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mardi 24 juillet 2018

Deux travaux dans un. 1

Pour reprendre le fil des articles, un jeu autour d'une création en reliure, pour conserver un livre, plusieurs fois relié.

Il s'agit de faire une maquette pour un autre livre que celui présenté dans cet article à partir d'un livre intéressant mais pas suffisamment pour le restaurer ou en refaire un pastiche.

L'histoire des Oracles de Fontenelle, Bernard le Bouyer de Fontenelle, est le livre-maquette choisi.

1707
essai écrit par Fontenelle en 1687 dans lequel celui-ci dénonce la superstition en discréditant les oracles, les miracles et en semant le doute sur le surnaturel.
Date de réédition, qui correspond à la réponse de ce livre jugé dangereux par  le 
jésuite Baltus (qui)  y distingue « le détestable venin, le funeste poison de l’impiété » et suggère dans une Réponse à l’Histoire des Oracles que l’ouvrage n’était peut-être pas fort orthodoxe. Bien que P. Baltus l’y ait invité, Fontenelle ne répondit pas : « Je n’ai point du tout l’humeur polémique et toutes les querelles me déplaisent. J’aime mieux que le diable ait été prophète, puisque le Père jésuite le veut et qu’il croit cela plus orthodoxe. ». Ce n’est pas l’envie qui lui en aurait manqué, mais ses amis les RR. PP. Lallemant et Doucin, également jésuites, firent dire à Fontenelle, par l’abbé de Tilladet, qu’on le mettrait à la Bastille s’il répondait. Le père Tournemine défendit encore plus efficacement le philosophe, en se portant garant de la pureté de ses intentions, (wiki)









A la base, ce livre n’est pas dans une édition en très bon état, ni le papier: mouillures, avec des traces d'usures aux coins, en tête et queue du livre. Le cuir est un veau épidermé, avec des manques sur le dos.
On trouve à vendre le même exemplaire en très bon état, qui mériterait une restauration celui-là.
C’est à dire un acte de conservation : dépoussiérage et cire, et de restauration du cuir: un maquillage, dit estompage,avec de l'aquarelle sur les épidermures, éventuellement, côté mors peau, un peu de japon.











Voici en premier lieu pour conserver une trace de notre livre-cobaye, un constat en photo d'état.









Pour bien comprendre pourquoi le relieur était un fin ouvrier, il faut noter la façon dont la couture a été faite, à l'aide d'un schéma qui reproduit par les croix, l'emplacements des nerfs, et, les deux points de bout en bout, les points de chaînettes.

Chaque passage de fil est noté par un trait et signifie la ficelle présente à l'intérieur des cahiers.

On notera aussi: les emplacements des nœuds, les changements de ficelles, la nature et la structure des cahiers ( bi-feuillets, 4 feuillets...).
Les cahiers sont notés par les signatures ... A, B, C, D, ... Aa Bb ... à, è, i, ii, iij ...

Ici le relieur a changé de fil après 13 cahiers pour passer à un fil plus fin et dans le même temps, a changé la structure de la couture à cahiers dits sautés (on coud un nerfs sur deux ou trois en passant dans le cahier supérieur et en redescendant dans le cahier primaire.).
Il est revenu ensuite à un fil plus gros vers la fin.

Nous ne pouvons qu'émettre des hypothèses sur ce pauvre ouvrier qui était soumis au rendement: avait-il un apprenti? lui a-t-il laissé un instant la couture? a-t-il repris derrière le travail parce que le livre au bout de 13 cahiers était trop monté ... passer à un fil fin et sauter encore plus de nerfs pour faire redescendre le dos ...Était-il épuisé, ou distrait?

Les reliures étaient modérément rondes à cette époque, et le papier encollé parfois en surface, lui donnant une couleur un peu jaune et un bruit sec à la manipulation accentuait la finesse de la reliure, le cuir de veau paré aussi très très fin: en comparaison un cuir de veau aujourd'hui paré au 3/10 è. de millimètres est presque en lambeau.

Pour des raisons de symétrie évidente, à l'endossure, et à l'équerrage du bloc livre, il a dû repasser au même fil qu'au début de la couture ...

Enfin le résultat est une couture encore solide et livre très peu monté avec un papier de différentes épaisseurs et qualités
dans ce petit in douze.


Le pliage a donné un cahier de 4 feuillets alterné avec un cahier de 2 feuillets. C’est la structure, en général, des in-12.

La couture est en plus une couture croisée sur nerfs: chaque fil est passé après le nerfs tourne autour et ressort avant de façon à bien entourer la ficelle de couture: très solide.








Couture à cahiers sautés


Couture sur nerfs entourés.



Que s'est-il passé dans le travail pour que le relieur fasse un bidouillage ... ?

Schéma de couture.

Deux grosseurs de fil différentes.


Ce livre est divisé en 4 parties factices, respectant les chapitres et les deux parties en dissertations, de façon à faire quatre petits volumes, correspondant à quatre tomes d'un autre livre.

Chaque petit volume, ainsi divisé facticement, est augmenté de cahiers blancs pour donner quatre volumes identiques en épaisseurs.
Ils seront cousus sur des onglets repliés, de façon à ce qu'un jour, si je démonte ce livre une nouvelle fois, et décide d'en faire une reliure pastiche comme à l'origine, un plein veau avec nerfs et caissons et toultralalala ... ce sera possible, laissant le décor de côté, qui n’est qu'une façon de conserver des cahiers parfaitement nettoyés et réparés, en vue d'être à nouveau reliés.

Une conservation préventive aurait tout enfermé dans une caisse neutre dans un endroit climatisé et stérile ... mon livre n’est pas assez ... ou trop peu ... bref, c’est le mien et j'en fait une expérimentation ludique pour autre chose ... ainsi va la vie des livres: ce sont les relieurs créateurs qui font la bibliophilie et à chaque époque le " c'était mieux avant , le livre a été détruit etc etc ... " est une ritournelle bien connue. Deux ou trois siècles plus tard ... c’est autre chose, si on a pris la peine de bien travailler avec des matériaux de qualité et d’éduquer pour bien conserver et manipuler son livre.
En profiter, comme une petite oeuvre d'Art à soi avec un sens véritable caché et accessible à ceux qui sont dans la confidence de ce travail mystérieux ... :)


...

A suivre ....

Memento mori.


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