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samedi 30 novembre 2019

Coudre


Coudre votre livre est une joie infinie: Vous réalisez que ces pages éparpillées vont former cet objet particulier qui nous accompagne depuis la nuit des temps .... Depuis votre enfance.

Roger Chartier, dans son cycle de conférences accessibles là, dans l'onglet sur le côté audios/vidéos, parle de la matérialité du livre indissociable de l'esprit du texte, qui existe, ce texte, (non sans parfois avoir été corrompu d'où la nécessité d'en préciser les droits de l'auteur, Kant, opus mecanicum),
(dans Google, cliquez sur "tout afficher".)



Ce texte qui existe par le travail des artisans des métiers du livre qui lui font sa dimension d'objet.

Choisir le bon fil, est primordial, nous l'avons vu dans le post précèdent "le choix du fil" .
Choisir le matériau sur lequel vont être cousus vos livres aussi.
A travers les temps, les nerfs ne sont pas tous constitués par la même matière.



Petit rappel des différents types de supports et de couture au cours des siècles:

Du 8ème au 11ème siècle, la couture est sur double nerfs de chanvre ou de cuir.
Le cousoir date environ du 11ème siècle. Avant cette invention, c'est le premier ais qui était utilisé comme base pour coudre les cahiers, une fois assemblés, le second ais était placé de façon à réaliser une tension sur le livre et le protéger.

Du 12ème au 13ème, la couture se fait sur nerfs fendus ou roulés, avec des nerfs supérieurs à 5.

Du 14ème au 15ème, sur nerfs de septains (ficelle de chanvre à 7 brins) avec une couture sur chevrons sur doubles nerfs.

Au 16ème siècle, on retrouve bien sûr les caractéristiques des siècles passés, la couture se fait en chevron sur des lanières de cuir mégissé ou de porcs.

Au 17ème, les techniques de couture se complexifient, on trouve des coutures sur nerfs torsadés, à chevrons, sur septain pour les reliures e luxe. La demi reliure apparait sur double nerfs ou nerfs simples, dans la seconde moitié du siècle.

Au 18ème, même chose, les grecques se généralisent. Ce terme vient de la pratique des ouvriers grecs et crétois qui ont fui la guerre et la chute de Constantinople. Lors de leur arrivée à Venise, dans les ateliers des imprimeurs vénitiens, au moment de l'effusion humaniste et de l'exportation vers la cour des Rois de France des arts et métiers, ils pratiquent leurs techniques et échangent avec d'autres artisans.
Les dos sont dits longs avec une autre esthétique qui fait aussi changer la décoration.

Au 19ème, c'est l'apparition du ruban et de la mousseline. le cahier des charges très abouti au 16ème siècle se voit complétement modifié cette fois-ci avec le machinisme milieu de siècle et fin de siècle.
https://www.staatsbibliothek-bamberg.de/index.php?id=1491
Première image connue de cet objet façonné par les moines.






La couture à cahiers sautés est une technique qui permet, quand les contraintes du livre sont telles qu'on ne peut éviter de le faire monter trop,  de ne coudre qu'un cahier sur deux ou sur trois en les solidarisant de façon partielle sur la totalité de la couture.
Utilisée dans les ateliers depuis toujours, c'est aussi une façon de ne coudre qu'avec un seul type de fil: économique pour l'artisan.


















Particulièrement adaptée aux livres en feuillets uniques dont on ne veut pas faire de montage sur onglets repliés, le surjet machine permet de reconstituer des cahiers.











La couture sur rubans est utile pour les livres contemporains, plus rapide, adaptée aux machines à coudre de l'industrie de la reliure ...






Les livres s'ouvrent bien à plat, peuvent se passer de la passure en carton, puisque la course aux couts faibles fait simplifier toute la chaine de fabrication du livre. ce sont des emboitages, la plupart de nos "beaux livres d'Art" sont faits de cette façon.
Il faut bien séparer la reliure semi industrielle et le métier de relieur tel que je le pratique, qui est caractérisé par des opérations manuelles et la possibilité de choisir la passure en carton avec des ficelles qui assurent solidité au corps d'ouvrage.

 La couture sur ficelles est, traditionnellement, en regard de cette hiérarchie artificielle appliquée à la fabrication artisanale des livres, pour les livres en cuir, dite de luxe.

La finition reste le seul luxe aujourd'hui avec multitudes de contraintes techniques que ne connaissaient pas nos ainés.
Il y avait certes des matériaux de différentes qualités et des périodes de pénurie ont existé (durant les révolutions et les guerres).













4 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je suis traducteur et je suis en train de travailler sur un ouvrage très technique.
    Savez-vous par hasard à quoi correspond en français une technique de couture dite "by-pass sewing" et comment appelle-t-on en français a "lacet-case binding" ?
    J'ai beaucoup de mal à trouver des réponses à mes questions.

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  2. Bonjour, je suppose que "by pass sewing" est passure en carton, c’est la reliure en elle même.
    Les ficelles de couture sont passées dans le carton pour que le tout fasse un livre.
    Si vous regardez au libellé "passure en carton", vous allez comprendre, en allant tout en bas du blog dans les étapes.
    On dit aussi une reliure passée carton.

    "Lacet-case binding" est plus obscure pour moi. En mot à mot c’est reliure à lacet.
    Je suppose que ce sont les reliures à la japonaise, une technique dérivée des reliures traditionnelles asiatiques qui fait juste tenir les feuilles d'un livres par un fil qui passe à travers le bloc entier, selon différentes façons de percer le bloc livre en entier.
    Vous trouverez des exemples là:
    https://www.pinterest.fr/pin/443041682083852432/?lp=true

    En espérant que cela fasse sens pour vous,
    Cordialement.
    Sandrine.

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  3. https://www.staatsbibliothek-bamberg.de/digitale-sammlungen/bamberger-schaetze/

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  4. http://digital.bib-bvb.de/R/ES1UDP5II6PAHFFVIQFCX7HPAV959U6JIJC5X9Y2Y3PK6S6LSH-00539?func=collections&collection_id=2749&local_base=SBG&pds_handle=GUEST

    Pour trouver la source du manuscrit de Bamberg

    "La sélection numérique de manuscrits de la bibliothèque et du scriptorium du monastère de Michaelsberg, proposée ici, complète l'exposition présentée à la Staatsbibliothek Bamberg (du 26 juin au 2 octobre 2015) et est en constante expansion.

    En 1015, huit ans après la création du diocèse de Bamberg par Henri II, fut fondé par Mgr Eberhard, premier évêque de Bamberg, le monastère bénédictin de Saint-Michel. 1021 pourrait être célébrée la consécration de l'église du monastère.

    le monastère était richement doté et comptait un stock de base de manuscrits, parmi lesquels de précieux livres de la main de l'empereur. Vers 1140, Burchard (décédé en 1149), le bibliothécaire du monastère, enregistra systématiquement les livres qui lui avaient été confiés. Il y note l’origine des manuscrits individuels, dans la mesure du possible. Il a également présenté les moines qui travaillaient dans le scriptorium du monastère à son époque et a identifié les volumes qu'ils avaient écrits. Vingt écrivains connus par leur nom ont produit près de 200 codex en près de 30 ans, dont beaucoup d’après les modèles de la bibliothèque Dome.

    Le scriptorium rattaché à la bibliothèque fabriquait essentiellement des livres destinés à l'usage du monastère. Parmi les abbés Wolfram (1112-1123) et Hermann (1123-1147), il connut des heures de gloire, qui se poursuivirent dans la seconde moitié du XIIe siècle avec des réalisations importantes.

    Au 12ème siècle, une école de peinture a été créée ici, dédiée à la décoration artistique de manuscrits individuels. Le produit le plus connu est le Bamberger Schreiberbild, datant d’environ 1150, qui illustre les divers savoir-faire de la création d’un livre inspirant une grande fierté ( Msc.Patr.5 ). "

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