L'ancien régime typographique. Un beau livre . 3 .

C’est toujours très long de mettre en oeuvre la restauration qu'on a pensée.
La prise de risque peut être importante parfois: perte de matière, dégradation des éléments qui existent déjà.

Le choix pour restaurer ce livre se porte sur la façon de remettre un dos et de lui conserver une facilité d'ouverture.
Les nerfs, les vraies ficelles, support de couture du livre, sont apparentes, puisque le livre n’est pas grecqué.
La pratique des claies en parchemin, notre faux-dos actuel à peu de choses près, existe depuis le 16 ème siècle, et perdurent jusqu’au milieu du 19 ème (1830 environ), en prenant différentes formes.

Je n'ai plus l’information concernant la façon originale dont le dos était fait: collé ou non?  pour ce livre fait au 17 ème ... la restauration 19 ème, collée directement sur le dos et un bout de parchemin dont on ne sait s'il est d'origine ou pas, ne permettent pas de refaire à l'identique exactement. Les informations manquent comme souvent dans les restaurations et il faut accepter la part de création dans le respect le plus proche de ce qu'il y aurait pu y avoir.

On est obligé donc de faire des choix.
Ne pas ajouter d'éléments fantaisistes, qui ne serviraient pas la fonction d'ouverture, est un principe.

Quoiqu'il en soit, les claies en parchemin au 17 ème, sont doubles, chevauchantes l'une sur l'autre,  entre les nerfs.


Exemples de claies sur différents ouvrages.

On peut voir, ci-dessous, les morceaux de parchemin qui ont servis à la restauration 19 ème et le dos, forme de claies, pour laisser passer les nerfs et retrouver l'empreinte du dos en japon qui permet de laisser le dos libre de toute colle, et ainsi de pouvoir bien ouvrir, sans que le cuir collé ne casse le dos.
Le dos en japon est une procédure qu'on trouve sur les fiches de restauration de la BNF.

Les différentes photos vous montrent une journée de travail, entrecoupée de longues pauses, temps de séchage et réflexions autour de chacun des gestes effectués.

Il sera nécessaire demain ou dans les jours qui suivent de reprendre le travail de finition par des gestes nets et de reprises de teintes, cirages, mise en presse, pour donner au livre, avec restauration, sa cohérence.

J'ai vu trop court sur les côtés pour le cuir à insérer sous les plats ... L'épaisseur de la claie en parchemin n'a pas été prise en compte.
Hasard des matériaux: le cuir s'allonge beaucoup .... Une chance, sinon il fallait refaire, y compris le fastidieux travail de mouchetage sur le cuir, le granité.

Aquarelle, teinture pour soie, colle de pâte mélangée à de la colle blanche restauration APG, papier J-P Gouy, rien que de très connu que tout çela.


C’est beaucoup de temps et de concentration dans le regard.
Ainsi que l’acceptation que la reliure restaurée ne retrouvera jamais l'allure d'un livre qui vient d'être relié.
Il faut accepter et comprendre ce qui prime: la solidité.

A suivre ....