Choisir un cuir pour la reliure selon sa qualité.

La pratique nous amène une connaissance que la théorie n'envisage pas.
Cette expérience qui, si elle n'est pas partagée, se perd avec l'artisan qui s'en sert tous les jours.
Malheureusement, la qualité es peaux suivent la qualité des autres matériaux, l'animal ne mange plus la même chose qu'il y a 100 ans, n'est plus élevé de la même façon ....

Voici quelques exemples de qualité de cuir utile en reliure traditionnelle:

Le cuir pour la reliure doit être perméable souple.
La couleur doit être permanente.

Parce que, pour bien suivre le mouvement des matériaux qui suivent l'hygrométrie et la température ambiante, le tout doit respirer et rester souple.
Sinon se développeront des champignons, des raideurs, des craquelures et autres dégâts que vous constatez sur vos livres du 20ème siècle.

Voici des photos des cuirs de l'atelier:

Chagrin semi aniline
"Le cuir aniline est un cuir « pleine fleur » ayant reçu une mise en teinte au foulon à l'aniline sur lequel le finissage transparent est réalisé par un film protecteur très léger qui confère à la peau douceur et souplesse."
Source:
http://www.chevalannonce.com/forums-2893871-tannages-cuir-quelles-differences

L'eau pénètre assez rapidement.

C'est du chagrin avec un grain moyen.

Coté chair avec la surface utile soit 0, 40 M2

Veau.

On voit nettement que l'eau pénètre sans soucis.

Le dos de la peau de veau laisse apparaître le veinage très proche de la fleur.



Peau de chèvre Oasis naturel,le teintée.
Le grain est celui de l'animal.

L'eau est aussi entrée sans soucis.

Coté chair.

Cuir de chèvre maroquinée parce que le grain a été recrée pour faire penser à un maroquin de l'époque d'or du maroquin, dans les années 30 jusqu'en 60.



Traitement de surface semi poreux ... l'eau met quelques minutes à pénétrer.

Buffle, vachette

Là, c'est clair, la peau n'absorbe rien.

Il est inutile de coller le buffle et la vachette avec une colle à prise lente de type amidon ... il n'y aura pas de séchage par capillarité.
Quand on fait la couvrure, on humidifie du côté fleur, puis du coté chair, on encolle plusieurs fois selon le degré d'absorbption d'eau par la peau.
La peau s'allonge. Il faudra donc tenir compte de cet allongement au moment de la prise du gabarit de la peau, à la découpe au moment du parage des remplis.

Lorsque l'humidité ambiante augmente, l'humidité relative augmente et si elle dépasse 55, le carton , le cuir, le papier absorbe cette humidité.
Dans le cas contraire, les matériaux se dessèchent en dessous de 40°HR.
Si l'humidité relative monte d'un seul coup ... les matériaux absorbent ce qu'ils peuvent .... et les dégâts apparaissent à ce moment, moisissures, champignons.
Il faut donc maintenir une température et hygrométrie constante dans votre bibliothèque parce que entre les valeurs de 40 et 55, la variation n'est pas suffisante et les matériaux respirent normalement.
Il est alors facile de comprendre qu'une colle plastique bloque cette respiration, comme un peinture acrylique, une mosaïque collée avec une colle dure ... un dos collé à la colle de poisson très dure ... colle forte.
Tout ceci est relatif parce que la déformation est très petite, le cuir très fin reste souple, ainsi que la couvrure de support des mosaïques. L'or de sertissage peut tomber parfois.

Il n'est pas évident de travailler avec des colles qui ne soient pas un apport d'éléments néfastes pour votre œuvre, votre livre.
Il faut que cela soit aussi solide ... les temps de séchage étant plus long dans les colles d'amidon, vu les contraintes de délais qu'on nous imposent, vous aurez compris que ce qu'on vous impose, c'est en fait une notion de productivité, de rentabilité avant celle du respect et de la réflexion  pour faire le mieux possible compte tenu de nos connaissances actuelles et de l'avancée des recherches dans ce domaines.