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dimanche 20 décembre 2015

La dorure des tranches.


http://www.dauvet.com/fr/
http://www.dauvet.com/fr/

C'est une opération que je n'ai jamais fait pratiquer dans mon atelier, la dorure sur tranches.
Elle est faite par un doreur sur tranche qui n'est pas le même artisan que le doreur sur cadre ou que le doreur sur titre. Autant de nuances dans la pratique de cet Art qui deviennent de plus en plus diluées dans l'horizon des métiers autour du livre ancien.

Il existe encore bien sûr des doreurs.
Je ne pourrais pas vous dire le prix de cette opération.
En revanche, il m'a paru intéressant de regrouper quelques liens, documents trouvés autour de cet pratique.

Le premier est vers ce site magnifique de la dernière société en France de battage d'or à l'ancienne.
Il faut cliquer sur la photo capture d'écran. 










Dans un ancien numéro de Métiers d'Art en Septembre 1991, Julien Fléty, auteur d'un dictionnaire sur les relieurs français, édité en 1988 aux éditions Technorama, fait  un reportage sur cette dorure.

Il place l'origine de la dorure à la première moitié du 15ème siècle avec une généralisation au 16ème.
Elle est exécutée à froid, sans opération de chauffe comme sa parente, la dorure sur cuir.
La dorure à froid sur cuir est trompeuse: Bien qu'elle se nomme "à froid", l'outil à dorer est chauffé et laisse une empreinte qui restera sans or, d'où le terme à froid.

(La dorure à froid ou procédé « à froid naturel », s’obtient en humidifiant la peau, puis, le fer chauffé au rouge, refroidi sur une éponge humide pour ne pas brûler le cuir, est appliqué sur la peau mouillée. Par réaction à la chaleur, la peau brunit. La dorure à froid, utilisée pendant tout le Moyen Âge, est abandonnée au profit de la dorure à la feuille d’or qui apparaît en France à la toute fin du XVe siècle. Elle réapparaît au XIXe siècle avec des décors d’une subtile harmonie mêlant dorure à froid et dorure à l’or.) Source: http://irht.hypotheses.org/441



Il faut faire une distinction avec la dorure sur tranche industrielle. Celle faite sur les livres dans nos ateliers n'utilise pas de machines.
Les outils sont: Des presses en bois, dites presses allemandes (en raison vraisemblablement de leur origine allemande), des ais, des grattoirs en acier, (identiques aux raboteurs de parquets), des plateaux de mises en presse, des agates appelées aussi brunissoirs, dents carrés, des coussins à or, des couteaux à or, chiffons, papiers de verre 000 des cartes à coucher l'or, éponges, brosses, ciseaux, bol d'Arménie, blanc d'œuf.

Les opérations:

La mise en presse, la gratture, l'assiette, faite de bol d'Arménie: blanc d'œuf, terre de sienne brûlée et eau, "le tout battu et filtré" (4 blancs d'œuf par litre d'eau), la couchure de l'or, la brunissure.
M. Fléty conclut en disant que bien que d'apparence très simple, ce métier requiert des qualités de patience et une longue formation parce que les connaissances théoriques ne suffisent pas ... un peu comme dans tous nos métiers: c'est la pratique qui fait foi.

On trouvera aussi d'autres recettes dans l'incontournable Manuel Roret de la reliure:
"Le volume étant serré entre deux ais plus épais d’un
côté que de l’autre, on prépare la tranche pour re-
cevoir l’or et pour le retenir.
Pour cela, on l’encolle avec de la colle de pâte fraî-
che, qu’on laisse sécher, puis on la gratte avec un
grattoir, et on la brunit en frottant en travers avec la
dent, jusqu’à complète siccité.
On passe ensuite sur la tranche une couche de bol
d’Arménie, préalablement dissous dans de l’eau
additionnée de blanc d’œuf, puis on la brosse pour
la faire reluire. C’est alors qu’on applique une cou-
che légère de blanc d’œuf étendu de dix fois son
poids d’eau, ce qu’on appelle glairer ; le blanc d’œuf
joue ici le rôle d’assiette et retient l’or, qu’on a soin
de poser avant qu’il soit sec.
On laisse sécher imparfaitement, puis on fixe l’or
au moyen d’un pinceau lisse qu’on promène sur la
tranche, sur laquelle on frotte de nouveau avec la
dent à brunir. On laisse sécher entièrement, puis on
brunit encore une fois sur l’or même.
Pour dorer la gouttière, on commence par la ren-
dre bien plate en appuyant sur les mors des deux
côtés et en laissant tomber les cartons par derrière,
puis on met le volume en presse entre deux ais.
Pour appliquer l’or, on le coupe de la largeur du
volume à dorer avec un couteau de doreur et on le
dépose sur le coussinet ; on enlève ensuite l’or avec
un morceau de papier non lissé, ou avec une carte
dédoublée. La feuille d’or s’attache au duvet de ce
papier, ce qui permet de la transporter facilement
sur la tranche où elle se fixe ; on l’étend en souf-
flant dessus et on l’assujettit avec de l’ouate.


DORURE ET GAUFRURE. 269
On prend aussi quelquefois la feuille d’or avec le
compas à longues branches coudées, ou bien avec un
de ces pinceaux plats, qu’on nomme palettes.
La gouttière dorée, on dore de la même manière
la tête et la queue, après avoir fait descendre les
cartons au niveau de la tranche. On incline les volu-
mes dans la presse, du côté du dos ; on les serre
chacun entre deux ais qui garantissent les mors.
On laisse sécher la dorure à la presse (il faut six
heures environ), après quoi l’on brunit avec une
agate en travers du volume ; ce brunissage doit être
fait légèrement et avec précaution pour ne pas en-
lever l’or, et bien également pour ne pas faire de
nuances.
Quand le brunissoir a été promené partout, on
passe très-légèrement sur la tranche un linge très-fin
et enduit d’un peu de cire vierge, après quoi on bru-
nit de nouveau, mais un peu plus fort. On recom-
mence cette opération plusieurs fois, jusqu’à ce qu’on
n’aperçoive aucune onde faite par le brunissoir, et
que la tranche soit bien unie et bien claire.
Les ébarbures de l’or s’enlèvent avec du coton en
rame que l’on jette dans la caisse au-dessus de la-
quelle se font toutes les opérations de la dorure.
Au lieu de procéder comme ci-dessus, d’autres
préfèrent opérer de la manière suivante :
Après avoir serré le volume dans la presse, on le
glaire légèrement et on laisse sécher. On donne en-
suite une couche très-mince d’une composition obte-
nue en broyant à sec un mélange de parties égales
de bol d’Arménie, de sucre candi et d’une très-petite
quantité de blanc d’œuf. Quand cette couche est sèche


270 DORURE ET GAUFRURE.
on gratte et l’on polit, puis, avant d’appliquer l’or,
on mouille la tranche avec un peu d’eau pure, et l’on
appuie les feuilles d’or comme il a été dit. Enfin,
quand celles-ci sont sèches, on polit avec la dent
de loup.
Dans le système de Mairet, on procède comme il
suit :
« La première opération de la dorure se fait en
rognant le volume, sur la tranche duquel on passe,
au pinceau, avant de le sortir de la presse, une
bonne couche de décoction safranée. Ce liquide, qu’on
emploie tiède, se prépare en faisant bouillir dans un
verre d’eau une pincée de safran du Gâtinais ;
puis en ajoutant à la décoction retirée du feu, gros
comme une noisette d’alun de roche pulvérisé, et un
peu moins de crème de tartre. On met cette couleur
sur chaque côté du livre à mesure qu’on le rogne, et
avant de desserrer la presse, afin que la couleur ne
pénètre pas trop profondément, ce qui pourrait
tacher les marges.
« Quand la tranche est bien sèche, on la serre
entre deux ais étroits, dans la presse à endosser, en
faisant pencher la gouttière un peu du côté de la
queue, et les bouts du côté du dos. Cette précaution
est nécessaire pour que la couleur s’écoule de ma-
nière à ne rien gâter. Alors on gratte la tranche
pour la dresser et l’unir parfaitement, tout en ayant,
soin de ne pas la toucher avec les doigts, dans la
crainte de la graisser et d’empêcher l’or de tenir.
« On s’occupe ensuite d’une autre opération. On pile
dans un vase plusieurs oignons blancs, et l’on en
exprime le jus dans une grosse toile. Alors, sur la
tranche grattée et brunie à l’agate, on donne succes-
sivement trois ou quatre couches de jus d’oignon ;


DORURE ET GAUFRURE. 271
on frotte aussitôt fortement, et jusqu’à siccité, avec
une poignée de rognures bien douces, ne cessant que
lorsque la tranche fait glace partout et présente un
beau brillant.
« C’est alors qu’elle est prête à recevoir le blanc
d’œuf appelé mixtion pour attacher l’or, et obtenu
en battant un blanc d’œuf dans deux fois son volume
d’eau à laquelle on a ajouté huit gouttes d’alcool. Ce
mélange doit être battu avec une fourchette de bois
jusqu’à consistance d’œufs à la neige, puis reposé et
passé à travers un linge très-fin. La liqueur qu’il a
produite peut se garder quelques jours, à condition
d’être passée à travers un linge chaque fois qu’on
veut s’en servir.
« Cette mixtion doit être posée une première fois
sur la tranche avec un blaireau plat de poils de rat
ou de cheveux. Cette première couche sèche, on
frotte légèrement avec des rognures douces, puis on
souffle afin qu’il ne reste rien de sali. On donne en-
suite une seconde couche, de manière à ce que la
mixtion fasse glace partout, puis on pose immédia-
tement l’or avec la carte. On a dû éviter, en appli-
quant la mixtion, de passer le blaireau plusieurs
fois sur la même place, car cela ferait faire des bulles
et lor ne s’attacherait pas sur ces points.
« Le brunissage à l’agate a lieu ensuite après
siccité complète. On connaît que la tranche est
assez sèche quand lor a pris une teinte uniforme,
et brille partout également. On y passe alors à nu,
sur toute la surface, le gras de l’avant-bras pour
amortir l’or, et faire mieux glisser le brunissoir.
On passe l’agate, puis on termine comme précédem-
ment. »

Et ainsi de suite.

Source: https://fr.wikisource.org/wiki/Manuel-Roret_du_relieur_-_PII-chap4%C3%A06#.C2.A7.1._--_DORURE_SUR_TRANCHE.












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