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jeudi 2 mai 2019

UN DIALOGUE INTERROMPU ? un article de 2008, sur le BBF relayé par l'Enssib

C’est un conseil de lecture pour comprendre ce qui s'est passé dans notre métier face au dialogue interrompu avec les bibliothèques publiques.
Il avait été écrit à l’époque par une conservatrice: Noëlle Balley "Archiviste paléographe de formation, docteur ès lettres, conservateur chargée de mission pour la gestion des collections et la numérisation à la bibliothèque Cujas après avoir été responsable de la mission patrimoine au service scientifique des bibliothèques de la ville de Paris. Membre du comité de rédaction et collaboratrice régulière du BBF, elle est également secrétaire de l’association Bibliopat."
Source: https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/37396-relieurs-et-bibliotheques.pdf?fbclid=IwAR3OisF9QfsLlXiCTVm0E_T_f3Zh77r_ltTRc7Tfr8J0aYA2SghXusnwk_4

C’est aujourd'hui la même chose.

Le voici en copié collé, parce que les documents parfois ne sont plus accessibles à notre grand regret.

"Pas de données statistiques disponibles au niveau national ; un seul colloque, en 1993; pas de synthèse de la part des administrations centrales depuis 1996; des recommandations techniques publiées il y a dix ans; pas de mémoire de l’Enssib depuis 1997; pas de rapport de l’Inspection générale des bibliothèques; pas de formation spécifique ; une pléthore d’ouvrages et de manifestations centrés sur la reliure d’art, à des kilomètres de la réalité de la reliure et des bibliothèques ; un Institut pour la reliure en bibliothèque, en sommeil depuis des années ; pire encore: rien dans le BBF ! À l’heure de  la documentation électronique, tout se passe comme si relieurs et bibliothèques, qui ont une si longue histoire commune, fonctionnaient comme ces vieux couples qui ne sauraient se passer l’un de l’autre, mais n’ont plus grand-chose à se dire.
Pourtant, il reste encore des livres dans les bibliothèques, et même quelques bibliothécaires chargés de préparer et contrôler des trains de reliure. Et lorsqu’on interroge les relieurs eux-mêmes, on s’aperçoit qu’ils ont beaucoup à dire au monde des bibliothèques. Faute de pouvoir présenter la synthèse nationale qu’on est en droit d’attendre dans un article du BBF, tentons
au moins de réamorcer le dialogue, sur le thème du « ils m’ont dit de vous dire… »

Les relieurs : des activités distinctes
Qui sont-ils ? Dernier maillon de la chaîne de fabrication du livre, la reliure-brochure-dorure se divise en quatre activités bien distinctes, qui toutes, à des titres différents, sont prestataires du monde des bibliothèques:

• La finition industrielle (reliure de série, brochage, encartage, façonnage) : une vingtaine d’entreprises pour le brochage et cinq pour la reliure, directement touchées par les conséquences de la mondialisation, travaillent pour le compte des éditeurs et imprimeurs. Leur production annuelle se compte en dizaines de millions de livres reliés, en centaines de millions de fascicules brochés ou façonnés, par grandes séries de centaines ou de milliers d’objets tous identiques. Elles sont indirectement fournisseurs des bibliothèques, et la fragilité croissante de leurs produits, où les volumes à pages coupées, collées à chaud, et à couverture plastifiée souple, l’emportent désormais sur les cahiers cousus à couverture rigide, ont des conséquences lourdes, dès le très court terme, sur la conservation des documents contemporains : la quasi totalité des ouvrages neufs entrant en bibliothèque justifierait, par leur façonnage et leur utilisation prévisible, un renforcement systématique.

• La reliure pour bibliothèques ou pour collectivités, dite reliure semi mécanisée : une petite quinzaine d’ateliers, employant entre dix et soixante personnes, spécialisés dans la réalisation de travaux de consolidation et de reliure à l’unité adaptés à une utilisation collective intensive. Il s’agit, en réalité, d’une « re-reliure», dont la première opération va consister à défaire le façonnage d’origine et le remplacer par une protection mieux adaptée aux usages particuliers des documents de bibliothèques : consultation, prêt à domicile et photocopie, conservation. Malgré son nom, la reliure semi-mécanisée reste une pratique artisanale : si le travail s’effectue sur un grand nombre de documents, chacun d’eux est un cas unique – ne serait-ce que par ses dimensions – qui requiert un traitement particulier. Les bibliothèques représentent plus de la moitié de leur clientèle.

• La reliure-dorure manuelle : de 300 à 400 tout petits ateliers (chiffre en forte baisse depuis deux décennies), dont la majorité n’emploie qu’une ou deux personnes, parfois quatre ou cinq, et reste globalement fidèle à l’image d’Épinal de l’artisanat. Fier de son inscription dans une tradition pluriséculaire – on y pratique encore l’encollage au pinceau, la couture main et la passure en carton – le patron, en Père Noël des bibliothèques, effectue lui-même sa tournée, son sac de grosse toile sur le dos. Il travaille généralement peu avec les bibliothèques, mais la raréfaction de la clientèle privée le rend d’autant plus fragile aux aléas de la commande publique. On lui confie plus volontiers les documents anciens, rares ou précieux, pour une reliure artisanale à l’ancienne, ou des documents plus récents dont la couvrure luxueuse doit participer au prestige d’un grand établissement patrimonial.

• La reliure d’art : une toute petite élite, qui relève davantage de la profession artistique que de l’artisanat, travaille ponctuellement avec quelques bibliothèques à la création de reliures exceptionnelles sur des documents prestigieux."



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Un autre extrait:

"Culture d’industrie dans un monde artisanal

Les ateliers se heurtent aussi à des difficultés liées au contexte économique.
Le relieur est un artisan, ou un patron de PME, qui tiendra sur les recrutements, les licenciements, les charges sociales, la réduction du temps de travail, un discours différent de celui d’un agent de la fonction publique. L’ouverture des marchés à l’échelle européenne a mis les ateliers français, de taille modeste, en concurrence directe avec de grosses entreprises pratiquant des prix imbattables. La perte d’un gros client ne peut pas être rattrapée. Les chiffres d’affaires sont médiocres, toutes les tâches administratives et commerciales reposent sur le patron, qui les a apprises sur le tas. Une simple visite d’atelier montre souvent, même au plus novice, quelle difficulté il y a à introduire un minimum de cohérence, d’efficacité et de « culture d’industrie » dans ce monde artisanal aux traditions séculaires et aux marottes bien établies."

Suite .. dans l'article qu'il faut bien lire en pensant que cela fait 11 ans et que la situation s’est encore dégradée alors que le travail existe en fantômes ...

Qu'en est-il en 2019 vraiment?
Quelles perspectives annoncées pour notre métier concrètement?

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