La reliure selon Vladimir Tchékéroul

La reliure selon Vladimir Tchékéroul
On a le droit et le devoir de maintenir un niveau d'exigence haut, place au concret et à la recherche d'indices pour connaître les livres....
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mardi 12 octobre 2021

Le soir du matin de la veille. 3

 5h00 après.
Nous verrons demain pour les quelques retouches et finition afin de pouvoir le manipuler sans craindre de perdre un bout ou de finir en  morceau.
Même restauré solidement, un livre reste fragile, comme un kintsugi, il ne faut jamais le jeter à plat façon libraire, le prendre par un plat, par mes coiffes, le 'ouvrir en grand ... mon travail serait réduit à néant.
Faire un berceau avec sa main et y loger le livre, avec l'autre main, consulter et tourner délicatement les pages.
















Un travail difficile, le matin de la veille. 2

 Il n'est pas rare que la première chose que je fais le matin, la première pensée au réveil est de sauter dans mes chaussures et de filer à l'atelier pour voir comment le livre a réagi aux différents traitements effectués la veille.
Voici donc les photos brutes, en constatant que ce livre n'a pas de chasse.
Quelle élégance.
La raison est surement l'économie des matériaux.
Des siècles après, le résultat est toujours aussi fin.

C'est élégance de l'esprit, de l'intention de mon prédécesseur qui m'élève au respect de son travail. Le mien se coule dans le sien et y trouve une jouissance de l'esprit, un contentement intellectuel qui fait que mes gestes sont précis, mesurés, réfléchis. 
On ne peut pas partager cette expérience intérieure, qui bien souvent écrite fait verser dans la trivialité et la moquerie les réseaux sociaux, c'est ce qu'on en dit pas qui est l'essence de la motivation.
Il faut bien pourtant révéler, même si je corromps par des mots ambigus tenant plus du registre de l'expérience amoureuse, le secret de ma longévité de l'atelier.
Je me lasse parfois mais, un matin comme celui-ci me fait oublier les tracas du quotidien.

C'est une philosophie de vie, vers quoi tendent tout effort, toute intention, toute parcelle de vie et de cellule qui me composent.

On n'est pas obligé de me comprendre.
Mais respecter le travail et les efforts du perfectible.
C'est parce que mon histoire de vie professionnelle est brisée sur l'autel du profit de ce monde, que je redouble d'efforts pour atteindre la beauté qui n'est pas révélée, aux gens pressés, dans mon travail.
Belle journée à vous.
Il faut toujours des éternités pour réparer les âmes et les livres.





























A suivre ....

lundi 11 octobre 2021

Un travail difficile.

 Compliqué de ne pas dénaturer un livre qui a déjà été réparé avec des bout de papier trop épais .. la reliure, le cuir, tout ça a pris l'eau.
En théorie, il faut prendre le temps de mentaliser chaque geste.

Pas d'ajout de gardes qui manquent,
des petites réparations au japon et à la tylose, voire de la colle de pâte,
les tranchefiles à refaire, fines ... je viens de les enlever, de les refaire et d'à nouveau les enlever, tellement ce n'est pas juste comme rendu.
L'intention ne suffit pas toujours: trop interventionniste et c'est raté.
Je verrai demain, au bout de 4h00 de concentration, je suis rincée.
De la laponite pour décoller sans auréoles, qu'ils disent ...ben voyons ..
Prudence: quand il y a de la colophane, les migrations et les auréoles se forment ... et il faut, au final, passer la feuille qu'on ne devait pas mouiller, sous l'eau.

Une apprêture de dos simple après avoir retiré les réparations au milieu du livre et mis un japon fin avec tylose.

Une fois le corps d'ouvrage stabilisé et le moins possible touché, la couture tient, on verra demain le cuir et la remise en place du livre dans sa reliure, le tout de façon solide.



























Sur ces dernières photos, on voit qu'un insecte s'est logé là. Que le cuir est resté collé, parce que celui qui a réparé, a mis de la colle forte de type colle d'os, poisson ou autre animal.
Le livre a pris l'eau en haut sur la coiffe supérieure. Des auréoles en attestent.
Une garde marbrée est perdue à la fin du livre.
Des réparations ont été faites avec un papier 18ème aux bords colorés en rouge (de type grand papier de registres ou imprimerie nationale, papier de qualité, épais), sans qu'on sache à quelle époque? Jusque dans les années 60/70, les relieurs utilisaient de la colle sur base animale, jaune, très dure et souvent acide, qui déchire le cuir.

Les réparations, avec le papier trop épais, ont déformé le livre et, à force, il est sorti de sa reliure. On peut supposer que la réparation est ancienne parce que le livre a pris la forme qu'on lui voit.

Le cuir est de type veau foncé, ou plus probablement basane mais de qualité.

A suivre ....

Engel Jean

 Jean Engel — Wikipédia https://share.google/ fVIBm3EucDCYBQolE Gillot https://madparis.fr/~period/article-fiche-local3898en.html Un album p...