Le problème de ces livres est la perte de sens et de spiritualité de nos sociétés modernes.
Ils ont traversé les siècles revêtant à chaque époque le style à la mode.
Décôtés, ils sont vendus pour 50 euros, 100 euros sans prendre en compte le travail d'Art fait.
Si on devait refaire aujourd'hui certains missels, on atteindrait très vite 800 euros, tant les matériaux de luxe et la dorure de l'époque étaient ce qui se faisait de mieux.
Quelques grandes maisons ont participé au rayonnement d'artisans choisis pour telier à façon de petites séries, à côté du travail industriel.
«Pourtant, un tel fonds pourrait permettre aux chercheurs de réaliser diverses études variées portant, par exemple, sur :
-l'évolution du contenu, la volonté des rédacteurs
-l'influence de Rome au détriment des rites locaux
-l'évolution de l'art de l'imprimerie
-l'évolution de l'art de la reliure
-les illustrateurs, les illustrations et leur portée symbolique
-les stratégies des éditeurs parisiens ou provinciaux ayant choisi ce type de publications
-les engagements patriotiques et nationalistes qui ressortent dans bien des missels de la fin du XIXe et du début du XXe
-plus généralement les messages que cherchent à faire passer les auteurs de missels
-une pratique culturelle importante : s'est-on servi de ces missels (sont-ils usés), quelle est la proportion des missels de communion, a-t-on écrit sur les pages réservées aux notes personnelles et événements familiaux…
-la piété populaire avec les prières manuscrites et les titres des missels, qui sont parfois dédiés à la Vierge, au Sacré Cœur, à Jeanne d'Arc, etc…
-l'adaptation de l'Eglise à des publics de plus en plus variés : missels pour soldats, cheminots, enfants, communiants, ruraux, classes populaires, etc…»
En étudiant les reliures d'éditeurs entre 1815 et 1860, Sophie Malavieille apporte une magnifique illustration aux propos précédents. La généralisation d'une pratique jusqu'alors rare « qui consiste pour l'éditeur à faire relier pour la vente tout ou partie d'une édition » (auparavant le commanditaire le plus habituel des relieurs était le possesseur du livre), témoigne de la prise de pouvoir de l'éditeur sur le circuit du livre. Le souci de constituer un fonds propre, identifiable, passe par l'extériorisation de la marque de l'éditeur : la reliure accompagne l'organisation en collections qui se développe dans les catalogues des maisons d'édition au cours du XIXe siècle.
Le mouvement est saisi sur une période de cinquante ans pendant laquelle « l'objet de la reliure de série passe des petits almanachs précieux à la marée des grands livres de prix rouge et or » (p. 14). C'est aussi l'époque où « l'atelier devient usine » : l'industrialisation de ce maillon de la chaîne de fabrication du livre fait l'objet d'une partie importante de ce livre; on y voit comment les améliorations touchent les différentes étapes de la reliure, une machine venant progressivement remplacer les différents gestes du relieur.»
«Sophie Malavieille situe le véritable démarrage de la reliure industrielle dans les années 1840. Elle montre comment l'époque précédente, celle des petits almanachs puis des grands keepsakes, a ouvert la voie en généralisant des techniques qui ont fait diminuer le coût de la dorure : utilisation en série des plaques et perfectionnement des presses à dorer. C'est le temps des éditeurs-relieurs (peut-être devrait-on encore dire des relieurs-éditeurs) comme Janet, Marcilly ou Lefuel qui se spécialisent dans le livre de présent.
Sous l'impulsion des éditeurs qui souhaitent étendre leur marché, les ateliers se font usines, la reliure fait place au procédé plus simple de l'emboîtage, percalines et papiers gaufrés moins nobles mais aussi moins coûteux se substituent aux peaux, la mécanisation s'installe.
Reliure-paquet-cadeau
Les livres religieux et les livres pour enfants sont les premiers bénéficiaires de ces innovations. Distributions de prix, étrennes, communions et mariages, les occasions d'offrir des livres touchent des couches de plus en plus larges. L'école avec les manuels, l'Eglise avec les catéchismes et les divers ouvrages de piété procurent des débouchés renouvelés; des éditeurs, souvent implantés en province, fondent leur prospérité sur ce double marché; ils se font les principaux commanditaires de la reliure de série.»
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