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mercredi 26 juin 2019

Un livre de 1830

1830 est une date qui parle aux relieurs et aux bibliophiles ...
https://restaurationlivreatroo.blogspot.com/2017/05/manuels-roret-de-la-reliure-de-1827-et.html

Comment était la reliure en 1830 ....?








"L'ANCIEN ET LE NOUVEAU

Les années 1830-1900 délimitent donc une de ces périodes privilégiées où s'opèrent des mutations profondes - ici ce qu'on a souvent appelé la « seconde révolution du livre » -, qui permettent à l'historien de saisir, à travers l'observation des dynamismes et des freins, l'ensemble des relations qui font une société; celles-ci n'apparaissent jamais mieux que lorsqu'elles subissent des transformations durables, comme c'est le cas, ou lorsqu'elles se grippent. Ce qu'on décrit ici, c'est d'abord le passage de l'ancien régime typographique, c'est-à-dire d'un ensemble de techniques qui n'avaient pas fondamentalement évolué depuis l'époque de Gutenberg, à une mécanisation qui atteint petit à petit toutes les phases de la fabrication du livre.
« industrialisation » est le maître-mot : industrialisation de la fabrication, bien sûr, mais aussi industrialisation de la production intellectuelle (nous devons à Sainte-Beuve l'expression vouée à un long avenir de « littérature industrielle »). Décrire une révolution technique ou culturelle revient souvent à la décomposer en multiples évolutions qui, se poussant les unes les autres, finissent par faire basculer l'ensemble : se refusant à isoler telle ou telle innovation, Frédéric Barbier, empruntant à Bertrand Gille la notion de « système technique », replace dans un processus de plus de cent ans les inventions marquantes (fabrication du papier en continu, mécanisation des presses, rotatives, machines à composer, etc.)Mais des nuances sont à apporter à ce tableau moderniste : « Les imprimeries forment ainsi un ensemble hétérogène, des usines de plusieurs centaines d'ouvriers coexistent à côté de petits ateliers traditionnels, et au sein d'une entreprise suffisamment importante se rencontrent toujours les différents modes de travail »9."
http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1986-04-0397-003

https://archive.org/details/lareliureduxixes02br/page/n17

Pour les marbrés, les motifs sont repris, retravaillés sur du papier vélin après 1850 environ , plus ou moins, et parfois rendu brillant.
Le motif œil de chat ou œil de perdrix est un grand classique que l'on connait sur du papier vergé, chiffon mat et sur du papier vélin, mécanique, brillant.
https://restaurationlivreatroo.blogspot.com/2014/11/changer-le-papier-et-le-cuir-sans.html

Pour la période de l'histoire concernée ...
https://www.histoire-image.org/etudes/louis-philippe-roi-francais
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Portail:Restauration_fran%C3%A7aise_1814-1830

"LA BIBLIOPHILIE EN FRANCE DU DIRECTOIRE AU SECOND EMPIRE
En France, les années qui suivent la chute de l’Ancien Régime ne sont pas favorables au maintien d’une activité artistique d’envergure. Le retour à une stabilité politique va aller de pair avec un renouveau intellectuel dans le domaine des arts du livre. Dès l’époque du Directoire, l’impression, l’illustration, la reliure trouvent à se renouveler. Les saisies révolutionnaires enrichissent les bibliothèques d’institutions et des chefs-lieux des départements. Beaucoup de livres anciens proviennent des bibliothèques d’émigrés largement dispersées, que recherchent des libraires spécialisés au commerce actif, visités par les acteurs de la bibliophilie renouvelée. Ces livres anciens sont recherchés pour l’intérêt d’un texte, les œuvres d’auteurs classiques de l’Antiquité par exemple, ou la qualité de l’impression. C’est ainsi que de nombreux volumes voient leur habit se renouveler pour de précieuses éditions aldines ou elzéviriennes, alors à la mode. Les relieurs, en nombre croissant, prennent l’habitude de signer leurs travaux.
En reliure de luxe, un changement radical s’observe.
Le maroquin au grain long est de couleur multipliée. L’ornementation consiste en filets, en un losange logé dans un rectangle et surtout, pour la bordure et le cadre, en roulettes au dessin typique du style Empire mis à la mode par les architectes Charles Percier et Pierre Fontaine. Les petits fers se font rares, à l’exception des dos envahis aux mille points. Les armoiries sur les plats, une habitude de l’Ancien Régime, disparaissent, sauf pour les dignitaires des cours impériale puis royale. Il en est notamment ainsi pour les livres de la bibliothèque de Marie-Caroline, duchesse de Berry, bel exemple de la bibliophilie au féminin. Vers 1820, la production éditoriale s’intensifie, au moment où se développe l’usage de la lithographie, appréciée des amateurs de livres qui sont de plus en plus nombreux. Quant à la reliure, elle change du tout au tout. La palette des couleurs des couvertures s’accroît considérablement. L’utilisation des plaques pour l’impression des décors, disparue depuis la Révolution, renaît. Changement radical encore dans le décor. La mode est le retour aux modèles médiévaux ; c’est le néo-gothique, dit « décor à la cathédrale ». Les bibliophiles, exigeants quant à la condition de leurs livres, trouvent dans les ateliers de reliure des façonniers au talent technique remarquable. Le décor des plaques est fait encore d’éléments composites empruntés à l’architecture. Vers 1830, des motifs nouveaux apparaissent qui s’inspirent du style rocaille.
D’autres évoquent ceux créés aux XVIe et XVIIe siècles en France, ornant des éditions anciennes rares, des rééditions de textes anciens, voire des impressions contemporaines. Au temps du Second Empire, des bibliophiles demandent aux relieurs d’exécuter, grâce à leur brillant talent, des copies conformes de décors anciens. C’est le règne du pastiche dont toute originalité est bannie. Du Directoire au Second Empire, le livre va donc connaître un bouleversement considérable. En témoignent les techniques nouvelles  : que ce soit en typographie avec les procédés stéréotypes d’Herhan ou de Didot, ou bien en illustration avec la lithographie créée par Senefelder en 1798 et la gravure sur bois renaissante, après avoir longtemps été abandonnée. À ces nouveautés vient s’ajouter la découverte du papier vélin dont les imprimeurs seront friands pour leur exemplaire de luxe. Des bibliophiles, plus que d’autres, sont sensibles à la qualité de l’invention de l’ornementation extérieure de leurs livres, tels Antoine-Augustin Renouard, libraire et bibliographe, ou Charles Nodier, écrivain, conservateur de la bibliothèque de l’Arsenal. Tous les livres ici présents ont été choisis délibérément parce qu’ils sont recouverts d’une reliure décorée, quasi toujours signée. C’est là une démarche singulière dans le domaine de la bibliophilie. En parcourant cet ensemble, nous découvrons un panorama presque complet de la reliure décorée en France pendant la période considérée. Cette partie de la bibliothèque de Michel Wittock, fondateur de la Bibliotheca Wittockiana, réunit ici des reliures pour le moins représentatives d’une période dont s’apprécie la nouveauté.
Paul CULOT, membre du comité scientifique de la Bibliotheca Wittockiana"

http://catalogue.drouot.com/pdf/alde/livres/24102013/alde_24102013_bd.pdf?id=17502&cp=8






C’est une très jolie reliure, un dos romantique de la période 1830, 
contemporaine de l'édition. on ne sait rien des plats.
Pour conserver le papier de garde ... manquant sur la garde contrecollée ...
J'ai fait le choix de faire une charnière très fine en cuir et de remettre le même papier qu'à l'extérieur.
L'ensemble reste cohérent, joli, et, l’essentiel, solide.
Temps passé 4 heures.
Nettoyage
Apprétûre du dos
Remise en couvrure et conservation de l'ancien dos.
Remise à la teinte.














Le fleuron, au centre, poussé à froid, est référencé dans le catalogue de M. Alivon.
Ainsi que les autres parties.
Y. Devaux, 10 siècles de reliure.








Il y a un soufflet également sur le dos pour permettre au cuir de ne pas se déformer à l’ouverture .. Un livret de préconisation et conseils va avec ...
parce qu'une restauration/réparation sans conseils ne sert à rien.


Une autre option aurait été de changer complètement la garde par un papier presque similaire.
une 3 ème option aurait été de refaire un dos à froid et à l'or à l'identique.

Ma politique est toujours d'intervenir le moins possible pour ne pas faire d'un livre de 1830, date des évolutions techniques dans nos métiers, un avatar vieux neuf ...

ce livre n’est pas rare mais ... sa dorure est jolie et il est en état désormais ... on peut le lire et chercher dedans sans craindre de perdre un bout ou de l’abîmer plus.

Il y a une joie certaine à se servir d'objets anciens en état et à pouvoir les contempler en se disant qu'on a fait ce qu'il fallait pour qu'il soit en bon état.








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