Au détour d'un travail de restauration assez simple mais rendu compliqué parce que réalisé au 19ème, voire plus tard, difficile de dater, la mousseline, la colle, la ficelle, les fils de couture ... Tout ça donne des indications mais un fil de lin coloré au thé rend difficile, par exemple, son exacte datation à l'œil, au touché ... au détour donc, des feuilles isolées d'incunable que je date d'après la typographie entre 1480 et 1500 environ ...
en comparant, en cherchant dans des livres, dans des bases numérisées avec des exemplaires à la mise en page similaire apparaissent au moment ou j'humidifie légèrement pour ensuite tremper avec un brumisateur à l'eau déminéralisée.
Il faut rester prudent toutefois, plutôt 10 fois qu'une d'ailleurs ... deux pages ... un texte de jurisprudence ou religieux ...
Le travail de sauvegarde des gardes intérieures est toujours très risqué.
Suivant la colle utilisée, on ne peut pas toujours les récupérer:
Colle animale, végétale, sans problème.
Les colles vinyliques, à bois et autres sur base de pétrole et de chimie, de composés complexes et très fixant, sont souvent irréversibles.
Et pourtant on se doit de conserver toutes les parties des restaurations antérieures, des ajouts, repérer les retraits.
Quelque chose qui me dépasse parce que je n'ai pas les outils technologiques pour identifier, dater, mais qui peut être dans un temps plus ou moins proche pourra être repris par un chercheur plus au fait de technologie de pointe que moi.
Savoir par exemple que les éléments viennent d'Italie sur un livre imprimé à Heidelberg, est troublant:
Comment est-il passé de Heidelberg à un atelier qui recycle des éléments italiens dans la façon de restaurer?
ça ne fait pas sens en 2017 encore, pour moi, parce que la culture de la circulation des livres en Europe au moment où l'imprimerie fait exploser l'édition est encore très lacunaire ... je dois encore lire et chercher ... Pour d'autres générations plus tard ... pourquoi pas en 2050 ou en 2100?
Cette entreprise nous dépasse largement.
De quoi se remettre gentiment en place quand à l'intervention sur un livre.
Voici donc une liste simple d'éléments de typographie de l'ancien régime typographique, terme propre à Roger Chartier,
Ensuite la façon de faire pour garder intègre les documents.
Mais attention ... pas d'interventions si vous ne sentez pas le papier.
Le papier des incunables est très fort, beau, simple.
Les papiers XIXème sont hasardeux et je ne suis pas sûre d'arriver au même résultat avec cette technique.
La culture personnelle dans tous ces domaines, on le voit, est impérative pour ne pas faire d'expérimentations hasardeuses. De nombreuses heures à lire, chercher, réfléchir.
(Conseils aux jeunes relieurs ... derrière moi j'ai 20 ans d'échecs, d'essais, de réflexions, de tentatives sur des livres de peu de valeurs ... comme tout débutant on ne nous confie pas de livres prestigieux au départ. Cela relativise aussi notre travail quant à son importance. Présomptueuse je suis ... rien ne me dit que je ne vais pas un jour rater une restauration parce que je me crois trop sûre de moi .... Titiluvulus m'en garde.
On est obligé de rester humble devant le travail à faire et sa difficulté.)
Je me suis servi de la qualité naturelle de l'acétate qui roule avec l 'humidité.
Le fait que la colle de poisson se dilue à l'eau est un atout.
Juste la bonne tension.
Pour savoir ce que sont ces deux pages et quelle typographie?
Chaque lettre imprimée est le résultat d'une fabrication en plusieurs étapes:
- Poinçons en métal durs gravés
- Puis une matrice en métal moins dur avec l'image en creux
- Puis utilisation de cette matrice avec un métal moins dur qui est la réplique exacte du poinçon initial.
C'est la naissance de l'impression mécanique qui imite au début les manuscrits.
La première imitation de l'écriture manuscrite est la Textura ... voir la bible 42 .
Région Rhénane
Puis la Rotunda beaucoup plus ronde, en Italie, dite lettre de somme .
Saint Augustin .... la scolastique.
Puis la Batarde, plus ronde, copie de l'écriture manuscrite.
Pour corser un peu mon article, je suis allée chercher dans un livre facile à lire, dont sont tirés les extraits qui suivent.
On y parle et on y rend hommage aux créateurs de typo modernes qui eux-mêmes rendent hommage à leurs pères ...
Olivier Bessard-Banquy, Christophe Kechroud-Gibassier
Presses Univ de Bordeaux, 2008 - 275 pages
(....)
Sur cette base reconnaissable, voici d'autres exemples pris sur le net.
On retrouve de façon plus anarchique sur FB les liens
On peut par comparaison voir une similitude dans les mises en pages là:
http://mdc.cbuc.cat/cdm/compoundobject/collection/incunableBC/id/143125/rec/24
Toutefois mes pages ont des lettrines imprimées, ce qui indique une impression plus tardive, elles n'ont pas d'enluminures, ni de reprises à l'encre rouge, un traité de jurisprudence plutôt qu'une bible donc.
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Bible de Gutemberg gothique textura.  |
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| lettres « de somme » (ou rotunda, gothique ronde) très utilisées dans la péninsule italienne |
Donc, avec des illustrations retirées de ce site:
https://www.bm-lyon.fr/expositions-en-ligne/impressions-premieres/exposition/du-modele-manuscrit-au-modele-imprime/article/la-typographie
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Voici pour ces quelques éléments partiels d'identification, sans pour autant savoir avec fermeté si ce sont des pages d'un atelier Milanais ou Vénitien?
Souvent les fontes voyageaient ... Yves Perrousseaux dans ses excellents livres sur l'histoire de la Typographie évoque cet aspect dans le volume 1.
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| Une signature au recto des gardes supérieures: Commanditaire? relieur? |
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Pour indication de cette pratique d'atelier qui faisait réutiliser tout ce qui devait l'être dans les ateliers .https://standrewsrarebooks.wordpress.com/2012/04/02/full-cataloguing-of-the-st-andrews-incunabula-collection-complete/#jp-carousel-1686 |
De ce travail pour le moment encore inachevé, ce que je retire d'instructif, ce sont ces deux pages qui me font rêver et cette signature énigmatique, difficile à déchiffrer qui est une marque d'atelier: on notait sur les pages de gardes en haut à droite le possesseur, on le fait toujours 500 ans après.
Que faire de ces deux pages?
Les intégrer dans un coffret où ranger le livre restauré, sans que ce soit pour autant quelque chose de compliquer à consulter.
Et là, je dois remercier Hervé De Gouzillon qui publie des reportages très intéressants où j'ai pu voir comment travaillaient les restaurateurs en Italie:
https://www.idboox.com/culture/inedit-un-livre-du-14e-siecle-lu-sans-louvrir/
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Enfin, des extraits d'un livre sur ces incunables et l'imprimerie.
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Pour regarder et comprendre de chez vous :http://www.e-codices.unifr.ch/en
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Quand au reste du livre en question qui va avec les deux pages ...
Il est en bon état et refaire le dos ne posera pas de problème.
Il s'agit juste de rendre invisible la jointure plat-mors-dos.
A suivre .....
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