La reliure selon Vladimir Tchékéroul

La reliure selon Vladimir Tchékéroul
On a le droit et le devoir de maintenir un niveau d'exigence haut, place au concret et à la recherche d'indices pour connaître les livres....

mercredi 7 mai 2025

Les PUF Vendomoises


Un article documentaire pour ce blog pour présenter deux entités avec qui j'ai des travaux en cours.

Deux articles complets sur les PUF écrits par Béji et diffusés par Le Petit vendômois © Copyright

Je les reproduits ici parce que ma crainte est toujours une inaccessibilité soudaine.

En outre, j'ai depuis des années les archives à terminer de M. Et Mme Fleury et d'Alexandre Fleury créateurs du Petit Journal très connu et très riche en histoire locale.

Une gazette dans la plus pure tradition.

  https://lepetitvendomois.fr/actualites/que-sais-je/

https://lepetitvendomois.fr/arts-culture/les-100-ans-des-puf-suite/

Les Presses Universitaires de France à Vendôme.


 «L’avenir, ce n’est pas ce qui va nous arriver, mais ce que nous allons en faire»


Henri Bergson, Prix Nobel de littérature 1927, Edité aux PUF.


Maurice Caullery, dès 1917, écrivait : «L’édition universitaire doit être indépendante des logiques financière et commerciale si elle ne veut pas perdre son âme… le statut de notre nouvelle entreprise ne pourra être que coopératif». C’est au mois d’octobre 1921 qu’est publié le «Manifeste coopératif des intellectuels et universitaires français» et l’on y trouve parmi les responsables M M. Caullery et de futurs co-fondateurs des P.U.F. Il s’agit d’un acte essentiel puisqu’il va se concrétiser, 2 mois après, avec la création, le 17 décembre 1921, des «Presses Universitaires de France».

Maurice Caullery, dans une conversation rapportée par Xavier Léon, précise bien que c’est lui qui donne le nom à la nouvelle coopérative. Se sont joints Pierre-Marcel Lévi que l’on trouve sous le nom de Pierre-Marcel, Edmond Schneider, Charles Marie, Ferdinand Cros et Xavier Léon.

Au mois de février 1922, la reprise d’un fond de commerce permet l’ouverture de la Librairie du 49 boulevard Saint-Michel à Paris.

Le projet coopératif des «PUF» ne pouvait laisser indifférente la profession des imprimeurs et c’est dans leur bulletin du début de l’année 1922 que leur Président, ouvre l’ordre du jour sur la question de cette création. Le bulletin fourmille de détails et tous les noms des intervenants figurent. Sont évoqués successivement «les conditions particulièrement avantageuses, les ouvrages scientifiques, la création d’une imprimerie, les contrats, etc.»

Dès septembre 1934, les services d’«Alcan» et de «Rieder» se regroupent et l’on assiste à des mutualisations croisées.

L’année 1934 voit, chez Rieder, la parution de «Clochemerle» de Gabriel Chevallier, succès considérable (une bouffée pour les finances). La mémoire des «Accroupis de Vendôme» du Clocher Saint-Martin qui observent, muets, la sortie des colis de la nouvelle production, une ode au bon goût !

L’année 1934 aussi est marquée par la faillite de la Banque des coopératives et les difficultés majeures des éditeurs Alcan, Rieder et Leroux. C’est M.Germain-Martin, ministre des finances qui sollicite la BNCI (Banque nationale pour le Commerce et l’Industrie) dont le directeur, M. Alfred Pose, demande une mission d’audit à son ami de promo d’HEC Paul Angoulvent. Ce dernier propose un plan de renflouement. Son activité précédente, à la chalcographie du Louvre démontre son goût pour le patrimoine, goût qui s’exprimera aux PUF avec des créations de collections «L’oeil du connaisseur» «Le lys d’or», «Les neufs muses», l’ouvrage culte de M. Verlet «Le mobilier français du XVIII siècle».

En février 1937, les services commerciaux se réunissent. Il est précisé que ce sont 20 000 titres publiés et 15 000 titres en exploitation qui se trouvent rassemblés. L’oeuvre d’assainissement est menée avec beaucoup de rigueur. En septembre 1939, conséquence de la guerre, les quatre sociétés seront facturées sous la firme unique PUF. Le 29 décembre 1939 la fusion est effective, sous la seule raison sociale «PUF», Société coopérative avec Paul Angoulvent à la direction. C’est Michel Bouchaud, célèbre dessinateur, affichiste, qui crée la marque, le logo. Ce sera le «Quadrige» d’Apollon, symbole des quatre sociétés regroupées. Il est aujourd’hui encore le logo incontournable de la marque et n’a subi aucune modification ! Belle durée !


EDITEUR ET IMPRIMEUR SOUS L’OCCUPATION

Paul Angoulvent est mobilisé et revient en janvier 1940. François Launay va servir la France et notamment lors du siège de Saumur, 19-21 juin 1940. Le 18 septembre 1940, paraît la «Première liste Otto» (Ouvrages retirés de la vente par les éditeurs ou interdits par les autorités allemandes). En fait les titres «retirés» étaient fléchés. 1060 titres de l’édition française sont concernés.

J’ai fait l’inventaire des titres concernés pour les quatre éditeurs qui nous intéressent. 87 auteurs sont concernés, dont 53 auteurs juifs pour 108 titres.

Le régime de Vichy recommandait, pour toutes les professions, la création de «Comités d’organisation». C’est ainsi que naît, le 3 mai 1941, le «Comité d’organisation des industries des arts et commerce du livre» dénommé «comité d’organisation du Livre» C.O.L. dirigé pour quelques heures ou quelques jours par P. Angoulvent.

Le dépouillement de registres conservés aux archives de Loir-et-Cher nous apporte de précieux renseignements.

Ainsi, sous la plume de Pierre Angoulvent, le 30 juin 1942 : «Malgré les difficultés de tous ordres, nous tournons encore à 42 heures par semaine à fin juin et la limite prescrite par le Répartiteur de papier du tonnage mensuel que nous sommes autorisés à imprimer nous laisse jusqu’ici un plafond de 13,5 tonnes, ce qui est à peine inférieur à nos besoins.» Et en octobre 1942 : les restrictions sur la force motrice, et les prélèvements de personnel perturbent lourdement l’activité.

Heureusement la collection «Que sais-je ?» trouve son public, 50 titres sortent des presses, les rééditions sont nombreuses, une trentaine de titres, environ 200 000 exemplaires sont produits. La survie est-elle assurée ? Non, les difficultés d’exploitation de l’année 1943 sont lourdes, à Vendôme, François Launay a été déporté en Allemagne.

Néanmoins, dans ces conditions funambulesques, de septembre 1939 à septembre 1944, les PUF publieront 703 titres. Une prouesse jamais révélée. Le 24 juillet 1945, l’effectif vendômois dépasse les 100 salariés.

1er «Quadrige» d’Apollon créé par Michel Bouchaud (1939)

50 ANS DE DEVELOPPEMENT

S’ouvre dès 1947 ce que l’on peut dénommer «L’âge d’or». De grandes revues, véritables laboratoires des connaissances, voient le jour.


Impossible d’être exhaustif, mais citons le lancement, en 1955, de la collection «Thémis», de la sortie de la grande «Histoire générale des civilisations», maintes fois réimprimée (l’iconographie réalisée par M. Paul Angoulvent).

En 1957, Philippe Garcin (entré en 1951) devient chef des services littéraires, et Pierre Angoulvent chef des services administratifs et financiers. Tous deux constitueront le premier Directoire, en 1968. Le 21 avril 1973, Philippe Garcin décède ; nous l’appelions, affectueusement, avec quelques amis, le «bipède élégant». Il disparaît avec son projet littéraire, qui avait justifié la nomination d’un troisième membre au directoire. En 1974 Michel Prigent intègre la Maison, il sera nommé Président en 1994, jusqu’à sa disparition le 19 mai 2011.


Les «bulletins de nouveautés» (introuvables en 2021), plusieurs milliers de pages, fournissent de précieux renseignements, on y relève notamment l’arrivée en diffusion en juin 1981 des éditions «Actes Sud».

Et en mai-juin 1968 ?

Placés au premières loges , les yeux rougis, nous hébergions les fuyards, souvent cravatés (les jeunes filles avec carrés Hermès), pas une journée de grève à Paris, le service (de grève) était assuré à Vendôme, qui fut l’une des dernières imprimeries à reprendre, après 20 jours d’arrêt. Pourquoi les vitrines des différents sites, boulevard-Saint-Michel, place de la Sorbonne, rue Soufflot, boulevard Saint-Germain, furent toutes épargnées ?

C’est à l’automne 1970 qu’une grève minoritaire (50 personnes sur 230) éclata à Paris. Néanmoins, les lourdes adaptations de l’Université furent pénalisantes pour la production, l’effectif à Vendôme passait de 324 en 1968, à 280 en 1970 et 235 en 1971.

Dès 1966 Paul Angoulvent se préoccupait de l’avenir et préparait les changements d’hommes et de statuts, le Directoire que nous avons présenté était une des pièces du dispositif. La présidence du Conseil de surveillance fut confiée à M. Paul Angoulvent.

La lecture du «Lit de la merveille» de Robert Sabatier, (ancien des PUF), plonge le lecteur dans l’ambiance de l’édition, sans jamais citer les PUF, lecture jubilatoire.

Le 27 juillet 1976 décède, accidentellement, à quelques kilomètres de sa résidence de Méry-sur-Yonne, Paul Angoulvent. L’édition française est en deuil, et les PUF, solidement installées se doivent de poursuivre l’oeuvre initiée.

En 1998, la situation devient critique, et le déséquilibre entre charges et recettes s’accroît. C’est une société à bout de souffle qui se réunit en Assemblée générale extraordinaire le 5 novembre 1999. 56 sociétaires sont présents ou représentés, la décision est prise à l’unanimité d’engager les démarches de transformation de la société, et de la recapitaliser par souscriptions complémentaires.

Par arrêté du 7 mars 2000, «Considérant que la survie de la société coopérative Presses Universitaires de France est en cause, considérant que la recherche de solution dans le cadre de son statut coopératif s’est révélée infructueuse, en conséquence le redressement de la société nécessite la transformation de son statut en société de droit commun.»

Signatures de Mesdames Martine Aubry, et de Catherine Trautmann. La coopérative n’est plus. «Libris», société civile d’auteurs et de quelques cadres est constituée pour être majoritaire dans la nouvelle configuration où figurent Flammarion (Rizzoli), et deux mutuelles d’assurances. Le centre de distribution d’Evry a été fermé. La librairie de la place de la Sorbonne cédée à Gibert et L’imprimerie de Vendôme sur la sellette. L’ensemble des services parisiens seront regroupés au 6 avenue Reille.

L’assemblée générale de l’imprimerie du 5 février 2002 précise les modalités de reprise par le groupe Landais ainsi que le versement du 1er acompte d’un euro. C’est dans le courant de l’année 2003 que la transmission sera accomplie. Mais l’exploitation ne permettant pas la poursuite de l’activité, une nouvelle cession s’impose. Ce sera MD Impressions avec pour projet un changement de technologie et de lieu. Mais la liquidation arrive avant et en avril 2010 les matériels sont dispersés. Lorsqu’il arrive comme Préfet en Loir-et-Cher en septembre 2010, Nicolas Basselier, fils de Roger Basselier ancien directeur-général des PUF, ne verra que les graphes sur la friche de ce que fut l’imprimerie.

A la société d’édition des PUF, l’apport de fonds de dotation de grandes mutuelles d’assurances s’imposait. Au tout début de l’année 2014, le groupe de réassurance SCOR écrit au Président de «Libris», pour lui proposer les moyens financiers. Un accord est trouvé. Le régime de conseil d’administration réapparaît. L’activité éditoriale est plus sélective. La société est radiée au mois de janvier 2017.

Un prix Nobel d’économie, Jean Tirole, confie aux PUF sa précieuse «Economie du bien commun». Plus de 5500 titres sont disponibles ainsi que 1500 «Que sais-je ?» et la possibilité de réimprimer tout titre manquant sur «L’expres Book Machine». Bref, une belle vitalité pour un parcours simplement exceptionnel, à nul autre pareil.


«Plus on sait et plus on est capable d’apprendre» écrivait Alain dans ses «Propos sur le bonheur»… Publié aux PUF.


Bernard Jiquel,

Directeur de l’Imprimerie, 1978-1994,


ARTICLE 1

https://lepetitvendomois.fr/actualites/que-sais-je/


Que sais-je ?

A l’heure où la toute nouvelle pièce de Luigi Pirandello «six personnages en quête d’auteur» connaissait le succès, six universitaires français unissaient leurs forces et concrétisaient leurs conceptions en créant, le 17 décembre 1921, à Paris, les «Presses Universitaires de France»… en quête d’auteurs. Nous reviendrons ultérieurement sur cet événement, aujourd’hui nous allons mettre l’accent sur une autre création, celle de la collection «Que-sais-je ?», chez le même éditeur et qui fut, dès le premier numéro, en 1941, imprimé à Vendôme.

Comment en sommes nous arrivés là ?

En 1925, l’Imprimerie Launay, qui édite «Le Carillon, mais produit essentiellement des revuEn 1925 ; l’Imprimerie Launay, qui édite «Le Carillon», l’hebdomadaire du Vendômois, et produit essentiellement des revues techniques et des livres, décide de combler un retard qui s’aggravait en faisant l’acquisition de 2 fondeuses «Monotype», et de 3 claviers du même constructeur. L’enthousiasme de M. François Launay avait été perçu par le vendeur et la facilité de mise en œuvre démontrée. Mais, une fois installés, les difficultés étaient telles que pas un signe ne fut produit dans les deux mois qui suivirent et il fallut se rendre à l’évidence, une formation spécifique, délivrée par le constructeur, était indispensable. Mesdemoiselles Bury, Poncelet, et Duvigneau partaient à Paris et 2 fondeurs, MM. Le Bolloch et Pierrard se familiariseront avec ce remarquable automate de composition.


François Launay venait de comprendre qu’il était indispensable de doter le service de composition d’un professionnel avisé. Et c’est chez «Les Orphelins-Apprentis d’Auteuil», à la solide renommée (c’est là qu’exerçait, pour l’avoir beaucoup développé, le Bienheureux aujourd’hui, Père Brottier, natif de La-Ferté-Saint-Cyr) que Marcel Eloffe avait appris le métier, et de la plus belle manière. Il arrive donc à Vendôme, avec son épouse, elle aussi employée, et se révèle un remarquable organisateur (il avait la réputation d’être «ferme») et le renom de l’atelier qui commence à briller, lui doit beaucoup, car il sut former des seconds qui trouvèrent leur place.


Les éditeurs parisiens remarquent cette qualité. 7 ou 8 «typos» (pour compositeurs-typographes) s’affairent et la technique de composition programmée par bande perforée à 31 canaux est maintenant très maîtrisée.

C’est ainsi que des ouvrages sont imprimés pour l’éditeur «Rieder», sans que l’on puisse aujourd’hui savoir si le «Goncourt» 1928, «Un homme se penche sur son passé» de Constantin-Weyer, est sorti des presses Launay ou Imprimerie des P.U.F. L’essentiel des travaux sont constitués de revues «Cinéopse», «Architectures», «Aciers» (avec de très nombreux tableaux de chiffres), «Les nouvelles médicales».


Entre 1922 et 1928, il semble que l’effectif, tous métiers confondus soit de 80 personnes. En outre, une dizaine d’apprentis sont formés chaque année, et cette option sera toujours privilégiée pour la formation, n’oublions pas que nous sommes en province et que les migrations ne sont pas fréquentes à l’époque. Au milieu et fin des années 60, ce chiffre d’apprentis sera porté à 30 environ, et Monsieur Hamelin, professeur de l’Education Nationale se déplaçait dans l’entreprise pour dispenser ses cours. Jacques Gillard, qui finira sa carrière comme directeur technique, entre en 1926.


Et parallèlement à ces travaux d’édition l’Imprimerie Launay éditait et imprimait «Le Carillon» qui sera l’objet, après la reprise en 1928, de débats, car rien ne devrait distraire la capacité de l’imprimerie réservée au Livre.

La «Machine» génératrice d’électricité, énorme groupe «Winterthur», était surnommée de par son bruit sourd et lent, le «cassse pomme» et était la pièce maîtresse des installations grandes consommatrices d’énergie.

On rappelle que cet ensemble industriel, qui allait encore se développer en centre ville, était opérationnel sur une parcelle de 2031 m2, mitoyenne de la Sous-préfecture, du Lycée Ronsard et qu’un agrandissement fut même réalisé sur la moitié de la largeur du bras du Loir !


Nous évoquerons ultérieurement cette problématique immobilière qui fut à l’ordre du jour du Premier Conseil d’Administration de septembre 1928 de la toute jeune «Imprimerie des P.U.F».

A l’heure où des changements se préparaient, que se passait-il dans le monde graphique ?

Oeuvraient, essentiellement en Province : Emmanuel Grévin à Lagny, Durand à Chartres, Hérissey à Evreux, Firmin-Didot au Mesnil-sur-l’Estrée, Crété à Corbeil, Floch à Mayenne, l’Imprimerie Alençonnaise à Alençon, Protat à Macon (remarquablement équipé pour les langues étrangères) tous fournisseurs de «Rieder», «Ernest Leroux», «Alcan», et les jeunes «Presses Universitaires de France» qui publiaient leurs premiers volumes.


A Paris, dès l’origine, et fidèle en cela à l’idéal coopératif (intégration verticale d’un maximum de fonctions), les toutes jeunes «P.U.F.» avaient fait l’acquisition de matériels de composition Monotype qui furent placés chez l’Imprimeur Louis Bellenand, à Fontenay-aux-Roses (cette curieuse pratique fut en partie active dans les années qui suivirent avec l’imprimerie vendômoise).


Le risque était bien sûr lié au bon fonctionnement de l’imprimeur. Et malheureusement la gestion de Bellenand fut si chaotique que les P.U.F. dûrent reprendre leur bien. Procès, tentative d’accord (confié à Paul Ramadier, coopérateur de le première heure) et finalement accord pour un déménagement et stockage en attendant de trouver une destination.


C’est le service commercial Monotype qui indique le récent investissement en 1925 de l’imprimerie Launay. Les différentes parties se connaissent et François Launay, en excellent négociateur qu’il était, saisit cette occasion, pour assurer la pérennité de son affaire, et rapidement cède son Imprimerie en août 1928 aux P.U.F. dont l’enseigne devient «Imprimerie des P.U.F.».


L’année suivante, «Ernest Leroux», «Alcan», «Rieder» et les jeunes «Presses Universitaires de France» ces quatre éditeurs allaient trouver des formules croisées de mutualisation pour finalement se regrouper le 31 décembre 1929 sous le sigle unique des «Presses Universitaires de France», dirigées par la suite par M. Paul Angoulvent, entré en 1934 dans un contexte très périlleux. Il sera l’initiateur du Quadrige d’Apollon, symbole des 4 entités.


La crise économique et financière des années trente affectait largement deux des sociétés d’édition ainsi que la Banque des coopératives (actionnaire des P.U.F.) qui faisait faillite. C’est dans ce contexte, que les banques et notamment un ami fidèle d’HEC, propose à M. Paul Angoulvent, conservateur au Musée du Louvre, et auteur d’ouvrages faisant autorité sur la «Chalcographie du Louvre», d’entrer aux PUF, avec pour mission de redresser la situation. Gaston Défossé qui sera Directeur Général de la BNP, accompagne son ami et restera très impliqué dans la vie de la Maison.


Il faudra donc, après la consolidation et fusion des quatre sociétés, trouver une ligne éditoriale et des projets rapides à mettre en œuvre, car il y a grande urgence et la pression des banques ne faiblit pas.


puf groupe

C’est ainsi que naît la collection «Que sais-je ?»

Paul Angoulvent avait croisé chez un éditeur d’art parisien un dessinateur (on ne disait pas encore graphiste) connu et il lui confie la création de la marque (Le Quadrige) et la maquette de couverture de cette nouvelle collection.


Michel Bouchaud faisait ainsi son entrée aux PUF. Et, dans ce présent article, c’est la première fois que l’on présente ci-contre aux lecteurs ce document qui est remarquablement conservé. Il suffira aux amateurs curieux de rapprocher cette épreuve d’un ancien titre pour voir à quel point la maquette était précise. Autre différence : il s’agit «De l’atome à l’étoile», titre sans doute choisi car préfacé par un prix Nobel, mais il ne fallait pas oublier Maurice Caullery, un des fondateurs des P.U.F. (et futur Président de l’Académie des sciences) et sans doute le père du nom de cette Maison à nulle autre pareille.


La feuille de mise en vente du 1er mai 1941 présente les premiers titres, et l’annonce des suivants. Il est décidé, que compte-tenu des équipements, les volumes seront fabriqués à Vendôme, en typographie au plomb, les compositions conservées pour les réimpressions.


La collection «Que-sais-je ?» est unique par ses caractéristiques techniques et typographiques qui imposent que tous les volumes aient 128 pages. Il y a eu malheureusement trop d’exceptions à 112 pages, 120 pages, ou même 136 pages. Des dérogations économiquement désastreuses, car 4 cahiers de 32 pages donnent bien 128 pages. A ce sujet, il a fallu attendre le milieu des années 1970 pour abandonner les 8 cahiers de 16 pages pour passer à 4×32 pages.


La composition est longtemps effectuée en Bodoni c. 10 de chez Monotype (135-11 c.10 pour les spécialistes) sur 18 douzes (l’unité de mesure adoptée avant le mètre de M. Arago). Un «QSJ ?» standard comportait, à l’origine 240 000 signes (ou blancs), et la composition de cet ensemble pesait environ 240 kilos, soit environ 1 gramme le signe. Retenez bien ces chiffres car quand nous aborderons les premières «mises en vente», nous mesurerons l’ampleur de l’organisation mise en place, d’autant que nombre de titres furent réimprimés dans l’année.


Il faut dire que le génie rodait et il suffit de lire le «Référendum que-sais-je ?» pour mesurer la hardiesse du propos et la confiance. Nous sommes en 1941 et la crise du papier s’installe, s’accentue en 1942, pour ne pas fléchir. Sans parler de l’immobilisation de matière, plomb, antimoine et étain, constitutifs de l’alliage utilisé pour fondre les caractères.


L’impression typo était réalisée sur une machine dite à «retiration», impression de la feuille recto et verso en un seul passage du papier, au format 74×94 cms, jusqu’à l’arrivée très tardive d’une rotative offset à feuilles en 1983. Avec ce nouvel équipement, les 128 pages étaient imprimées sur une seule feuille. Et l’ensemble Place Saint-Martin, jusqu’en 1963-64, avec la production à diriger vers la distribution !


Non content de cette création (qui perdure plus de 80 ans après), Paul Angoulvent confiait à François Perroux, Directeur, à Robert Delavignette et Jacques Madaule, la direction d’une collection grand public de petits volumes de 64 pages reliées par piqûre à cheval, avec même typographie, même format 11,5×17,6 cm que «QSJ ?». Le nombre de titres, sans que l’on puisse trouver une table complète, semble n’avoir pas atteint les 100 titres. Initialement, on trouve le chiffre de 600 titres à publier dans «Que-sais-je ?» On mesure le succès et les traductions dépassent les 50 langues. Et loin d’être figée dans sa production imprimée, en l’an 2000 on recensait déjà plus de 1000 titres numérisés.


Une seule construction porte aujourd’hui la marque «Presses Universitaires de France». Elle se situe à Vendôme, boulevard de l’Industrie, son architecture suggérant son contenu de l’époque : Le Livre. Et le bâtiment jumeau, aujourd’hui «Espace Culturel, le bien nommé, contenait l’intégralité du stock de la collection «Que-sais-je ?».


«Que-sais-je ?» et «Presses Universitaires de France» sont des marques du groupe d’édition «Humensis», et ces fleurons de l’édition française étaient bien présents à Blois, aux récents «Rendez-vous de l’Histoire».


Ah quel travail ! C’était le thème des Rendez-vous et ce fut sans doute une expression courante entendue dans les ateliers de cette maison à nulle autre pareille.


Bernard Jiquel,

1978-1994, Directeur des P.U.F.

1994-2001, Président du Conseil d’Administration de l’imprimerie des P.U.F.

A suivre…


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Bernard Jiquel


















 J'ai tardé à faire les choses loin de me douter qu'à 79 ans, Bernard Jiquel  allait partir dans une discrétion qui le caractérise.

Il arrivait toujours après avoir appelé et annoncé son passage pour affaire ou conseils avisés dans la région de Montoire sur le Loir, homme d'Art et de lettres, directeur des PUF Vendomoises, président de l'Arcom région Poitiers, conciliateur de justice, ses domaines de compétences étaient nombreux.

Mais avant tout ami, 

avec sa femme, 

de l'atelier, 

c'est la personne la plus droite, intègre qu'il m'ait été donnée de rencontrer dans ma vie de relieur,

mais avant tout, 

c'est un ami qui, passant dans l'atelier régulièrement, le maintenait dans sa raison d'être.

Gentil, il arrivait toujours avec un livre, du beau papier.

Dans cet échange amical et professionnel tacite, j'avais proposé de travaillé ses archives d'imprimeur d'Art. il avait accepté.

Au revoir ami Bernard, je suis triste et orpheline de cette présence, cette culture de l'artisan typographe, ce savoir être qui faisait que chaque visite était attendue avec son lot de curiosités et de discussions toujours riches.

J'ai des travaux à finir pour un hommage à ton travail. 

Sans doute n'as-tu pas été conscient de ce que ton amitié m'apportait dans ce monde de l'homo numéricus faible face à l'homme typographique qui nous élève depuis plus de 500 ans.

Ou peut être que si, c'est pourquoi personne autour n'a perçu l'importance de tes projets à venir dans ta ville, de l'agitation permanente du moment plein de chimères. Ta présence dans l'atelier réchauffait mon quotidien de relieur.

Barbizon, une expo, une nouvelle entreprise individuelle, de nouveaux travaux de compositions.

Le monde des Arts du livre, la délicatesse et la finesse du geste, la précision et surtout la concentration.

Combien tes paroles de la semaine dernière résonnent encore.

Merci pour tout.

Très précieux, le travail du maître typographe est aussi précieux que le livre fini.

On voit tous les calages, l'art du travail concret.

C'est ce que j'ai à construire ici.

Un écrin pratique qui conserve ce travail du travail.

Bernard était secret et ne parlait pas. Sa réserve et son éducation, son humilité étaient des leçons pour moi.

Je pose ça là.

Dans le monde numérique, tout flotte.

Dans celui des artisans et typographes, imprimeurs, le plomd devient rêve et magie.

Bon voyage cher Maître Bernard typographe de l'Orangerie du mail à Vendôme.




dimanche 4 mai 2025

Traité des bibliothèques 3

 https://restaurationlivreatroo.blogspot.com/2017/12/traite-des-bibliotheques-1.html


https://restaurationlivreatroo.blogspot.com/2017/12/traite-des-bibliotheques-2.html


Avant de pouvoir traiter un livre, de ma bibliothèque ...

8 ans de réflexions et de non décisions. Quelle sorte de bibliothèque un relieur a envie d'avoir?


Il est démonté. Presque.

A dans 8 ans.

😂











Barbin libraire

 Un commerçant éditeur, dirait-on aujourd'hui et des gens de métiers.

«1697 [d'apr. l'éd.; 1695 d'apr. Kuhn] subst. marchands et commerçants (BoisguillebertDétail de la France, éd. E. Daire, p. 231);» CNRTL.





RUE st Jacques .. c'était du sérieux.

Au Palais .. c'était de la boutiquerie de libraires. Marchands et autres.

samedi 3 mai 2025

Henri-Jean Martin et plus...

 https://publications-prairial.fr/pratiques-et-formes-litteraires/index.php?id=82


http://le-bibliomane.blogspot.com/2008/10/claude-barbin-1628-1698-libraire-de.html


https://shs.cairn.info/revue-de-la-bibliotheque-nationale-de-france-2011-3-page-22?lang=fr


https://expositions.bnf.fr/
contes/grand/033_2.htm

BARBINADE. s. f. J’appelle des barbinades ces nombreux colifichets de petits livres qui ne servent qu’à faire perdre inutilement du temps, & après la lecture desquels on se trouve l’esprit aussi peu rempli que si on n’avoit rien lu, & qui n’ont pas laissé d’enrichir Parbin. La fille d’Elvire veut parler les Auteurs, & décider de leur mérite, elle qui ne pourroit pas faire la différence des ouvrages de Despreaux ou de l’Auteur des Pasquinades, d’avec les Barbinades, ou le Mercure galant. Le Noble.


https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_de_Tr%C3%A9voux/6e_%C3%A9dition,_1771/Tome_1/751-760



























Les PUF Vendomoises

Un article documentaire pour ce blog pour présenter deux entités avec qui j'ai des travaux en cours. Deux articles complets sur les PUF ...