La transformation du métier de relieur au milieu du 19 ème siècle.

https://www.istockphoto.com/fr/search/more-like-this/692448614?assettype=image&mediatype=illustration&sort=mostpopular&family=creative

Je me fais souvent cette réflexion au sujet de l'histoire du livre:
ce n’est pas l'histoire de la reliure et de l'évolution de ses techniques.

Le livre, son histoire, ont tendance à être globalisées en fonction des grandes étapes de l'évolution des sociétés scientifique, technique, industrielle et économique ... tout ça dans cet ordre .. les applications des recherches servant au monde industriel et de la fabrication des objets usuels, passant vite fait sur le métier de relieur et autres artisans collatéraux.

Le livre est un objet usuel depuis sa démocratisation avec l'apprentissage de la lecture, l'école obligatoire.

En cherchant des images de machines industrielles concernant nos métiers ... je suis tombée sur une banques d'images représentant les monstres mécaniques, marchant au gaz et à la vapeur parfois ... pour produire.
Nous entrons donc dans le monde des process ... et de la rentabilité.

Bien loin de mon petit atelier où j'ai une presse en bois du début 19 ème, une autre fin 19 ème mais sur le modèle ancien, une autre des années 60 mais toujours manuelle, dite à bras.
Des cisailles, un étau à endosser et un fût à rogner main ... rien de mécanique industriel.

Il faut donc bien comprendre que la production mécanique dit vitesse et vitesse .. peu de finitions, collages à chaud, gains de coûts sur tout.
Et aussi peu de solidité, peu de pérennité dans la manipulation.

Et que ... la restauration de ces productions industrielles ne sont pas évidentes, parfois même ... difficilement restaurables, voire pas du tout ... quand tout est foutu .. on ne fait pas de miracles ...

Un rappel de cet autre article:
https://restaurationlivreatroo.blogspot.com/2019/12/manuels-roret-de-la-reliure-de-1827-et.html

Manuels Roret de la reliure de 1827 et de 1890.

Une reprise de cet article qui n'a rien perdu de sa verve ni de son actualité.

Un article pour faire l'article sur la bible ses relieurs ...
Il faut dire que j'ai des preuves qu'entre le presque début du 19ème et la presque fin du même siècle, on n'a pas lésiné sur le machinisme: la grande époque où les ateliers sont passés du petit atelier familial à l'usine.
L'usine Mame, c'est plus de 15000 livres par jour avec 1200 ouvriers et ouvrières, en 1850.
Avec aussi un émouvant témoignage au crayon rouge d'un de mes prédécesseurs. Et une découpe des vignettes mises en regard des paragraphes explicatifs.

Pour ce faire, deux exemplaires du Manuel Roret de la reliure !

Plusieurs éditions référencés dans la bibliographie de Bruno Fieux.
Un de mes exemplaires appartenait à Pierre Cornu, relieur à Avignon!

Entre 1827 et 1831
1831- 1839. 3 planches.
1853 - 1865. 4 planches.
1867 - 1878 . Le cartonneur s'ajoute. Le rogneur également.
1879 - 1890. Figures et 4 planches.

Mais voici les photos et vous allez voir, le Roret s'en donne à cœur joie de la grande époque du machinisme ...
En regard les machines de mon atelier dont un très grand cousoir (conception initiale 12ème siècle) pour la couture des journaux.

Signets anciens.

Fut à rogner. 1827, C'est le seul outil dont le restaurateur a besoin.

Arrondisseuse endosseuse semi industrielle muni de rouleaux à bascules.

Après 1890, il y aura encore 3 versions de ce manuel du relieur écrit par Seb. Le normand. et un dénommé M. R., puis révisé par W. Maigne, en 1879.

1890 - 1923.
1923 - 1932.
Enfin dernière version en 1932, dont je me fends de l'écriture de toutes les parties ...
Séchage,
assemblage, glaçage, satinage, pliage et brochage, matières employées par le relieur, atelier de reliure, opérations de reliure, racinage et marbrure de la couverture, marbrure sur tranche, dorure et gaufrure, reliure mécanique, reliures diverses, reliure des journaux et des gros livres, nettoyage et préservation des livres, vocabulaire techniques

Tandis qu'en 1827, voici les sections: Manuel du relieur dans toutes ses parties, précédé des arts de l'assembleur, du brocheur, du marbreur, du doreur et du satineur.


Après 1950, le notion de conservation de fera de plus en plus précise, mettent le point sur les "I" de la chimie et du bois dans l'industrie papetière du 19ème, de l'acidité du papier, des colles ... des produits toxiques et délétères aussi bien pour les livres que pour l'homme ...
Les années 70 signent l'arrêt de mort de notre métier ... la chaîne de fabrication de livre est complètement transformée ... Dos coupé carré collé, feuillets uniques ... ne permettant pas de pratiquer la reliure telle que nous la décrivons à travers les manuels Roret.
MAIS c'est très mal connaitre le relieur qui s'adapte et, si sa production ne peut pas dépasser la capacité à travailler avec deux mains au bout de ses deux bras ...  il a trouvé une solution pour personnaliser quand même, (à la façon de la devise de Sarah Bernhard) vos livres modernes .
Et depuis les années 90, le décor et les structures légères, sans colles, sans passure, font la joie des créatifs.

Le choix des papiers décorés, papiers marbrés, papiers décorés à la colle, papiers dominotés, papiers main et papier mécanique

Une fois votre livre couvert, vous avez à poser le papier décoré qui a été choisi au départ de la conception du livre.

Plusieurs possibilités s'offrent à vous.
En bibliophilie traditionnelle, on prendra des papiers marbrés, ou à la colle, ou bien encore dominotés, dits classiques: petits peignes, coquilles, cailloutés, motif tirés, empire, petits motifs géométriques.
Ils seront assortis en coloris à la teinte du cuir, de la toile, en relation avec les couleurs du livre, ou du texte ...

Je ne peux pas dire qu'il y ait vraiment de règles, mais plutôt un sens du gout, de l'esthétique qu'il faut travailler en regardant beaucoup de livres reliés anciens et modernes, dans la création de reliure.

Dans ce premier article sur le papier décoré nous ne parlerons que de marbrure.
Il faut cependant avoir quelques notions d'histoires de ce qui fut inventé par les turcs,
(une autre technique dite Suminagashi vient d'Asie avant les turcs).

Les premières gardes en marbré à 7 couleurs, Old Dutch apparaissent à partir du milieu du 17ème (1630 source: O. M.)
Le papier marbré: gros caillouté, scroetel, stormont, marbré persillé, œil de chat sur chiffon avant 1850, papier brillant après 1856, annonay, queue de paon.

Le maitre relieur date des années 30, comme le flammé et le marbré céramique.


Vous pouvez vous reporter à de nombreux livres qui parlent de cette technique:
Marie Ange Doisy principalement dont le travail fait date dans l'histoire des métiers connexes de la reliure.

https://www.faton-beaux-livres.com/livre/dominoterie-a-marbrure.1767.php


http://catalogue.bm-grenoble.fr/in/faces/details.xhtml?id=p::usmarcdef_0000035044


Le travail de datation pour savoir de quand date le papier décoré sur vos livres, peut se faire par un petit travail de collecte et de papeterie:



Chagrin grain long avec un caillouté moderne, mélange de tradition et de modernité pour la Dame aux camélias..

Œil de chat 1850 véritable, brillant.