Bienvenue sur le blog de l'atelier

Sur le côté: les libellés et des liens en relation avec l'atelier. Ce blog professionnel se veut un outil pratique regroupant tout ce qui peut être utile à ceux qui sont passionnés de livres anciens et de reliure.
N'hésitez pas à commenter...

lundi 20 janvier 2020

Carnets de Campagne France Inter.


Pour réécouter l'interview dans Carnets de Campagne, émission qui met en valeur les initiatives des campagnes, les personnes qui changent les choses, les entreprises solidaires qui font du lien dans les territoires ruraux.


https://www.franceinter.fr/emissions/carnets-de-campagne/carnets-de-campagne-17-janvier-2020

Un retranscription augmentée (en gris et en italique) de ce que j'aurai voulu dire mais qui, dans la spontanéité et sachant que j'avais 7 minutes d'antenne, est passé sous silence, parce que l’essentiel pour moi était aussi de mettre en avant l'atelier et le village.
Sont aussi en gris et en italique, entre parenthèses, les moments de sourire qui apparaissent dans l'interview et qu'il me semblait important de remettre en évidence, parce que c’est ce qui fait aussi la qualité de cette émission, l'humour des intervenants et des journalistes.
Enfin, en évidence, les questions auxquelles j'ai eu plaisir à répondre.


                                                               *

(Politesse.)

Philippe Bertrand: Vous détaillez votre parcours et votre choix de travailler dans votre atelier de reliure, vous êtes relieuse d'Art, à Trôo comme troglodyte?

S: oui voilà c’est ça, c’est l'origine du nom, on vit dans des caves presque ... (sourire)

PB: Cela ne vous fait pas peur de rester enfermée? (sourire)

S: Non, :) non non pas trop, ce sont des métiers solitaires et puis, voilà , des métiers où on a besoin de calme, on a besoin d'un environnement et j'ai trouvé à Trôo, en fait, tout ce qu'il fallait.

PB: Parfois trop de calme peut nuire à l'équilibre dans la vie, on se sent reclus, peut être on s'enferme, on s'enlise et puis se retrouver à Trôo, sans vilain jeu de mots, un trou, difficile de trouver des clients .. (rires)

S: Oui voilà, Trôo .. ou c’est la ville en trop ou  le trou (légendaire jeu de mots local), mais, (rires), non avec internet, on n'a plus du tout les mêmes problématiques. déjà Trôo est bien située, à une heure de Blois, à peine une heure de Tours, une heure du Mans, deux heures de Paris, c'est bien desservi, même si en ce moment, il y a des tas de soucis (grève dans les transports de 2020, gilets jaunes, syndicats, fermeture d'Arjowiggins avec plus de 1000 emplois impactant le bassin de vie)
ce n’est pas toujours le cas, c’est très touristique et donc les gens me découvrent au détour d'une promenade, et puis par le bouche-à-oreilles aussi beaucoup ... ça fait plus de 20 ans que je suis dans ce métier là,

PB: Après des études en Arts Plastiques, une formation de graphiste publicitaire, mais c’est pas encore tout à fait la reliure, donc ensuite vous avez poursuivi votre formation ou repris votre formation pour devenir relieuse vers l'age de 30 ans?

S: Oui, voilà, c’est ça, ce sont des métiers de maturité je pense, on peut commencer jeune, l’accueil dans l'atelier des stagiaires, des gens qui passent le brevet des métiers d'art, le CAP, ça dépend de la demande parce qu'il faut venir à Trôo et il faut pouvoir y rester. Et là, ça devient compliqué quand on est jeunes, étudiants, on est pas forcément mobiles, on n'a pas forcément beaucoup de moyens, donc on se débrouille et j'ai formé 4 personnes ou accompagné vers une formation beaucoup plus professionnalisante .. c’est peu et à la fois c’est bien ...

Tandis que Philippe Bertrand dit : C’est pas mal

(Très contente, la relieuse dans son atelier, assez intimidée quand même d'avoir au téléphone un grand journaliste.)

PB: On peut apprendre à fabriquer son livre chez vous?

S: Alors, c'est, ce .. Moi j'appelle ça des métiers "chorale" ou des métiers "monde", C’est à dire qu'il y a tellement de possibilités, que chaque relieur développe une façon d'envisager le livre, et aujourd'hui la fabrication du livre est complètement transformée, donc on n'a rien à voir avec cette partie là du livre en tant que matérialités (modernes et industrielles), puisque maintenant on est dans le virtuel, les tablettes et les liseuses .. donc les gens qui arrivent ici, sont à la recherche d'autre chose, de quelque chose qui fait sens.
J'ai quand même des gens qui ont plus de 60 ans et qui connaissent la reliure parce qu'ils en ont fait au collège, et que cela ne les a jamais quitté. Et puis un jour à la retraite, ils se sont dit: tiens un atelier de reliure, donc on va venir retrouver nos premières amours ...

PB: Pour précision en 1996, il y avait encore 3000 relieurs en France, aujourd'hui vous êtes plus que 200.

S: Ôuî Ôo ...ça donne le vertige, un peu ..

PB: Bien oui. Totalement.

S: Pour moi ce sont vraiment des métiers à préserver. On est très peu visibles, mais comme tous les métiers d'Art avec des savoir-faire ... Donc, l'atelier est un mélange de savoir-faire ...
(entre les différents siècles et les autres artisans, y compris les libraires .. ce que j'aurais voulu dire mais qui n'entrait pas dans le format de l'émission: il y a tellement à dire qu'il me faudrait une émission à moi toute seule ..) ... Je peux travailler aussi bien sur des livres ... qui datent de 1505 pour le plus vieux ...
(et qui appartient à un libraire de livres anciens de Tours, Pierre Yves Erbland, Le Cosmographe, avec qui je travaille)... pour le plus vieux que j'ai dans l'atelier, après le 16 ème, 17, 18 ème, 19 ème et à partir de 1850, là tout est mécanisé et on va vers l'industrialisation de plus en plus.

PB: Et oui, un petit peu de colle, un bout de carton et c’est bon (sourire) c’est ça

S: (sourire) oui voilà ... et donc on restaure quand même des choses comme ça, parce que les gens y  tiennent, et racheter le même parce que ce n’est qu'un livre, ce n’est qu'un support ...
non, non ça ne se passe pas comme ça, en fait, ici,  du tout dans l'atelier. (sourire)

PB: j'ai compris et en plus de ça, Trôo va certainement, dans peu de temps devenir "Petites cités de caractère". Elle a déjà profondément ancré dans sa pierre avec de nombreux lieux à visiter, des artisans, il y a du lien pour la relieuse, ça s'impose évidemment, du lien social, du lien professionnel aussi au sein de cette commune, un petit peu extraordinaire, il faut l'avouer.
On va trouver un lien avec votre atelier de reliure de Sandrine S. Gangloff, à nos pages d'émission.

merci Sandrine.


S: Merci Philippe Bertrand.



                                                                           *


Je suis très reconnaissante à Philippe Bertrand et son équipe, Marie et sa collègue ensuite, qui m'ont interviewée, une première fois pour me présenter et faire savoir ce que j'avais à dire, puis pour cet échange qui m'a permis de dire qui je suis, où je vis, et ce que je fais, quelles sont les valeurs que je défends à travers un métier et une philosophie de vie, qui sont dans l'éthique de cette très belle émission.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos commentaires sont les bienvenus.
Adhérez au blog pour les éditer!
Les commentaires anonymes sont supprimés, je ne donne pas de prix par mail anonyme, ni ne fait de devis!
Vous trouvez mes coordonnées là:
http://www.restaurationlivreatroo.fr/

Améliorations, suggestions interrogations, je réponds !