourd'hui, avec des orientations politiques définies selon des entreprises privées et oligarchiques ....

Pour la colle de pâte, il suffit de faire bouillir du riz, de récupérer l'amidon, de l'épaissir à feu doux ou au bain-marie, la conserver au frais, pas plus de quelques jours, parce qu'elle tourne et peut moisir.

Le problème des colles faites par vous est qu'on ne sait pas la composition de l'eau par exemple: y-a-t-il des éléments qui peuvent devenir de possibles éléments d'altérations du papier ou du cuir?

Vos ustensiles sont-ils vraiment propres? Nous n'avons pas de labo ... qui maitrisent toutes ces données pour ne pas apporter d'éléments délétères.

Bien sûr, il va de soi, que nous ne travaillons pas sur des "trésors bibliophiliques" ... mais ... on ne sait jamais bien ce que deviendra un livre dans le temps.

Les critères de valeurs sont connus: éditions, papiers, truffes, ex libris, envois, reliures à nom, quantité d'exemplaires, histoire bibliographique d'un texte, etc ...

La mode et la curiosité (au point zéro en 2024) fait le reste pour des générations à venir.

5/La meilleure restauration est celle que l'on ne fait pas.

Si un livre n'est plus utilisable sans perdre un bout, il est mort.

Entre ces deux propositions ... Il y a de quoi faire. Dans tous les cas, il faut établir des règles définitives pour un fonds anciens, un cahier des charges et tracer toutes les fournitures, colles, savoir-faire employés pour que les générations futures sachent quoi faire de ce qu'ils trouveront.

Les fonds anciens d'une Société Archéologique n'échappent pas à cette règle: De petites publications locales savantes peuvent être importantes un jour sans qu'on le sachent aujourd'hui.

Voilà, bon travail.