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mercredi 5 juin 2019

Histoire de la reliure ... Au début.



C’est énervant .. mais la connaissance ça vient par petit bout, en contradiction de ce qu'on a vu avant et quand on a de la chance, en renforcement de ce que l'on croit savoir ou pas, ou plus.
Donc voici une photo de la reliure d'un codex copte.
Source:
https://www.naghammadi.org/nag-hammadi/

C’est un document extraordinaire qui montre comment les écrits étaient protégés.

Fragile document.

Nous sommes entre le deuxième et de quatrième siècle de l'histoire de la reliure, selon Jean Szirmai qui a étudié ces reliures dans un livre qu'on trouve encore.

https://brentnongbri.com/2017/12/08/ancient-book-covers-and-cartonnage/

A sa suite ou avant, Berthe Vanregemorter, Jean Vézin Jean Irigoin, qu'on pourra lire ici:

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1960_num_14_2_3052?fbclid=IwAR2cUke8hplNV55eE6VrU68CZLGZ3plSvxpnNWSXXjJzeqybZnNUmK9nsR8

Et Christian Förstel:
https://hal-bnf.archives-ouvertes.fr/hal-00904866/document?fbclid=IwAR2S_jB8mHY2nHDvjwprlJOvC66YPtxxF8S0HGRIqhdUcx7VoNvEDLQjvUk

Qui met l'accent sur un point important entre reliure byzantine l'objet de l'époque byzantine, et reliure byzantine, le texte et la reliure byzantine telle que l'histoire de la reliure la donne comme reliure moyenâgeuse faite par des artisans orfèvres, tisserands ..https://restaurationlivreatroo.blogspot.com/2017/02/on-revise-un-peu-les-bases-de-lhistoire.html?fbclid=IwAR3kQEDIrssHX--87wduicc4rpSLQHHysS6rb1b_2AjYdqfBlxApyH_pvrY



"Contrairement à l’Occident où des reliures sont conservées dès l’époque carolingienne, Byzance ne nous a apparemment transmis aucune reliure de haute époque. Si l’on prend quelques manuscrits parmi les plus célèbres issus de la capitale de l’empire byzantin, le constat est particulièrement frappant: le Paris. gr. 510, chef d’oeuvre de l’art byzantin exécuté vers 880 pour l’empereur Basile Ier le Macédonien et peut-être dû à l’initiative du patriarche Photios, porte ainsi une reliure française aux armes du roi Henri IV qui est postérieure au manuscrit lui-même de plus de cinq siècles ; le « psautier de Paris » (Paris. gr. 139), une des oeuvres les plus achevées de l’art byzantin de la période macédonienne qui date du milieu du X e siècle porte quant à lui une reliure parisienne du troisième quart du XVIe siècle, réalisée pour Jean Hurault de Boistaillé, envoyé du roi de France à Constantinople. Ces manuscrits d’apparat devaient porter à l’origine des reliures également très luxueuses qui ressemblaient peut-être à celles qu’on voit représentées sur des mosaïquesbyzantines célèbres où le Christ tient un livre aux plats dorés et décorés d’une croix et de nombreuses pierres précieuses comme c’est le cas à Daphni avec le Christ Pantocrator (fig. 1) ou dans la mosaïque de la tribune sud de Sainte-Sophie de Constantinople qui montre le Christ flanqué de l’empereur Constantin Monomaque et de l’impératrice Zoé (fig. 2). Ces œuvres majeures de l’art byzantin nous donnent au moins une idée de l’aspect extérieur des livres d’apparat de l’époque médiobyzantine. A l’instar des livres représentés dans ces deux mosaïques, les reliures les plus précieuses décrites dans les documents administratifs conservés sont souvent décorées d’une croix et de très nombreuses pierres précieuses. La Diataxis ou ordonnance rédigée par un membre de l’aristocratie aulique du XIe siècle, Michel Attaliatès, pour le monastère qu’il a fondé à Constantinople, mentionne ainsi parmi les objets appartenant au monastère deux livres dont les plats sont décorés de croix. Le plus précieux de ces livres est un « tétraévangile écrit en majuscule, portant deux croix et huit gammatia [plaques décorés en forme de gamma fixées sur la couvrure des plats], tous en or, l’une des croix portant la crucifixion, l’autre la très sainte Théotokos, les gammatia représentant quant à eux les saints apôtres et divers autres saints. Ce tétraévangile a 71 petits clous, sept fermoirs en argent doré… » ".


Et aussi ... Un autre blog pour faire une sorte d'état de la ma bibliothèque et vous donner les sources des articles.
https://deslivressurleslivres.blogspot.com/2019/06/the-archaeology-of-medieval-bookbinding.html

Mais le plus important c’est que d'un échange avec une historienne de la Haute antiquité est née cette envie de comprendre autre chose.
Alors que pour moi la reliure à la grecque est datée de François premier avec les apports d'Alde Manus et des crétois qui ont fui Constantinople en 1456 vers Venise, de la venant à Fontainebleau dans les échanges culturels et marchands initiés par François premier ... l'effervescence humaniste ... la reliure grecque pour une historienne de cette période n'est pas différente ou peu de la reliure byzantine, syriaque, copte.

(Profitant de la présence à Venise de nombreux réfugiés byzantins, il réunit des érudits grecs qu’il employa à collecter, relire et éditer les textes classiques. En 1500, ces érudits fondèrent la Neacademia, également appelée Académie Aldine, qui se consacra à l’érudition et la publication de littérature grecque. Ses membres ne parlaient que grec dans leurs assemblées et modifièrent leur nom pour leur donner des formes grecques. )
Nous ne parlons pas avec les mêmes référents ... c’est à dire que sous le terme livre, reliure on trouve à la fois l'aspect extérieur, la couvrure donc pour nous, le bloc livre, le corps d'ouvrage pour nous, le style de l'enluminure, le contenu donc.
Et c'est là que c’est important de comprendre les apports d'un maître artisan dans le monde de la recherche et des chercheurs:
Les termes techniques veulent dire quelque chose de précis:
un geste et un outil précis, une matière.


Voici son commentaire:
 le monde syriaque ( = Haute-Mésopotamie) fait partie de l'Empire byzantin et les techniques sont les mêmes en Orient et en Occident. Les langues (latin, grec, copte, syriaque) peuvent différer mais l'univers culturel est le même et les techniques proches, quelles que soient les variantes locales. Le hasard du peu d'exemplaires conservés fait que les plaques de reliure en ivoire provenant d'Occident (qu'il s'agisse de reliures ou de diptyques qui n'ont pas la même fonction) remontent au Ve siècle (les techniques restant les mêmes avant et après la chute de l'Empire) tandis que les exemplaires orientaux (byzantins donc) ne sont pas antérieurs au VIe. Mais c'est le hasard qui provoque cette connaissance très lacunaire. La route de l'ivoire a ensuite été coupée pendant quelques siècles, si bien qu'en Orient comme en Occident, il faut attendre le Xe siècle (après la pacification permettant de nouveau l'importation du matériau) pour que le matériau soit de nouveau travaillé. Mais il existe bien une reliure byzantine en ivoire au VIe siècle ; le matériau est exclusivement utilisé à la cour, en Orient comme en Occident. Quand on en trouve dans d'autres contextes, la production a une origine impériale et a fait l'objet de cadeaux. Dans le monde syriaque, s'il n'est pas totalement inenvisageable que des codices reliés en ivoire aient pu exister, on n'en a aucune preuve. Les reliures de cuir (de type de celles de Nag-Hammadi, qui certes proviennent d'Egypte mais relevaient certainement d'une pratique répandue dans tout l'Empire romain) devaient être beaucoup plus répandues, voire les reliures de bois.


Avec une profonde joie et amitié d'avoir pu échanger avec Violaine Malineau.
:)

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