La reliure selon Vladimir Tchékéroul

La reliure selon Vladimir Tchékéroul
On a le droit et le devoir de maintenir un niveau d'exigence haut, place au concret et à la recherche d'indices pour connaître les livres....
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dimanche 1 décembre 2019

Coudre


Coudre votre livre est une joie infinie: Vous réalisez que ces pages éparpillées vont former cet objet particulier qui nous accompagne depuis la nuit des temps .... Depuis votre enfance.

Roger Chartier, dans son cycle de conférences accessibles là, dans l'onglet sur le côté audios/vidéos, parle de la matérialité du livre indissociable de l'esprit du texte, qui existe, ce texte, (non sans parfois avoir été corrompu d'où la nécessité d'en préciser les droits de l'auteur, Kant, opus mecanicum),
(dans Google, cliquez sur "tout afficher".)



Ce texte qui existe par le travail des artisans des métiers du livre qui lui font sa dimension d'objet.

Choisir le bon fil, est primordial, nous l'avons vu dans le post précèdent "le choix du fil" .
Choisir le matériau sur lequel vont être cousus vos livres aussi.
A travers les temps, les nerfs ne sont pas tous constitués par la même matière.



Petit rappel des différents types de supports et de couture au cours des siècles:

Du 8ème au 11ème siècle, la couture est sur double nerfs de chanvre ou de cuir.
Le cousoir date environ du 11ème siècle. Avant cette invention, c'est le premier ais qui était utilisé comme base pour coudre les cahiers, une fois assemblés, le second ais était placé de façon à réaliser une tension sur le livre et le protéger.

Du 12ème au 13ème, la couture se fait sur nerfs fendus ou roulés, avec des nerfs supérieurs à 5.

Du 14ème au 15ème, sur nerfs de septains (ficelle de chanvre à 7 brins) avec une couture sur chevrons sur doubles nerfs.

Au 16ème siècle, on retrouve bien sûr les caractéristiques des siècles passés, la couture se fait en chevron sur des lanières de cuir mégissé ou de porcs.

Au 17ème, les techniques de couture se complexifient, on trouve des coutures sur nerfs torsadés, à chevrons, sur septain pour les reliures e luxe. La demi reliure apparait sur double nerfs ou nerfs simples, dans la seconde moitié du siècle.

Au 18ème, même chose, les grecques se généralisent. Ce terme vient de la pratique des ouvriers grecs et crétois qui ont fui la guerre et la chute de Constantinople. Lors de leur arrivée à Venise, dans les ateliers des imprimeurs vénitiens, au moment de l'effusion humaniste et de l'exportation vers la cour des Rois de France des arts et métiers, ils pratiquent leurs techniques et échangent avec d'autres artisans.
Les dos sont dits longs avec une autre esthétique qui fait aussi changer la décoration.

Au 19ème, c'est l'apparition du ruban et de la mousseline. le cahier des charges très abouti au 16ème siècle se voit complétement modifié cette fois-ci avec le machinisme milieu de siècle et fin de siècle.
https://www.staatsbibliothek-bamberg.de/index.php?id=1491
Première image connue de cet objet façonné par les moines.






La couture à cahiers sautés est une technique qui permet, quand les contraintes du livre sont telles qu'on ne peut éviter de le faire monter trop,  de ne coudre qu'un cahier sur deux ou sur trois en les solidarisant de façon partielle sur la totalité de la couture.
Utilisée dans les ateliers depuis toujours, c'est aussi une façon de ne coudre qu'avec un seul type de fil: économique pour l'artisan.


















Particulièrement adaptée aux livres en feuillets uniques dont on ne veut pas faire de montage sur onglets repliés, le surjet machine permet de reconstituer des cahiers.











La couture sur rubans est utile pour les livres contemporains, plus rapide, adaptée aux machines à coudre de l'industrie de la reliure ...






Les livres s'ouvrent bien à plat, peuvent se passer de la passure en carton, puisque la course aux couts faibles fait simplifier toute la chaine de fabrication du livre. ce sont des emboitages, la plupart de nos "beaux livres d'Art" sont faits de cette façon.
Il faut bien séparer la reliure semi industrielle et le métier de relieur tel que je le pratique, qui est caractérisé par des opérations manuelles et la possibilité de choisir la passure en carton avec des ficelles qui assurent solidité au corps d'ouvrage.

 La couture sur ficelles est, traditionnellement, en regard de cette hiérarchie artificielle appliquée à la fabrication artisanale des livres, pour les livres en cuir, dite de luxe.

La finition reste le seul luxe aujourd'hui avec multitudes de contraintes techniques que ne connaissaient pas nos ainés.
Il y avait certes des matériaux de différentes qualités et des périodes de pénurie ont existé (durant les révolutions et les guerres).













lundi 12 novembre 2018

Un corpus autour des littératures de colportage.

La littérature de colportage , ce sont ces petits livrets bleus ou roses dans un papier médiocre, parfois avec du dominoté comme couvrure, qu'on trouve en état piteux au fond des cartons de brocanteurs quand on a de la chance ou, et c’est mieux pour l'intégrité et l'état de l'objet, chez les libraires spécialisés, bouquinistes de quais et bouquinistes passionnés de ces petits imprimés.
Ils sont en fait très variés dans leurs formes.

http://www.cndp.fr/crdp-reims/fileadmin/documents/preac/patrimoine_mediatheque_troyes/La_Bibliotheque_bleue_dossier_didactique.pdf




Dans la copie des premières pages de ce livre:
La bibliothèque bleue et les littératures de colportage
Etudes et rencontres de l'Ecole des Chartes
Etudes réunis par Thierry Delcourt et Elisabeth Parinet
En diffusion chez Droz, par l'Ecole des Chartes.

Vous avez beaucoup de références dans les notes de cette préface.
(Ma question initiale était: qui étaient les lecteurs de ces livres? Comment apprenaient-ils à lire?)


Sur le travail de l'atelier:
En restauration, conservation, on fera plutôt:
- Des réparations sommaires pour ne pas enlever à l'objet son "jus".
- Un bon nettoyage avec un pinceau ou un aspirateur à puissance variable pour ne pas faire plus de dégâts ...
- La réparation du dominoté par un doublage au papier japon et colle de pâte.
- La reprise, à l'aquarelle, des manques de façon légère et harmonieuse.
Mais si vous ne vous sentez pas dans ce travail de reprise ... mieux vaut laisser un manque en papier japon ou papier fait main un peu grisâtre, de type papier artisanal .... voir les libellés papier Ruscombe, Jean Pierre Gouy, Jacques Bréjoux-Nadine Dumain, papier fait main .... il existe surement beaucoup de personnes qui font de belles choses.
Pour l'atelier, je me limite à ces trois entreprises qui ont une reconnaissance nationale et internationale dans leur domaine.
Ce sont comme moi, des artisans qui travaillent seuls ou/et avec leurs familles, qui transmettent aussi beaucoup leurs savoirs.


On pourra aussi faire une plaquette ou une reliure avec un demi dos foncé en veau, mors fin et un joli papier de type Annonay, glacé, brillant, et des gardes bleues de conservation pour rappeler la nature de ces livres ... jusqu’au 19 ème; on les trouve reliés, ensuite, par des amateurs, avec des dos très fins et des titres en longs. Ou encore des petits bradels très fins, plein papier, avec leurs petites boites recouverte d'un dominoté moderne réalisé par les marbreuses et marbreurs.

Le livre à l'intérieur reste intacte et un montage déontologique qui permettra de retrouver l'original, une fois enlevé votre travail, est essentiel; un dossier avec toutes vos interventions, et colles.
Il est important de pouvoir travailler dans cette optique: ce que vous avez monté doit pouvoir être démonté sans dommage, autant que faire se peut.

Sur ces livres de colportage, un simple rebrochage est aussi envisageable.

Enfin même si le travail doit être soigné, ce type de publications avait beaucoup d'imperfections et de défauts. Vouloir les rendre parfaits est dommageable (selon moi et un corpus de restaurateurs relieurs aujourd'hui en France et ailleurs, travaillant dans l'idée de faire le moins possible - quantum sufficit- , le mieux possible - primum non nocere - , en n'amenant pas de matériaux susceptibles de dégrader dans le temps, par contamination, pollution - (les colles, les acryliques).

Laver uniquement dans des cas de souillures extrêmes, quand aucune autre solution ne rend un meilleur résultat. La question se pose aussi en terme de manipulation et de fréquences de lecture, donc de solidité. 

Quoiqu'il en soit, ils sont toujours à manipuler avec beaucoup de précautions.























Et comme une lecture amène souvent à une autre ...
La pratique de la lecture
















Et enfin, il n’est jamais inutile de rappeler que les livres sont fragiles mais qu'ils ont leurs défenseurs.
Que la meilleure façon de participer à une meilleure compréhension de ce médium, est de lire.

http://www.thierry-guinhut-litteratures.com/article-destins-du-livre-du-papyrus-a-google-books-66880036.html






lundi 14 mai 2018

Sur la notion de l'auteur.



https://lectures.revues.org/17602

http://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_2006_num_75_1_2609_t1_0676_0000_2


"La seconde rupture se situe aux XIVe et XVe siècles, avant l’invention de Gutenberg, et consiste en l’apparition du “libro unitario”, selon l’expression d’Armando Petrucci. Celui-ci rassemble dans une même reliure les œuvres d’un seul auteur, voire même, une seule œuvre5. Si cette réalité matérielle était la règle pour les corpus juridiques, les œuvres canoniques de la tradition chrétienne ou les classiques de l’Antiquité, il n’en allait pas de même pour les textes en vulgaire qui, en général, se trouvaient réunis dans des miscellanées composées par des œuvres de dates, de genres ou de langues différents. C’est autour de figures comme Pétrarque ou Boccace, Christine de Pisan ou René d’Anjou, que naît, pour les écrivains “modernes” le livre “unitaire”, c’est-à-dire un livre où se noue le lien entre l’objet matériel, l’œuvre (au sens d’une œuvre particulière ou d’une série d’œuvres) et l’auteur."
Source:
https://imageson.hypotheses.org/658
De l’écrit sur l’écran, par Roger Chartier (Les écritures d’écran, 18-19 mai 2005)
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ar Rédacteur · Publication · Mis à jour



Engel Jean

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